Archive for septembre, 2007

Comment gagner une réputation d’enfer grâce à sa fille

Elle me fait le coup tout le temps. Avec des individus de toutes tailles et de tous poids. Une ressemblance infime suffit. Couleur du costume. Ou une chevelure légèrement dégarnie. Et elle croit le reconnaître.

Elle (enthousiaste) : « Papa ! C’est Papa! ».

Moi (raisonnable, mais un peu gênée) : « Mais non, ma chérie, ce n’est pas Papa, tu vois bien. »

Elle (obstinée, avec des petits coeurs dans la voix) : « Papaa! »

Lui (un peu gêné, souriant un peu jaune, craignant peut-être un drame familial) : « Non, je confirme ».

A combien de jeunes pères ai-je fait se creuser la tête en essayant de se remémorer un quelconque accident de parcours ou erreur de jeunesse ?

Mess and jars

Les voies de Microsoft sont impénétrables.

Il faut que je vous avoue que je vous écris depuis un ordinateur qui ferait le bonheur d’un antiquaire, enfin presque. C’est un portable, mais la batterie est tellement morte que depuis longtemps déjà, la machine s’éteint dès qu’on le débranche. Le gravage de CD est un art inconnu pour lui, et plusieurs applications lancées en même temps le font parfois paniquer au point de ralentir sensiblement son affichage (compter une trentaine de secondes bien tassées par page dans ces moments de détresse). Du coup, corrélativement, mon système d’exploitation ne date pas d’hier non plus.cdc1604

Des mois que je m’étais résignée à rester sur une version antique de Emésène. Tout simplement parce que lorsque je tentais de migrer vers Laïve Mess and Jars, ça ne marchait pas. J’ai mis quelque temps à me rendre compte du hic : le logiciel n’était pas compatible avec Windows 3.1. (enfin, j’exagère un peu mais c’est pour vous donner une idée).

Et voilà que, du jour au lendemain, Emèsène refuse obstinément de me connecter si je n’installe pas séance tenante "la dernière version" du logiciel. Soupir. Mais mon pauvre coco, tu ne crois pas que j’ai essayé ?

Je finis par cliquer sur "OK" : qu’ai-je à perdre ? Je ne peux plus me connecter, donc peut-être le système va t’il essayer comme moi d’installer un Emèsène dernier cri, se rendre compte que c’est impossible, et me laisser de guerre lasse continuer avec l’antiquité ? Ou bien vais-je définitivement perdre la connexion, alors que ça marchait très bien jusqu’ici ? Autrement dit, je serais peut-être privée de Emèsène jusqu’à acquisition d’un nouvel ordi. Hop! Confisqué, la connec. C’est pas de la vente forcée, ça, mmhh ??

Mais une fois que je lui ai donné le feu vert, le système, tout content, court télécharger un bidule, me demande de signer une licence, de lui indiquer si je ne veux pas installer en même temps quelques jolis gadgets et autres barres de recherche (non!!), fait progresser en un clin d’oeil une barre d’avancement de l’installation. Et redémarre prestement Emèsène.

Tiens, surprise, j’ai donc un Emèsène plus récent??  Vérification faite : pas beaucoup plus récent. Et qui ressemble à s’y méprendre au précédent.  J’en conclus que Microsoft tenait, non pas à me refiler le dernier cri en matière de messagerie, mais simplement la dernière version compatible avec mon système d’exploitation.

Trop aimables.

Allaitement long ou pas : restez têtue !

Il suffit de se renseigner un peu sur l’allaitement pour se rendre compte qu’il y a des tas d’idées reçues très répandues, et parfois contradictoires, sur le sujet. D’ailleurs, je ne prétends pas détenir toute la vérité sur la question.

Si vous êtes une jeune accouchée et que vous avez affaire à plus d’un membre du corps médical ou paramédical (infirmière/aide-soignante/puéricultrice/ASH/sage-femme), il est très probable que vous vous trouverez face à des conseils discordants, parfois absurdes (non, le bébé ne va pas s’étouffer s’il a le nez contre votre sein en tétant. Pas besoin d’appuyer un doigt sur le sein Et inutile d’attendre que votre bébé fasse son rot s’il n’a pas avalé d’air, comme il le ferait avec un bib’. Etc.).breastfeeding

La formation d’un médecin concernant l’allaitement se limite à trois ou quatre heures au cours de ses études. Pour peu que l’équipe médicale qui vous entoure comprenne des membres de différentes générations, ou de différentes cultures, ils n’auront en plus pas appris les mêmes choses (par exemple sur la durée maximale des tétées).

Pire : même si ils sont pleins de bonne volonté pour être "pro-allaitement", ils seront capables de donner à votre bébé, à votre insu et sans votre consentement, des biberons de complément (= tentative de sabotage caractérisé…). D’être incapable de vous rassurer ou de vous donner des conseils. Si vous n’avez pas assez de lait, on vous conseillera les bibs de complément, ou bien on vous conseillera d’arrêter, au lieu de vous donner les moyens d’avoir plus de lait. Et j’en passe sûrement. Une pharmacienne à qui je demandais un médicament pour stimuler la lactation m’a un jour proposé un médicament… qui sert à la bloquer ("vous ne voulez pas plutôt arrêter?")

603px_Breastfeeding_icon_medConseil numéro un, donc : se renseigner un peu sur la question avant de passer à l’acte. Lire au moins un livre sur l’allaitement (le mien, c’était "L’allaitement", de Marie Thirion), jeter un coup d’oeil chez la Leche League. Vous récolterez peut-être là aussi certains avis divergents, mais vous aurez quelques éléments pour vous forger une opinion et déceler d’éventuelles énormités (non, un sein n’est jamais "vide").

Conseil numéro deux : une fois que vous vous avez choisi votre camp et que vous êtes sûre de votre fait, n’hésitez pas à ruser lâchement s’il le faut. J’avais décidé d’allaiter à la demande (c’est le moyen le plus efficace pour avoir une bonne lactation, puisque c’est le fait que le bébé tète qui la stimule). Or, là où j’ai accouché, les deux fois, tout membre de l’équipe médicale ne jurait que par les six tétées par jour maxi.  Si j’ai bien compris, c’est parce qu’ils se basent sur l’idée qu’un bébé met 3 ou 4 heures à digérer son repas. Alors que la digestion du lait maternel dure moins d’une heure. Résultat : un bébé allaité a faim plus vite qu’un bébé nourri au biberon.

Pour mon premier bébé :

  • je me suis fait engueuler par l’équipe,
  • j’ai fait des tentatives pour espacer les tétées en donnant de l’eau à l’enfant qui réclamait (ce qui le calmait cinq minutes)
  • j’ai un peu triché en laissant l’enfant téter longtemps, ce qui réduisait l’écart entre la fin d’une tétée et le début de la suivante.
  • bref… le pauvre gamin a beaucoup pleuré et beaucoup eu faim.

Pour la deuxième :

Les jeunes filles en fleur et les femmes en fleur fanée

Ventrebleu, je ne suis quand même pas la seule à voir ça !?

Non mais regardez les regards. Ouvrez lez yeux, bon sang ! Sentez ces gens là. Il y a des beaux, il y a des belles à tout âge. Oui, parfois derrière, et malgré des corps abîmés.

Oui, évidemment, entre 20 et 30 ans, on a une peau, et pour certains une plastique et une grâce, qu’on ne remplace plus après. C’est vrai pour les hommes et pour les femmes.Très agréables à regarder, parfois.

Mais regardez un tout petit peu plus loin que le bout de votre… heu, de votre nez, messieurs. Pourquoi vous faut-il un "beau corps" pour vous convaincre qu’une femme de plus de 30 ans peut être belle ? Pourquoi ne voyez-vous pas un tout petit peu au-delà ? Si vous préférez les vingtenaires, restez-en aux vingtenaires. Tant pis pour nous les vieilles ! Mais tant pis pour vous aussi. J’ose affirmer que vous y perdez.

Non, ce n’est pas la "beauté intérieure", je ne crois pas, pas tout à fait.

Il y a des fleurs fanées qui gardent leur parfum.

Elle a à peine la trentaine, ne ressemble en rien aux femmes des magazines, mais elle est lumineuse comme personne. Elle a 50 ans à peine et a plus d’amoureux et plus de passion dans sa vie qu’elle n’en voudrait. Elle avait 72 ans et je la trouvais belle, dans l’énergie et la bonté qu’elle dégageait. Il avait dans les 80 ans et sortait (quel tombeur!) avec une jeunette de 65. Elle avait 94 ans et je la trouvais belle, dans toute sa fragilité, sa force et sa lucidité.

Je n’ai jamais eu la beauté des vingtenaires. Et tant pis si je ne suis pas belle : j’ai bien l’intention de "rayonner" ce que je peux jusqu’à un âge avancé. Autant de perdu pour ceux qui ne le verront pas.

Qu’est-ce, hier ?

Que celle à qui cela n’est jamais arrivé me jette le premier steak surgelé : parfois, des petites courses se transforment en grandes.

C’est toujours pareil, à force de ne pas avoir envie de faire des expéditions de ravitaillement à l’hypermarché (même si ça reviendrait quand même moins cher).

"Tiens, au fait, je n’ai plus de jus d’orange. Je vais faire un crochet au supermarché. J’en ai pour une minute, voire deux. J’attrape mon carton de Sanguinello et hop, à la caisse. Enfin, peut-être aussi un petit paquet de yaourts. Allez, trois minutes maxi…. pour le reste, on fera de grosses courses une autre fois….. …Ah tiens, ils font du gaspaccio en cartons, maintenant? Tiens, je vais essayer, ça ne me chargera pas beaucoup plus. Et puis je n’ai plus beaucoup de yaourts. Et quelques fruits, ça changera un peu…Oh ! Bien sûr ! La lessive, j’allais oublier la lessive ! Je n’en ai presque plus. Et tant qu’on y est…" Et ça continue comme ça jusqu’à ce que mon panier soit plein à ras bord. L’en cas s’est transformé en crise de boulimie, le petit crochet improvisé en une randonnée.

Je débarque donc à la caisse sans grand sac à courses, ni petit chariot pliable (j’en ai un qui ne fait pas trop "mémère"). Je compte sur la généreuse provision de sacs plastiques entassés aux pieds de la caissière pour ramener mes emplettes chez moi. Tant pis, le réchauffement de la planète sera un peu ma faute.

Et je vous donne en mille ce que fait invariablement la caissière, face à un amoncellement d’achats digne d’un régiment en vadrouille, évoquant vaguement un Himalaya posé sur son tapis roulant, ou le garde-manger d’un régiment ?

Elle dit mécaniquement "bonjour".

Elle prend l’air bovin et commence à passer les premiers articles devant son lecteur. Bip. Bip.

Moi (le plus aimablement possible) : "Il va me falloir des sacs, je crois".

Elle regarde ailleurs.

Et elle pousse au bout de sa caisse…… UN sac plastique, contenance standard.

Radine !!

Il est très rapidement plein.

Moi (légèrement agacée, mais toujours aimable) : "Il va m’en falloir d’autres, s’il vous plaît".

Sans un mot, l’oeil devenu quasi végétal, la créature émet UN autre sac.

C’est en général à la troisième tentative qu’elle consent à m’en passer plusieurs à la fois. Il faut dire que d’autre clients attendent derrière moi et qu’à force d’attendre son bon vouloir, mes achats encombrent un peu le bout de sa caisse. Alors peut-être qu’elle se dit que si elle continue à m’en donner au compte-gouttes, elle va être obligée de rester après l’heure.

Vous avez remarqué ? Jamais, ou presque, une caissière ne se risquerait à vous aider à remplir vos sacs, même si elle en a le temps. Une fois enregistrées, vos courses deviennent votre propriété privée, et elle aurait l’impression d’empiéter sur votre intimité, votre vie privée, votre jardin secret. Pas touche.

Elle insistera pour que vous payiez le plus rapidement possible ("votcoddsivouplaît"). Parfois, elle patientera, l’air de pas remarquer que vous avez du mal à ouvrir ces saletés de sacs dont les bords se collent l’un contre l’autre. Parfois, elle se bornera à commencer à faire passer les articles du client suivant, et tant pis s’ils se mélangent avec les vôtres pendant que vous luttez pour fourrer vos moyens de paiement dans votre sac pour avoir les mains libres.

Oui, parfois il y a un séparateur en bois qui permet, en pivotant d’un côté ou de l’autre de la caisse, de cantonner les affaires de deux personnes différentes dans deux coins différents de la tablette. Mais JAMAIS je n’ai vu une caissière l’utiliser.

 

Je sais, je sais, ce n’est pas très amusant comme boulot, et pas bien payé, en plus. Je sais bien, je l’ai fait, un peu.

Mais un petit effort, peut-être ?… .En échange, promis, la prochaine fois, j’essaierai de penser à mon sac à courses écolo.

Le captif

Moi (engageante) : "Il a l’air bien installé, il faut lui trouver un nom. Tu veux qu’on l’appelle comment ? Lui (embêté) :Heuu… je ne sais pas si c’est un garçon ou une fille. Moi (embêtée) : Et bien vois-tu, c’est les deux. Il a à la fois un zizi et une poche à bébés. Lui (intrigué) : Et pourquoi il n’a pas de fesses? Moi (avec évidence) : Parce qu’il n’a pas de jambes. Lui (doctement) : Je déciiide que c’est unnnn… [suspense]… garçon ! Je veux qu’il s’appelle Tim !

Sale bête. Je ne lui souhaite pas une longue vie. Voilà ce que c’est que de confier ses enfants deux heures à leurs grands-parents. Ils leur offrent des animaux de compagnie. Berk.

Enfin bon, ça n’est pas tout à fait vrai. En fait, c’est Raphaël qui a trouvé Tim dans le jardin. Mamie et moi avons suggéré, avec un enthousiasme un peu suspect, que Tim soit remis en liberté sur le chemin du retour, là où ou trouverait un peu d’herbe. Oui mais voilà, Raphaël n’était manifestement pas désireux de se séparer si vite de son tas de mucus trésor.

Ca vit combien de temps, un escargot en captivité? Ca doit être un peu déprimant d’être sous cellophane (avec des petits trous pour respirer! Que les âmes sensibles se rassurent!) avec une feuille de salade pour seule compagnie.

Enfin, d’un certain côté, Tim a été sauvé. Il a un peu de temps à vivre, au lieu d’être écrasé sans l’ombre d’un scrupule par une botte en caoutchouc désireuse que les fleurs du jardin restent intègres.

Je crois avoir trouvé la faille pour ne pas garder trop longtemps ce baveux pensionnaire. J’ai demandé à Raphaël si il voulait emmener Tim chez Lex, ce qu’il a accepté avec enthousiasme.

Je suis ignoble.

Code de la Route urbain

Est-ce que c’est dans toutes les grandes villes ? On dirait que par chez nous, les automobilistes (surtout ceux qui ont des grosses voitures : BM, Mercédès, 4×4…) ont passé un code de la route aménagé, avec des questions de ce genre…:

  •  Vous approchez d’un feu lumineux qui vient de passer au rouge. Que faites-vous ?

1) je m’arrête et je repars lorsque le feu repasse au vert 2) j’accélère, on a le droit de passer si on est le deuxième ou le troisième après le passage du feu au rouge. 3) je passe, s’il n’y a presque personne ou si j’ai une plus grosse voiture.

  • Vous approchez un passage piéton où une dame enceinte est en train de passer en poussant une poussette :

1) je m’arrête, la dame a priorité à partir du moment où elle a posé un orteil sur le passage piéton 2) je m’arrête en maugréant, en freinant à la dernière minute à 50 cm du passage piéton : il faudrait pas que les piétons se croient tout permis non plus. 3) je passe quand même en m’arrangeant pour lui faire peur et la faire dégager le passage plus vite. La rue, c’est pour les voitures.

  • Vous voulez vous arrêter quelque part et vous n’avez pas de place où vous garer :

1) je vais me garer un peu plus loin, 2) je me gare sur le trottoir, devant une porte cochère ou sur une place réservée aux handicapés, 3) je m’arrête au milieu de la route en allumant mes feux de détresse.

  • Dans un croisement sans signalisation particulière, celui qui a priorité est :

1) celui qui vient de droite, 2) celui qui arrive le plus vite, 3) celui qui a la plus grosse voiture.

  • Une voiture s’arrête complètement à un stop :

1) elle a raison, c’est la loi 2) il suffit de ralentir 3) il faut klaxonner si on est derrière

  • Vous êtes pris dans un embouteillage :

1) je patiente, d’ailleurs j’ai prévu un peu d’avance sur mon temps de trajet en prévision du risque 2) je fais gronder mon moteur 3) il convient de klaxonner à tue-tête. Cela défoule et cela a la vertu magique de faire avancer les voitures.

  • Vous roulez derrière un vélo :

1) je ralentis pour vérifier que la voie est libre, je mets mon clignotant et je le double en maintenant une distance de sécurité de 1m entre moi et le cycliste 2) je klaxonne 3) je le dépasse en passant au ras de son guidon et en me faufilant entre les voitures.

  • Les limites de vitesse sont valables :

1) tout le temps, 2) uniquement en journée 3) uniquement à l’approche d’un radar (on peut réaccélérer après).

Si vous avez répondu 3) partout, vous êtes mûrs pour conduire en ville.

(Certains lecteurs reconnaîtront ce texte, mais il m’a paru d’actualité)

Votez pour moi…

Exclusif ! Voilà un scoop de choc, une info surprenante, un tournant où l’on ne m’attendait pas.

Je suis une future élue. Enfin, bon, au moins une future candidate. C’est presque sûr.

A peine arrivée chez eux, ils ont dû sentir en moi, instantanément, l’étoffe de la leadeuse, de la lobbieuse potentielle, de la créature au charisme puissant qui allait enfin pouvoir les représenter correctement. Toujours est-il que moins d’une heure après être arrivée parmi eux, ils m’ont quasiment suppliée d’être candidate pour les représenter aux prochaines élections. Enfin, heu, à peu près, quoi. Une demi-heure plus tard, une autre personne, certainement subjuguée par mon magnétisme personnel, me demandait si c’était bien moi la tête de liste.

Tout a commencé innocemment.

Je me suis juste invitée à leur Assemblée Générale, un peu parce que j’ai vu de la lumière (enfin… une affichette), un peu (mais alors très peu) par désoeuvrement, et surtout pour connaître un peu mieux comment que ça se passe, la vie de ma collectivité, et pis pour voir du monde. En plus, ça me faisait une sortie. Quand je vous dis que je mène une vie de dingue.

L’accueil a été immédiat et excellent. On m’a parlé de la cause, de la tâche à effectuer, des intérêts supérieurs qui nous guidaient, du manque tragique de vocations. Du fardeau si léger que représente, en définitive, l’aide que l’on me demande. Comment résister à l’appel du devoir?

Voilà ce que c’est, les syndicats de parents d’élève, quand ils repèrent une comme moi. Les parents de maternelle, paraît-ils, ne sont pas sensibilisés au fait que la petite section, c’est déjà le début de la scolarité, c’est déjà important, il faut déjà se mobiliser. Donc, quand ils en repèrent une, ils ne la laissent pas filer comme ça. J’ai donc de bonnes chances d’être candidate aux prochaines élections pour le Conseil d’Ecole.

Est-ce que ça veut dire que je vais me mettre à représenter aussi ceux qui veulent que leur enfant saute trois classes à deux ans et demi, qui paniquent si ils ne voient pas toutes les semaines progresser le "cahier d’acquisition des compétences" (une vaste blague destinée à rassurer les parents, à ce qu’il paraît), qui voudraient que leur enfant apprenne dès la moyenne section l’anglais, l’allemand et le chinois ? Peut-être. Pas trop, j’espère. Si j’en juge par ce que j’ai pu entendre, les actions menées restent raisonnables, basiques. Dans l’intérêt des petits. J’adhère.

Peut-être même que je vais finir par apprendre quelques trucs par ci-par là. L’ouvrir, par exemple. Il serait temps.

Parisienne d’un jour

"La différence entre toi et moi, c’est que je suis devant toi". (inscription vue à l’arrière d’un T-shirt).

Comment parler de l’ambiance de "La Parisienne" ?

parcours_600C’est une course, donc. Pas longue : 6,5 km. Féminine. Mais ouverte à toutes. Aux solitaires, aux équipes d’entreprise (dont le T-shirt donnait parfois l’impression qu’elles étaient là essentiellement pour porter le logo de leur entreprise. Moyennement fun mais bon…), aux mères, aux grand-mères, aux très rapides, aux pas pressées, aux marcheuses. Aux copines en équipes, arborant des T shirt imprimés spécialement pour elles ("les copines de Cergy" "Le centre éducatif de X", et mon préféré, "Les Méchaaaaantes"), des oreilles de chat ou encore des tutus blanc. Une course un peu girly, donc, pour les jeunes et les vieilles.

Oui, c’est une compétition, mais agrémentée d’un côté amateur et aussi, surtout, mâtinée d’un immense côté publicitaire. Cela a ses inconvénients, certes, mais ses avantages aussi (un côté festif indéniable, plein de sponsors sympas qui ont payé une fortune pour veiller au confort des athlètes à leur arrivée, de la musique partout, des animations….).

Justement, très commercial, très populaire. 13000 participantes. Ce n’est pas une course, c’est une foule en mouvement. Et l’organisation de la course n’est pas des plus efficaces, loin de là. C’est même un scandale au vu du tarif d’inscription.

La ligne de départ n’est qu’une immense file d’attente. Des milliers de femmes entassées, piétinant quasiment, tandis que les premières ont déjà commencé leur course -voire l’achèvent pour les plus rapides?-. Les dernières prennent le départ dix, sinon quinze minutes après les premières. Heureusement, le temps mis par chaque participante n’est décompté qu’à partir du moment où elle franchit la ligne de départ, grâce à une puce que l’on s’accroche au pied.

Un départ laborieux, la frustration de ne pas pouvoir courir à son rythme avant le cinquième ou sixième kilomètre. Les zigzags pour essayer de se faufiler entre des beaucoup plus lentes. La piste souvent trop étroite. Les copines qui courent de front -pourquoi pas en se tenant la main!-. Bref, on étouffe plus que l’on ne court. Avec tous ces méandres et crochets que j’ai pris pour me frayer un chemin, je pense que j’ai dû faire un total de 9 ou 10 km… Cette impression de faire la queue en permanence s’accentue à l’arrivée. D’abord, une fois votre parcours effectué, vous vous trouvez coincées entre deux hautes barrières métalliques, guidées vers une sorte d’entonnoir où l’on va vous faire patienter, successivement, pour vous ôter votre puce, pour vous offrir de l’eau, une couronne de fleurs synthétiques, une médaille (qui vous donne l’impression de faire partie du casting du Schtroumpfissime), une banane, de l’eau, des tracts publicitaires, une rose, une barre de céréales… en attendant, vous piétinez, encore plus qu’au départ. Vous êtes au ralenti, voire immobilisées, alors que vous venez de fournir un certain effort. Très mauvais pour l’organisme, ça. Oui, certaines ont fait des malaises dans cette étable organisée.

En fait, le moyen le plus sûr de se sortir de là avant tout le monde était peut-être non pas de jouer des coudes, comme beaucoup l’ont fait, mais de simuler un malaise. Et encore, à condition que les secours aient eu la place d’intervenir rapidement, ce qui est loin d’être certain…

Et pourtant, je suis contente.

Quel public, tout d’abord ! Merci à tous ceux qui ont la patience d’encourager cet énorme peloton, de répéter au fur et à mesure du déroulement de ce ruban humain anonyme (sauf pour les "vas-y Unetelle, vas-y Maman"), de ce flot interminable d’inconnues, des mots comme "bravo, les filles, continuez, bravo,  ouaiiis, c’est bien,  il ne reste plus que 1 km, que 500m, la ligne d’arrivée est juste derrière le tournant, là...". Ca paraît idiot, mais c’est réellement encourageant.

Et puis, je crois bien que j’ai réussi à tenir l’objectif de vitesse que je m’étais fixé. En apercevant de loin le panneau d’arrivée et le chronomètre géant qui le surplombe, j’ai compris que ce serait à quelques secondes près : plus que 25 secondes, et je suis encore loin. Plus que vingt secondes, mais je me rapproche. Je force mes jambes à continuer. Dix…. j’y suis presque. Cinq, quatre, trois,… ça y est, j’y suis, c’est gagné. Oui, c’est un peu le fruit du hasard, oui, elles sont des centaines et des centaines à avoir fait mieux, mais qu’importe. Au total ? Oui, c’était sympa. Mais je crois que la prochaine fois, j’essaierai autre chose.

"M’en fous, dimanche prochain, je dors!" (inscription vue au dos d’un autre T shirt, de la même équipe que le précédent, m’a t’il semblé).

Compète

A l’heure où vous lirez ces lignes, je serai peut-être en train de prendre mon envol avec plus de 13 000 autres femmes. Enfin, il faudrait que vous soyez quand même drôlement assidus parce que la Parisienne, ce n’est pas très long comme course, donc au moment où vous lirez la fin de cette phrase, il se peut que j’en aie déjà terminé avec les 6 petits kilomètres (et des brouettes). Tenez, pour vous donner un exemple, je courrai aux côtés de Letesle (enfin, j’essaierai de courir pas trop loin derrière elle, parce qu’à la course, celle-là, c’est sûrement une tueuse), et pour elle, tout devrait être terminé depuis belle lurette dès 10h45. Moi, on verra. Donc, si vous arrivez sur cette page après, disons, 11h, vous arrivez complètement après la bataille et il est beaucoup trop tard pour venir m’encourager pour la toute première compétition sportive de ma vie. Pour les plus rapides, un indice : je porte un dossard au numéro pair. Je compte sur vous.