Archive for septembre 14th, 2007

Allaitement au long cours, le pourquoi (niveau 3 : le « pourquoi pas »)

Lorsqu’on est sur le point de terminer son deuxième allaitement long, on a déjà eu à causer à d’innombrables personnes pleines de bonnes intentions et décidées à vous expliquer plus ou moins diplomatiquement que vous avez tort et que vous devriez arrêter.

Le fait est que si à peu près tout le monde est prêt à reconnaître les bienfaits du lait maternel pour un tout petit bébé (l’OMS conseille un allaitement maternel exclusif pendant 6 mois!) et pour sa mère, l’enfant, lorsqu’il devient plus grand, a sans doute un besoin moins marqué de continuer à être allaité.

Evidemment, un allaitement long, c’est très rare en France. Les gens n’ont pas l’habitude de voir une personne de plus de six mois qui tète encore, alors ça leur fait un drôle d’effet. Un peu comme de voir un adolescent dans un couffin.

Comme ils n’ont pas l’habitude, ça va leur paraître, comme ça, à vue de nez, choquant et donc mauvais.

Les gens qui n’ont pas l’habitude vont s’imaginer des tas de choses complètement fausses pour essayer de justifier cette impression, comme quoi c’est choquant et mauvais. CQFD.

Par exemple, ils vont décréter :

  • que votre bébé va avoir plus de mal à s’arrêter (alors que c’est le contraire : mettez vous à la place de l’enfant :  il est beaucoup plus facile de cesser quelque chose dont on n’a plus vraiment besoin),
  • que votre bébé sera plus accroché à vous, plus dépendant, n’apprendra jamais l’autonomie : là aussi, je pense qu’au contraire, cela peut favoriser l’installation de cette "sécurité de base" qui fait que l’enfant va pouvoir évoluer plus facilement par lui-même par la suite. Archifaux à mon avis, donc.
  • que cela vous fatigue,
  • que cela vous empêche de donner autre chose à manger à votre bébé, que vous retardez d’autant la diversification (vous en connaissez beaucoup, des mères qui donnent du lait de suite à leur enfant sans rien leur donner d’autre?? Et bien pour le lait maternel, c’est pareil.).
  • que cela vous empêche de reprendre votre rôle de femme/épouse et d’avoir une sexualité de femme (No comment. Mon expérience personnelle est que ça n’a rien à voir).

Les mêmes personnes ne seraient pas choquées de voir un enfant du même âge qui boit du lait au biberon ou à qui l’un de ses parents fait un câlin. Parce que c’est plus courant.

Au final, au delà d’environ un an d’allaitement, parfois moins, vous entrez directement sous le feu de proches (gynéco, famille, collègues, amies) qui raisonnent à coups de préjugés et d’idées toutes faites et vous conseillent d’arrêter, avec évidemment les meilleures intentions du monde, mais sans tenir compte du fait que vous aussi, vous avez sérieusement réfléchi à la question et tiré vos propres conclusions.

Evidemment, vous n’arriverez jamais à les convaincre. Tant pis. Tout ce que vous pouvez essayer de faire, c’est vous faire discrète pour ne pas les choquer.

Ce n’est pas une quelconque obligation morale qui m’a fait continuer l’allaitement aussi longtemps. Ni même le fait évident que mes enfants appréciaient les tétées et les réclamaient eux-mêmes.

Simplement la circonstance toute bête, toute simple, que cela ne nuit à personne et que cela a bien plus d’avantages que d’inconvénients. Lorsque j’ai commencé à allaiter, j’espèrais arriver au bout des six mois d’allaitement exclusif recommandé par l’OMS, et je rêvais de continuer à allaiter jusqu’à ce que l’enfant arrête de lui-même OU que je me lasse. Oui, car d’après ce que j’ai entendu, un enfant allaité et non sevré s’arrête de lui-même, entre 3 et 5 ans environ. Bref, on est plutôt dans le domaine de quelque chose d’agréable et non plus indispensable. Dans le domaine du "pourquoi pas?" plutôt que dans le "parce que".

Le point du "pourquoi" étant à peu près éclairci, reste à donner une idée du "comment" (à suivre, une prochaine fois, s’il me reste quelques lecteurs).