Archive for août, 2008

La fin de l’allaitement long et le délai entre deux tétées

En juillet, je suis partie en vacances pour une grosse semaine, sans les enfants. J’ai oublié mon tire-lait.

D’habitude, quand je pars pour plus de deux jours, je l’emmène. Le but est de tirer un peu de lait, de temps en temps, pour maintenir la lactation. J’ai découvert que la lactation se poursuivait quand je ne tirais rien pendant deux ou trois jours, donc j’en profite pour espacer les séances. C’est vrai, c’est désagréable et contraignant, ce bidule.

Mais oublier le bidule ne pouvait signifier qu’une seule chose : j’étais, inconsciemment, d’accord pour ne plus stimuler ma lactation.

Ça a été une réelle tristesse. Je suis certaine qu’en arrêtant maintenant l’allaitement long, Laura n’en souffrira pas, mais pour moi cette idée que plus jamais je ne la réveillerai en douceur, plus jamais je ne l’apaiserai de cette manière, était un deuil à faire.

Pourtant, au bout de cinq jours, j’ai eu la curiosité de refaire l’essai. J’avais encore du lait.

On me l’a rappelé depuis : plus longtemps on poursuit l’allaitement long, plus on peut le poursuivre ou le reprendre selon les nécessités. Il y a des sociétés où les grand-mères offrent un allaitement « de compassion ». (Non ! Je ne compte pas allaiter mes futurs petits-enfants!).

Je pouvais donc continuer, en fait.

Avec une contrainte en moins, puisque je sais maintenant qu’il suffit de très peu de tétées pour ne pas complètement perdre une lactation « en veilleuse ».

Laura, en me revoyant à la fin de ladite semaine, a très rapidement demandé le sein.

Courtisée

Quelle sensation merveilleuse, se sentir à nouveau objet de désir et de convoitise. Etre submergée par leurs coups de fil. Se préparer pour un rendez-vous, frétillante, impatiente : vont-ils me plaire ? Vais-je leur plaire?…

Ma demande de DIF pour bilan de compétences ayant été refusée, j’ai décidé de "surveiller un peu le marché", comme me l’a formulé mon interlocutrice (je vous parle d’elle dans un instant). Pour, éventuellement, quitter l’entreprise où je travaille, celle où j’ai des remarques agréables de mon chef mais où j’ai parfois l’impression de me sentir un peu à l’étroit dans mes fonctions (oui, dans mon salaire aussi, c’est vrai).

Profitant d’une après-midi où il n’y avait personne pour chatter avec moi, j’ai remis à jour mon CV sur Streumon.fr. Finalement, il y a au moins un avantage à n’avoir pas bougé depuis plusieurs années : il n’y avait qu’un chiffre à changer par ci par là (mon ancienneté). (Oui, je sais, quelque part, c’est un constat déprimant).

Environ trois heures après la manipulation (Oui Monsieur. Oui Madame. Trois heures), le téléphone sonne.

Lherbe & Pluverte a un poste à me proposer. Pourrait-on se rencontrer pour un entretien ?

Mais certes. Justement, j’ai un créneau demain. Rendez-vous est pris.

Je me présente le jour J (donc 24 heures après mon retour sur Streumon.fr), dans un état d’esprit intermédiaire entre 1) la reprise de réflexe : c’est un entretien d’embauche, des années que je n’ai plus fait ça, mais il faut se stresser un peu. S’agit de se vendre. 2) Une touche de dédramatisation : Je n’ai rien à perdre, j’ai déjà un travail où je peux rester un peu plus longtemps. Il n’y a donc pas d’enjeu, je ne peux être que gagnante. On se calme, donc. 3) Oui mais quand même, ça peut être intéressant. On se stimule. 4) Hein, quoi ? Il s’agit de quitter Chef Bien Aimé ? Mince alors, j’ai vraiment besoin de ça ? Autant en finir vite.

L’accueil est royal chez Lherbe & Pluverte.L’ambiance est feutrée et design à la fois. Un jeune homme (un stagiaire?) m’escorte jusqu’à la Salle de Réunion, me propose un café, et me souhaite courtoisement "une bonne réunion" (sic)

La Salle de Réunion est pleine de Matériel de Réunion sophistiqué. Deux immenses écrans plats. Un clavier vertical (pourquoi vertical?!). Des trucs qui ressemblent à des téléphones, mais qui ne doivent pas en être. Des bloc-notes aux armes de Lherbe & Pluverte. Des stylos aux armes de Lherbe & Pluverte. Et, top du top, nec plus ultra du nec plus ultra : des bonbons aux armes de Lherbe & Pluverte. des bonbons! Pourquoi pas des mouchoirs en papier publicitaires ?

Dame. On soigne sa communication, ici.

Sarah arrive avec à peine 10 minutes de retard et présente de brèves excuses. (Message personnel à ma gynéco, si elle me lit : T’as vu ça ? La classe, hein? Pas comme certains qui n’ont aucun scrupule à faire poireauter systématiquement leurs patientes pendant une heure. Prends-en de la graine, vieille sorcière malpolie. Fin du message personnel).

On discute, donc. C’est le principe. …… Mais c’est qu’il a l’air pas mal, ce job. …….. Intéressant et tout. ……. Purée, qu’il a l’air bien ce job. …….verte Ils ont une mutuelle. Et des tickets restos. Et une cafète. ……. Ne t’emballe pas, ma fille. Il peut y avoir loin de la coupe aux lèvres, et de la publicité à la réalité. …….. Même ma future chef a l’air bien. …… Une salle de sport?! Ils ont une salle de sport !!!!!! Il me faut ce job! ……

La suite la semaine prochaine. La suite des évènements, pardon, du process, c’est que je rencontre ma future chef ("froide au premier abord, mais c’est parce qu’elle est exigeante et rigoureuse". Ça me plaît.). On verra bien.

En attendant, j’ai rallumé mon portable au sortir de l’entretien. Surprise ! Renaud, du cabinet Onveuvoue-Desbauchers, m’a laissé un message : il voudrait me rencontrer pour "faire le point sur ma carrière". Petit coquinou, va.

Objet de tous les désirs, je vous dis.

NDE

Inanimé, l’oeil fixe, ils flottaient silencieusement sur l’eau trouble. Une puanteur nauséabonde, une odeur de pourriture et de décomposition. J’ai cru voir deux cadavres.

J’avais tout juste posé mon sac à l’entrée avant de vérifier l’état de santé de mes poissons rouges. Je savais que l’eau ne serait pas tout à fait pure, vous pensez, après une semaine. La voisine est venue tous les jours mais m’avait prévenue : elle n’aime pas toucher aux poissons pour nettoyer le bocal. Elle m’avait laissé un petit mot très gentil pour me dire qu’elle avait changé une partie de l’eau, mais pensait qu’il faudrait nettoyer l’aquarium entièrement. Si c’est pas un euphémisme, ça… Un seul poisson avait encore l’air de nager normalement, les deux autres flottaient comme des cadavres de noyés.

Puis j’ai vu qu’ils bougeaient. Faiblement, mais ils bougeaient. Leur bouche se dilatait et se rétractait, comme en une ultime respiration, une agonie dont je me suis demandé depuis combien de temps elle durait.

Rongée par la culpabilité, je les ai mis dans la baignoire remplie d’eau. Le plus gros des poissons n’a pas réagi, mais le plus petit s’est ranimé et s’est mis à nager.

Je l’ai cru perdu.

Il réagissait un peu quand je le touchais, mais le sinistre flottement reprenait aussitôt.

Il lui a fallu encore un bon quart d’heure pour se remettre à bouger normalement, une fois l’eau remplie.

Impressionnant. Heu, quelles séquelles, docteur ?

Heureusement que je n’ai pas fait de carrière médicale ou vétérinaire. Je ne m’en tirerais peut-être pas aussi bien à chaque fois.

Portes ouvertes (ou fermées)

J’étais donc décidée à confier mes poissons pour les vacances, ou à charger quelqu’un de venir les nourrir.

La première voisine, une dame presque âgée et très gentille, n’était pas chez elle.

En face, un couple âgé. Je sonne.

Lui (derrière la porte) : "Y’a quelqu’un qui a sonné"

Remue-ménage à l’intérieur.

Lui (vers la porte) : "C’est qui ?"

Moi (d’une voix claire) : "C’est votre voisine!"

Un temps.

Lui (derrière la porte) : "J’entends rien!!"

Moi (devant la porte) : "’C’est votre voisine du troisième !!"

Remue ménage à l’intérieur.

Lui (derrière la porte, à sa femme) : "Y’a quelqu’un à la porte, mais j’entends rien à c’qui dit"

Un temps.

Je sonne à nouveau.

Lui (derrière la porte) : "C’est qui?"

Moi (devant la porte) : ‘VOTRE VOISINE !!"

Lui  (derrière la porte, résigné et bougon) : "J’entends rien!"

Un temps.

Rien ne se passe.

Personne n’ouvre.

J’ai décidé d’abandonner. C’est officiel, je fais peur aux petits vieux.

La voisine du rez-de-chaussée :

  • m’a ouvert immédiatement,
  • était jeune et souriante,
  • a regretté de ne pas pouvoir prendre les poissons, parce qu’elle a un chat prédateur de poissons rouges,
  • (du coup, on a parlé chats quelques minutes),
  • mais a suggéré de venir les nourrir.
  • a évoqué l’idée de petites boulettes de nourriture pour poissons spéciale, qu’il était un peu tard pour acheter mais qui pouvaient être consommées sur plusieurs jours sans dommage,
  • bref, était adorable.

Une même cage d’escalier, deux mondes différents.

Je lui ai confié mes clés…

La mission

J’ai fait quelque chose qui ne me ressemble pas. C’est amusant, cette expression : constater qu’il y a des choses qu’on a tendance à faire ou à ne pas faire, et décider (ou non) de passer outre, parce que les choses qui nous ressemblent ne sont pas forcément les meilleures.

Donc.

Je ne sais pas quel traumatisme d’enfance fait que je n’aime pas que des inconnus entrent chez moi en mon absence, mais c’est comme ça. Oui, même une simple femme de ménage.

Évidemment, c’est ridicule. Des tas de gens ont des femmes de ménage et s’en portent très bien. Il y a même des gens qui échangent leurs maisons pendant les vacances, et personne ne pique les affaires de personne, et personne ne fouille dans les affaires personnelles de personne. Des tas d’inconnus sont dignes de confiance. Oui, mais allez expliquer ça à la Cinn irrationnelle qui croit Raphaël quand il lui raconte une histoire saugrenue sur la baby-sitter.

Avant de repartir en vacances voir mes enfants (cet été, mes enfants sont chez mes parents), j’ai confié ma clé à une voisine que je connais à peine.

Pour le commun des mortels : un acte plus qu’anodin.

Pour moi : un grand saut dans l’inconnu.

Après avoir cogité longtemps, m’être dit que sans ça, mes poissons mourraient peut-être de faim, m’être dit que ce n’était sûrement pas si terrible, m’être dit qu’après tout il était temps que je fasse l’essai, que cela me ferait du bien, que c’était l’occasion de créer des liens entre voisins, qu’il ne se passerait rien de fâcheux, oui, bon, que les chances que quelque chose de fâcheux se passe était minimes, que mes poissons pourraient bien survivre une semaine sans manger (….et je vous passe le reste des cogitations), je me suis donc mise en quête d’un(e) voisin(e) complaisant(e) qui pourrait prendre mes poissons.

A suivre…