Archive for février, 2008

Védéhem, ou le malheur des uns…

malchanceVous vous êtes rendu ridicule devant celle que vous aimez en secret depuis six mois ?  Votre copine de 19 ans vous trouve immature alors que vous avez 30 ans ? Votre patron vous signale en passant : "Vous savez, nos concurrents embauchent en ce moment" ? Vous avez envoyé par erreur un sms obscène à votre patron ? Vous venez de vous faire voler l’unique exemplaire de votre thèse, à présenter dans une heure ? Toute votre entreprise a été conviée à une réunion de travail, sauf vous? Vous avez 45 ans et votre mère vous a offert des pantoufles Teletubbies ?

Bref, aujourd’hui, vous jugez que vous avez une vie de m… ? Tout n’est pas perdu, vous pouvez encore avoir votre quart d’heure de célébrité grâce à VDM.

Vous pourrez aussi constater que vous n’êtes pas seul dans le malheur et dans le ridicule : d’autres racontent leur VDM, parfois à se tordre de rire, parfois banale ou vraiment pas fine, parfois trop belle pour être vraie. Vous pourrez même voter pour désigner les meilleures VDM (il y a une page du site qui vous permet d’avoir le classement des plus populaires). Attention, si vous tentez de voter deux fois, vous vous ferez traiter de "pourriture communiste" (!)

Ca a un côté addictif : une "VDM" ne prend que quelques secondes à lire, et après quelques fous rires, il devient difficile de s’arrêter.

Pour soumettre une "VDM", il vous suffit d’écrire une phrase qui commence par "Aujourd’hui..." et qui se termine par "VDM."

Celui que j’aurais pu écrire :

"Aujourd’hui, j’ai passé ma soirée à lire des VDM alors que j’avais prévu de faire le ménage. VDM".

Mon préféré est celui d’une dénommée Licorne : "Aujourd’hui, je suis tellement blasée du net que j’en arrive à chercher ‘Google’ dans Google. VDM."

Et vous, ce serait quoi la vôtre?

Des soucis et des sushis

La journée a été longue et pas facile au travail. Maintenant, il fait presque nuit, et j’ai hâte d’être enfin chez moi, d’autant qu’en ce moment mes enfants sont au bord de la mer et que j’ai envie de me reposer (étrange, hein, ce phénomène de décompression. J’ai moins à faire, je peux dormir, et pourtant je me sens épuisée !).

CehefPassage à la boutique SNCF pour achat d’un billet de train. Le guichetier me demande si j’ai une carte de fidélité : "Avez-vous moins de 26 ans?". Oh le vil flatteur. Un peu gros, mais gentil quand même : je le remercie en me marrant. Jovial comme tout, il me vend les billets dont j’ai besoin et réussit même à me convaincre d’investir dans une carte Eskapad pour avoir des billets moins chers. A cause de moi, il ferme son agence un peu trop tard, mais sans montrer le moindre signe d’impatience.chouchou

En sortant de là, je décide d’investir dans mon péché mignon préféré. Les sushis. Lex, quand il avait quelque chose à se faire pardonner, ne m’offrait pas de fleurs, mais me rapportait des sushis et sashimis.

Je connais ce restaurant japonais, pour y être allée deux ou trois fois, mais à ma surprise, le gérant me reconnaît immédiatement et vient me serrer la main. C’est un type éternellement souriant et chaleureux, qui semble en plus avoir une excellente mémoire puisqu’il se souvient de moi. "Avec des personnes agréables comme vous…" dit-il.

Et de deux gentillesses en Sashimisune seule soirée. Chic ! Même l’ambiance du restaurant, en attendant mon menu à emporter, est apaisante. Sur le haut des murs court un éclairage rose orangé qui donne l’impression d’une tranche de coucher de soleil, et qui rompt l’assemblage de couleurs sobres qui caractérise les restos japonais. De petits bruits de baguettes qui picorent leur repas, des poissons qui se promènent dans leur bocal, un nouveau sourire de mon hôte quand il m’apporte l’addition… je reprends du poil de la bête. Il en faut peu, au fond.

J’adôôre les sushis.

La carte Mère

Je suis une sous-douée de l’alterperception. Cela joue des tours parfois.

L’autre soir, j’ai retrouvé par hasard ma mère et ma cousine au cinéma.  J’étais en train de voguer vers ma place, tout en me demandant vaguement si elles ne pouvaient pas avoir eu envie de voir le même film, et sans m’apercevoir que j’étais sur le point de m’asseoir juste devant elles…!

L’ennui, c’était que j’étais accompagnée d’un charmant garçon qu’elles ne connaissaient pas. Pour être plus précise, dans ma liste des choses à faire en priorité, la présentation officielle aux parents se trouvait à peu près entre les numéros 107 581 : "M’inscrire à un stage intensif de saut à l’élastique et de gastronomie esquimau" et 107 583 : "Apprendre trois nouvelles langues : l’Ainu, le Bikya, et l’Eyak"(*)

Gri-llée !….

Parce que le garçon est charmant, il a salué ma mère est ma cousine.

Parce que 107 582, ça fait quand même beaucoup, il s’est aussitôt assis à sa place.

Pour la même raison, je n’ai présenté personne à personne, ce qui est extrêmement impoli.

Parce que le contraire aurait été encore plus impoli, nous n’avons pas changé de place.

Parce que ma mère n’est pas bête, elle a quasiment tout deviné de la situation, l’a trouvée fort divertissante, et est partie sans demander son reste à la fin du film.

Parce que je lui devais tout de même quelques remerciements, excuses et explications, je lui ai téléphoné deux jours après.

Ce qui est amcourrierducoeurusant, c’est qu’elle s’est mise à me donner des conseils.

Que c’était une très bonne chose, à ce stade de ma vie, que je puisse avoir des amourettes qui ne durent pas. Que je devais faire attention à qui je fréquentais. A qui j’emmenais chez moi. Que je devais éviter de faire venir quelqu’un quand mes enfants étaient là. Ce genre de choses.

Je ne connais pas la vie sentimentale de ma mère, hormis le fait qu’elle s’est mariée avec mon père et qu’elle n’en a jamais divorcé. Il y a certainement des pans entiers de sa vie personnelle que je ne connais pas, et que je n’ai d’ailleurs nul besoin de connaître. C’est sûrement un peu prétentieux, mais j’ai tout de même l’impression d’avoir plus d’expérience qu’elle de ce côté là. J’ai vécu avec plusieurs hommes, j’ai aussi sûrement fait plus d’erreurs qu’elle. Bref, elle est sans doute incollable sur la vie de femme mariée, mais la vie de femme séparée qui peut avoir des "amourettes", elle peut en avoir entendu parler, en avoir discuté avec ses copines, mais ne l’a jamais vécue.

Bizarrement, elle ne m’a jamais donné de conseils lorsque j’étais adolescente ou jeune adulte (là, j’en aurais eu sérieusement besoin), et là, ils sont devenus inutiles. Ces conseils auraient pu être agaçants, mais je les ai plutôt trouvés mignons. Je l’ai rassurée quand j’ai pu.

Un peu comme si je lui faisais la leçon sur l’élevage des enfants en bas âge ("attention, hein, ils courent partout, ils font des bêtises, il faut les surveiller. Et puis ne pas céder à tous leurs caprices, triplessinon on n’en finit plus"), alors qu’elle a eu quatre enfants et trois petits-enfants... Ca la ferait doucement rigoler. (Quoi, comment? Mais non, je ne compare pas les hommes à des enfants en bas âge qui courent partout et qui font des caprices, je dis juste qu’elle en connaît dix fois plus que moi sur la question… ne me faites pas dire ce que j’ai pas dit, non mais alors. Oui, les garçons ont la réputation d’être parfois immatures, mais à ce point, j’ai jamais dit que… si, je l’ai dit..??, mais alors pas très fort, hein?… saperlotte, quel bourbier!) .

C’est mignon à cet âge là, non ?

(*) note culturelle : aux dernières nouvelles, la dernière personne au monde qui parlait le Bikya est décédée récemment, et l’Eyak n’est plus parlée que par une personne. J’aurais plus de chances de trouver un interlocuteur parmi les 300 personnes qui parlent l’Ainu, un dialecte japonais.

N-étiquettée

Je suis une spammeuse !academie_Nadine

J’ai envoyé des e-mails non sollicités à des internautes que je ne connaissais pas. Je n’ai même pas regardé si c’étaient des garçons ou des filles, ni si ça ressemblait à une adresse professionnelle. Et pourtant je n’ai pas l’excuse d’avoir fait une quelconque erreur de manipulation ou d’avoir cliqué par erreur sur un bouton qu’il ne fallait pas. C’est mal, hein?

Mais pour ma défense, c’est eux qui ont commencé.

Prenez Athénaïs, une jeune femme qui aime discuter sur des forums. Je ne l’ai jamais rencontrée en vrai, mais néanmoins discuté avec elle suffisamment pour qu’elle ose me confier un secret personnel et potentiellement dangereux pour elle. Non sans surprise de ma part, car nous sommes plutôt copines virtuelles qu’intimes.

Athénaïs a reçu, il n’y a pas longtemps, une alerte sanitaire si alarmante ("Message de sûreté du Québec, prévenez d’urgence vos brus, filles, nièces, gardiennes, voisines" (sic), etc etc.) que, même si je ne l’avais pas déjà rencontré auparavant, j’aurais immédiatement flairé le hoax.

Soucieuse du bien-être de ses copines virtuelles, elle l’a immédiatement transmis à tout son carnet d’adresses. En clair. C’est-à-dire en laissant tout le monde voir les adresses de tout le monde.

Mon sang n’a fait qu’un tour. C’était une mission pour .. Super-Maîtresse Cinn !

J’ai empoigné mon super-clavier, appelé à la rescousse mon aide de camp Super-Mulot et filé sur Hoaxbuster pour copier l’adresse de la page où le canular était démonté et expliqué.

J’ai concocté un mail de deux lignes, sans ambages, sans formule de politesse et sans fioritures, du genre "A ne pas diffuser, c’est un canular", suivi du lien susmentionné.

C’était une urgence, un sauvetage, un acte de santé publique, visant à la fois à diffuser la vérité le plus rapidement au plus grand nombre (car le message, avouez-le, était très inquiétant pour les brus, gardiennes et autres belles-filles du carnet d’adresse d’Athénaïs, qui avaient sûrement besoin d’être rassurées) qu’à attirer l’attention d’Athénaïs sur le fait que toute nouvelle n’était pas forcément à diffuser d’urgence.

Bon, d’accord, ce n’était pas très discret comme intervention, mais c’était peut-être une question de minutes avant que le message ne soit à nouveau renvoyé à plusieurs carnets d’adresse entiers.

Vous savez quoi ?

Je me suis fait incendier par Athénaïs : "Je te prie de ne plus envoyer d’e-mails à mes contacts".

Interrogée en retour, elle m’a expliqué qu’elle aurait reçu des réactions du type "Mais c’est qui cette personne qui se permet d’envoyer des mails en utilisant ta liste de contacts" (mais non, pas la liste de contacts, je n’y ai pas accès, voyons ! Juste la liste des interlocuteurs de cette discussion!). Et aussi, accessoirement, que son mari m’avait prise pour un homme au vu de mon pseudo (bon, ça, c’est un autre problème, ma pauvre Athénaïs, si ton mari surveille tes mails et ne veut pas que tu reçoive d’e-mails d’inconnus). J’ai répondu en en profitant pour en rajouter une couche sur  le fait 1) que  je n’utiliserais pas les adresses en question autrement que pour le démenti en question, et que 2)  normalement, quand on envoie le même message à un grand nombre de personnes, surtout si elles ne se connaissent pas, on les met en "copie cachée" et pas en copie. Elle m’a répondu : "Je ne met jamais personne en liste cachée, tout simplement parce que personnellement je n’avais jamais pensé prendre les contacts de quelqu’un d’autre sans son accord". Mince alors. Elle croyait quoi, que je voulais lui piquer ses copines, façon cour d’école primaire ? Que je voulais  fomenter un complot secret derrière son dos ? Pourtant, mon mail était on ne peut plus laconique, et je n’ai proposé à personne de cam chaude.  Je ne lui ai même pas reexpliqué qu’il y a de vrais spammeurs qui auraient pu récupérer toutes ces adresses au vol. Quelque chose me dit qu’elle doit m’en vouloir un peu d’avoir montré à tout ce beau monde qu’elle pouvait être un peu crédule, et que son indignation n’est pas sans être teintée d’un peu de mauvaise foi.

Nous, les super-héros virtuels, sommes des incompris.

Petit jeu : cherchez la voiture

Il est apparu que certains lecteurs n’ont pas réussi à lire le billet d’hier. Certains se seraient acharnés pendant plus de dix minutes, dans une incapacité douloureuse de détacher leurs yeux de la photo qui l’accompagnait. J’en suis profondément navrée.

Heureusement, Cinn est là pour leur venir en aide.

Voici pour eux un petit jeu/exercice visuel piqué chez Marjorie. Vous avez tout le week-end.

Chaque jour, des millions d’images parviennent à notre cerveau, mais seulement quelques unes sont mémorisées. Voici un test pour prouver ce fait scientifique : Fixez l’image quelques temps et trouvez la voiture… cherchezlavoiture Temps statistique pour un homme : 12 minutes 36 Temps statistique pour une femme : 1 seconde 23 Le même jeu existe pour les femmes, mais je n’ai pas encore réussi à trouver la voiture : cherchezlavoiture2

Les rondeurs, une question de regard ?

Vous savez ce qu’on récolte quand on demande aux hommes "ce qu’ils pensent de nos rondeurs" (sic) ?

Ca se passe .

On demande à plusieurs hommes, de 29 à 47 ans, ce qu’ils pensent des femmes rondes.

La bonne nouvelle, c’est qu’ils sont quasi unanimes. Halte aux rachitiques, aux maigres, au sèches. Oui, ils aiment les formes généreuses, les courbes harmonieuses (attention, pas la peau d’orange, hein! Faut pas pousser) que nous saurons entretenir et mettre en valeur . Ils sont irrités par les mannequins de la mode et déplorent la dictature des magazines qui nous font croire, malheureuses que nous sommes, qu’il faut être mince pour leur plaire. Tout juste murmurent-ils du bout des lèvres que les autres sont de gros hypocrites qui n’osent pas s’afficher avec une ronde. Mais eux, évidemment, ils aiment ça.ronde

La mauvaise nouvelle, c’est que le seul exemple qu’ils peuvent citer de femme ayant des "rondeurs harmonieuses", c’est……. Monica Belucci.

1m77, 65 kg, 89-60-89.

Il y a du boulot, les filles. Si l’on en croit ce "micro-trottoir", les hommes croient aimer les rondes, mais c’est juste qu’ils ont, eux aussi, le regard faussé. 

Ils aiment les "pulpeuses" qui font du 36 et ont des jambes interminables.

Si vous me cherchez, je suis dans la poubelle.

Nouvelle baby sitter, jour 1

kids_fam_super_nanny_largeCa y est, je l’ai trouvée, ma Mary Poppins de choc pour le matin. Quel coup de chance ! La mission intéressait une des membres du personnel de l’école maternelle, qui connaissait donc déjà Raphaël, l’école, et le quartier. Du moins, elle était intéressée pour deux matins par semaine.

A part elle, j’avais eu deux autres candidatures, mais que j’avais écartées avec un degré de discrimination à l’embauche dont je vous laisse juges :

  • Un appel d’un homme à l’accent africain quasi incompréhensible (je n’avais rien compris au message qu’il avait laissé et j’ai dû rappeler le numéro pour comprendre pourquoi il avait appelé). D’après lui, c’était en fait sa soeur de 25 ans qui était intéressée par la garde d’enfants. Oui, mais moi, premièrement, je veux avoir affaire à quelqu’un qui se fait comprendre de mon fils (et de moi) et qui comprend ce qu’il dit (et ce que je dis), et deuxièmement, une femme de 25 ans qui n’appelle pas elle-même pour un simple petit boulot, je trouve ça étrange. 14 ans (l’âge d’Honorine), je comprends. 25 ans, non.Doubtfire_P60989_thumb
  • Un appel d’un  homme, tout à fait audible celui-là, mais que je ne "sens" pas à la voix. Il se décrit comme "sportif, non fumeur, et prêt à rendre service", ce qui est très bien en soi mais constitue un CV bizarre pour un baby sitter. Il habite le quartier "populaire" du coin. Je suis pleine de préjugés, certes, mais vivant seule, je préfère ne pas laisser seul chez moi, avec mon fils de 4 ans, un inconnu à la voix bizarre.

Donc voilà !

Tout s’est passé à merveille avec Émerence, à un tout petit détail près. Juste avant de partir pour l’école, elle est sortie pour allumer la lumière du palier, et Raphaël l’a suivie… en claquant la porte derrière eux. Léger hic : Raphaël était en chaussettes…

Parents de tous les pays, unissez-vous !

arm_efillesOn vous réveille en criant. Vous êtes forcé, malgré le manque de sommeil, de vous lever et de tituber vers celui qui vous donne les ordres. Et pourquoi vous tire-t’on ainsi du lit, presque toutes les nuits ?

Pour vous faire refaire un lit.

Immobile, on ne lève pas le petit doigt pour vous aider mais on vous fait des reproches si ça ne va pas assez vite.

Pourquoi cette discipline inhumaine, ces humiliations, ces tortures ? Cruauté gratuite ? Entraînement pour la Légion Etrangère? 

Non, pipi au lit.

Vous trouvez que ça ressemble aux normes internationales, ça ? Moi, je trouve qu’on devrait se syndiquer, tous les parents. Exiger de nos demi-clones des conditions raisonnables de travail.

Pourraient ainsi faire partie de nos premières revendications :

  • la cessation immédiate de tous traitements inhumains ou humiliants (les traitements obligeant le parent à adopter une conduite ridicule en public pour calmer l’enfant devront faire l’objet d’une convention séparée),
  • des nuits complètes dès la première semaine,
  • une période du "non" ne dépassant pas un mois,
  • un maximum de deux selles par jour et la suppression définitive des selles liquides,
  • l’inhibition totale des fonctions de miction et d’excrétion lorsque l’enfant porte salopette, blouson, écharpe, chaussures et moufles,
  • une exposition au bruit ne dépassant pas 80dB, ou mieux, une fonction "volume" (avec surtout une touche "-" en fait) et une fonction "off",
  • une pause repas/sieste de 1 (une) heure par jour,
  • une durée de travail réglementaire, avec rémunération des heures sup’ en bisous et en sourires.

Qui se joint à moi ?

Donne-moi ton coeur

Il lui faut toujours la part du lion. L’accessoire le plus récent, le plus volumineux, le plus prestigieux, celui qui a le plus de fonctions. La plus grosse part du gâteau. Et il n’aime pas partager, sauf ce dont il est déjà lassé.

Entre les enfants, les modes durent un jour ou deux. Parfois, il s’agit de quelque chose dont il existe deux exemplaires presque identiques. Sinon, c’est la guerre rangée pour garder l’objet des convoitises du jour, en général à l’avantage de Raphaël, qui est souvent à l’origine des « modes ». Peu importe s’il s’agit d’une mode récente (une cochonnerie babiole glanée ici ou là) d’un jouet oublié depuis des mois dans un coffre à jouet et subitement redevecoeurnu tendance (il y a donc des tendances vintage dans la mode à cet âge?).

Plus récemment, il s’agissait d’un genre de coeur en polystyrène, agrémenté de paillettes rouges, trônant au milieu d’un bouquet (ça m’apprendra à m’acheter des fleurs un 13 février. Mais en même temps, on n’est jamais mieux servie que par soi-même, na!) au bout d’un bâtonnet en bois.  Après tout un après-midi où Raphaël jubilait de posséder deux paires de lunettes de soleil à lui (… des cadeaux de Lex), que sa soeur n’était pas en droit d’emprunter, j’ai fait cadeau du coeur rouge à Laura.

C’était à prévoir : l’intérêt de Raphaël s’est immédiatement éveillé, et ce pour le reste de la soirée, sur tous les tons.  La petite, le voyant venir à des kilomètres, se cramponnait d’autant plus à son trésor pendant cette « tirade du coeur ».

Ce fut d’abord la vertueuse indignation : «  »Mais elle a déjà une baguette magique ! »

Puis la tentative de transaction à titre gratuit : »Tu veux bien me donner le coeur, Laura? » « Non! »

Puis la tentative de troc : « Tiens, je te donne les lunettes, tu me donnes le coeur? » « Non! » « MaCyranodebergeracis tu n’en as pas, des lunettes! »

Puis la tentative d’amadouer, avec une soudaine et sublime générosité : « Tiens, je te donne ça… et ça… » « Non! » La peine essuyée devant le refus de la nantie « … Mais je suis en train de te donner ces livres pour toute la vie!… D’ailleurs, je les aime plus »

Enfin, ce furent les leçons de vie : « Tu ne peux pas jouer/écouter l’histoire/ mettre ton pyjama si tu gardes ce coeur. »

Le chantage : « Tu veux boire ? Pose d’abord le coeur, après, tu boiras« .

Puis, il fallut se séparer du jouet pour la nuit. Je l’ai rangé sur une étagère -trop haute pour lui-. : « Je préfèrerais que tu poses le coeur là » (sous entendu : à côté de mon lit)

Le soir venu, ce fut un aveu : « Moi je voudrais avoir le coeur !« . Scoop.

Mais il n’a pas tenté de le lui arracher. Je suis fière.

Le lendemain matin, Laura a enfin prêté le coeur à son frère. Je suis fière aussi.

Ca déménage…

Elle en a de drôles d’idées, ma soeur, en matière de déco.appart

Elle n’habite pas la porte à côté, ma soeur, alors comme elle passait dans le coin, elle m’a rendu une courte visite. J’ai prévu une cafetière et des petits gâteaux que Raphaël a fait tourner, en "jeune homme de la maison".

"On achète un appartement ! Regarde, voilà le plan…. "

Fiche caractéristique. Photo d’un joli séjour qui semble accueillant et lumineux.

"Regarde, et ça, c’est ce qu’on va mettre dans la chambre du fond…".

Papier peint ? Tableau ? Ameublement remarquable ? Que nenni.

testroseDans l’enveloppe, une photo d’échographie. 12 SA.

Et voilà comment j’ai appris que j’allais être tata pour la deuxième fois…