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Voisin, voisine

Il était une fois, au millénaire dernier, un prince charmant qui était parti voir le monde pendant un an (on appelait ça le service militaire).

Sur le chemin du retour, en traversant le royaume voisin, il rencontra une bergère dont il tomba rapidement amoureux. Mais le devoir l’appelait dans son royaume. Il rentra donc chez lui, en promettant de venir voir souvent la bergère.

Heureusement, il suffisait d’un saut de TGV pour arriver chez elle. Pendant quelques mois, ils passèrent presque tous leurs week-ends ensemble, tantôt dans l’un des royaumes, tantôt dans l’autre. Comme ils aimaient bien écrire tous les deux, ils s’écrivaient assez souvent. Il finit même par l’aider à installer Internet chez elle pour passer au mail.

C’était très mignon et un peu triste aussi. Les semaines étaient bien longues l’un sans l’autre, et entre le moment où le prince descendait du blanc destrier TGV (il se mettait près de la locomotive, pour aller plus vite) et le moment où, le dimanche soir, le train s’éloignait au loin avec le prince à son bord, il ne semblait y avoir qu’un éclair, quelques moments précieux passés trop vite.

Il faut dire que cette godiche de bergère avait accepté de garder un troupeau de mouton pendant une partie de son week-end, alors ça n’arrangeait pas les choses. Il y eut rapidement de la démission dans l’air de ce côté là.

Au bout de six mois, la bergère mit toutes ses affaires dans une camionnette de location et tous les deux s’installèrent dans un joli petit château au bord d’un lac.

Ils vécurent heureux pendant quelques mois et n’eurent aucun enfant. Et puis le prince décida que finalement, il avait peur de s’engager trop vite et que la bergère ne lui plaisait finalement pas tant que ça. On en resta là et la bergère rentra dans son royaume. Mais c’est une autre histoire.

A cet époque là, personne n’avait d’attache. Il n’y avait pas de petits princes et princesses en bas âges, pas de prince consort à ménager, et même pas de poste où on se serait suffisamment investi pour que s’en détacher pose un véritable problème.

Mais aujourd’hui ? Certes, la bergère a quelques années de plus, et gérerait sans doute mieux aujourd’hui les périodes « sans ». Mais serait-il bien sage d’engager le même type de relation à distance ? Qui dit garde partagée ou alternée dit très peu de longueur de laisse, très peu de liberté géographique. On n’est plus seule à peser dans son choix de vie.

Ah oui, ce serait nettement plus facile de fréquenter un voisin, un qu’on pourrait emmener au cinéma avant de rentrer chacun chez soi (ou pas) d’un coup de métro. Sinon, bonjour le jonglage entre deux emplois du temps compliqués, et bonjour les explosages de forfait de portable tous les mois. SMS compris. C’est pas une vie, ça.

Et pourtant un jour, un début d’histoire pointe le nez… et on ne ferme pas la porte.

Obtenir le laissez-passer A-38 dans la maison-qui-rend fou

… ça vous rappelle quelque chose ?

C’est dans les Douze Travaux d’Asterix. Un de ses "travaux" consiste en l’obtention d’un laissez-passer dans une administration où il se fait rediriger indéfiniment d’un bureau à l’autre pour tenter d’obtenir la totalité des formulaires nécessaires au fameux laisser-passer. Il s’en tire par la ruse : il demande un formulaire imaginaire que tout le monde se met à chercher, et on lui remet gracieusement son laisser-passer A38 pour tenter de revenir au calme.asterix2

Mon cas nécessite un mot d’explication. Ici il ne s’agit pas en l’occurrence de laisser-passer, mais d’interdiction de sortie du territoire de nos enfants sans l’accord des deux parents (Moi et Lex). Nous avons passé un accord, validé judiciairement, qui prévoit que nous devions faire tous les deux (histoire de ne vexer personne) figurer cette mention sur notre passeport respectif.

En fait, pendant quelques mois, nous ne l’avons pas fait. Manque de temps, ‘d’envie, volonté de ne pas perturber une organisation qui se passait plutôt bien en manifestant de la suspicion… mais à l’approche des vacances, des conflits sont à nouveau apparus et le problème se pose à nouveau.

Me voilà donc au téléphone avec la mairie pour savoir où je peux faire tout ça.

"Humm… Je ne suis pas sûre. Ecoutez, je me renseigne et je vous rappelle."

Environ un quart d’heure après : dring !

"Alors, je me suis renseignée. Il faut que vous vous rendiez à la sous-préfecture avec votre ordonnance et votre passeport. C’est eux qui feront ça".

Départ pour la sous-préfecture avec Laura dans sa poussette.

Accueil plutôt étonné.

"Mais… nous n’avons jamais fait ça auparavant ?! De toute façon, plus rien de ce qui concerne les passeports ne se passe chez nous : depuis 2006 ce sont des passeports électroniques, nous n’avons même plus de guichet pour ça. Attendez que la chef revienne de déjeuner."

Attente d’une heure. Laura galope en cercles dans la salle d’attente. Finalement, une personne se présente au guichet indiqué.

"C’est pour les passeports ? Alors je me suis renseignée auprès de ma hiérarchie. D’abord, nous ne faisons plus de mentions sur les passeports des parents, ce sont les passeports des enfants qui sont concernés . Ensuite, comme ce sont des passeports électroniques, il faut les faire refaire pour intégrer la mention. Je peux vous le faire, si vous les avez ? Non, vous n’avez pas les passeports des enfants ? Vous devez donc retourner à votre mairie pour faire une demande de modification".

Retour à la mairie. C’est la même dame qui m’accueille.

"Ah, on vous a dit ça ? Bon, je vais me renseigner, je n’ai jamais fait ça auparavant. Laissez-moi votre numéro de téléphone, je vous rappellerai quand j’aurai l’information : la personne ne va être joignable qu’à partir de 14 heures."

Un peu après 14 heures : driiing !!! (hé oui, ils sont sympa à ma mairie hein…). La voix est un peu attristée, comme si elle devait m’annoncer un décès.

"Alors heu… Il faut que vous vous déplaciez à la préfecture, il n’y a qu’eux qui font cela. Par contre, il y a une liste de pièces à joindre très longue : il vous faut le jugement, les extraits d’actes de naissance des enfants… Enfin, je tiens la liste à votre disposition, vous pouvez passer la chercher".

A suivre… vous croyez que la Préfecture me renverra vers la sous-préfecture ou vers la mairie ?asterix1

Qui l’aime le suive

Qu’auriez-vous fait à sa place ? Imaginez qu’un de vos amis perd un proche dans un crash aérien. L’équipe de secours dépêchée sur les lieux constate qu’il n’y a aucun survivant au drame, qui s’est d’ailleurs produit dans une région particulièrement inhospitalière, où la survie est difficile sans équipement.

Et voilà que votre ami rêve de son proche. Vivant. Et déclare que puisqu’il a rêvé de lui vivant, c’est qu’il doit être vivant et qu’il faut aller le sauver. Il prépare son sac à dos dans l’heure et est prêt à tout risquer, jusqu’au bout. Il est intimement persuadé d’avoir raison.

Option 1 : "Haut les coeurs ! Je pars avec toi!"

Option 2 : "Ecoute, je comprends que tu es sous le choc et très peiné, mais ce n’est qu’un rêve… tu es en plein processus de deuil… blablabla…. déni, colère, marchandage… blablabla… processus classiquement décrit en psycho… blablabla… reprendre contact avec le réel… blablabla… consulter la cellule de soutien psychologique" etc etc. (in petto " "Rhhhala la… il a perdu la tête, le pauvre… un vrai illuminé… heureusement que je suis là, sinon il ferait une belle bêtise…")

Moi, celui qui me convaincrait de donner la réponse n°1 aurait un sacré pouvoir de persuasion. Surtout s’il n’a pas particulièrement l’habitude d’avoir des rêves prémonitoires. Lorsqu’un ami me paraît être dans l’erreur, j’essaye de le lui faire comprendre, pas d’entrer dans son jeu, surtout s’il y risque sa peau (plus un sacré paquet de picaillons : équipement, salaires des sherpas, billets d’avion…….).

C’est là qu’on voit que Tintin est un personnage décidément exceptionnel. Ben oui ! pour ceux qui n’auraient pas reconnu, je viens de vous raconter le début de l’histoire de "Tintin au Tibet", probablement un de mes préférés. Sans être particulièrement tintinophile, je redécouvre une partie de ses aventures via les vidéos que Raphaël regarde en boucle en ce moment.

On sait déjà que Tintin est particulièrement ingénieux, qu’il a un don extraordinaire pour les langues (il peut se faire passer pour un indigène à peu près n’importe où et apprend même le langage éléphant), qu’il endosse n’importe quel déguisement sans problème, qu’il a survécu sans aucune séquelle cérébrale à de très nombreux chocs crâniens…. dans cet album là, on apprend en plus qu’il a un charisme hors du commun puisqu’il arrive à entraîner plusieurs personnes jusqu’au bout d’une quête qui apparaît perdue d’avance. C’est cela, évidemment, qui fascine dans cette histoire là et qui lui donne tout son souffle.

A combien de personnes feriez-vous un acte de foi pareil ?

Même pas mal!

Il y a d’abord le choc. Bizarrement, on ne sent rien sur le coup.

On se dit que c’est mieux comme ça.

On poursuit sa vie, plutôt guillerette et épanouie. Dans un coin de votre conscience, il y a comme une ombre, quelque chose que votre inconscient vous cache et où vous n’avez pas envie d’aller coller le nez. Was ich nicht weiss, macht mich nicht heiss : ce que je ne sais pas ne me fait ni chaud ni froid. Vous êtes reconnaissant à votre esprit de vous cacher maladroitement ce cadavre dans le placard.

Un jour, vous essayez d’y mettre le nez, pour voir. Et vous ne ressentez rien, vous êtes toujours anesthésiée. On dirait que votre esprit a pris le soin de briser toutes les synapses qui reliaient votre histoire à un souvenir, qu’il soit douloureux ou agréable. Vous avez perdu votre souffrance mais aussi les souvenirs que gardaient vos sens. Ce prénom qui évoquait auparavant un monde de sentiments, vous vient encore à la bouche mais n’est plus qu’une coquille vide.

Et puis au bout d’un moment, quelque chose revient. De la tristesse. Vous ne savez pas très bien pourquoi (enfin si, vous savez, au final, mais vous ne voyez pas le rapport, et encore moins pourquoi maintenant). Une lassitude. Votre corps au réveil est comme un sac de clous, les plaisirs de tous les jours ont un peu moins de goût, vous vous débattez en vous disant que vous allez vous relever de toute façon, que ce creux de la vague n’a qu’un temps.

Au final, vous y passerez quand même, par une période de blues.

Encore un peu de temps et vous vous rendrez compte que ça fait longtemps que vous ne vous êtes plus posé de questions sur cette histoire injuste. Vous lâcherez prise sur tout ce qui n’est pas les bons moments, ceux que vous garderez comme un album de photos presque oubliées de ces moments qui vous appartiendront pour toujours, et dont vous sourirez en les regardant.

J’osais… quoi ?

C’est à Natacha que je dois de connaître le mot "Joseki"

Si j’en crois Wikipédia, un joseki désigne dans le jeu de Go une séquence de départ archiclassique, principalement en début de partie. Natacha s’amuse à appeler ainsi un échange classique de début de conversation, du genre "salut! ça va? -oui et toi?".Go

Selon les cultures, les joseki verbaux peuvent prendre beaucoup de temps. Lorsque mon ex belle-mère méditerranéenne a rencontré la nounou qui gardait à l’époque Raphaël, elles ont passé une bonne demi-heure à échanger les mêmes phrases de salutation que si elles étaient deux copines se rencontrant au marché. Elle ne terminait jamais une conversation téléphonique avec moi sans m’avoir demandé des nouvelles de mes parents, de mes frères et soeurs, de mes grands-parents, et j’en passe. Il fallait donc environ un quart d’heure pour prendre congé.

Il y a un petit moment déjà, j’avais répondu à un message sur un forum familial, essayant en substance d’avertir une femme qui allait se lancer dans la procréation assistée, de la difficulté et des incertitudes des épreuves qui l’attendaient. Il faut dire que je sortais tout juste de la lecture de "Un bébé, mais pas à tout prix", de Brigitte-Fanny Cohen, qui traite justement de ce thème et reproche notamment aux médecins de traiter les couples sans tact ni ménagement, et aussi d’occulter volontiers leurs échecs au profit de leurs réussites, donnant ainsi aux couples en mal d’enfants un espoir hors de proportion avec les statistiques réelles de succès. Là-dessus, Chrismine, que je ne connaissais pas du tout, m’a reproché avec virulence (en privé, il est vrai) de ne pas encourager davantage la personne qui demandait des conseils. Je lui ai expliqué pourquoi j’avais répondu ainsi, elle m’a assez rapidement répondu. Nous n’étions toujours pas d’accord, mais nous étions expliquées. L’échange terminé, nous avions échangé nos adresses msn.

Seulement voilà… depuis, Chrismine s’est révélée être une adepte du Joseki verbal.

On vous parle : "Salut!". Vous saluez. On vous demande "ça va ?". Vous répondez que oui. Et elle-même? Oui.

Et là, honnêtement, je ne voyais pas quoi lui répondre. C’est à peine si je la connaissais. C’est elle qui m’avait adressé la parole, et comme j’étais moi-même occupée à autre chose, j’ai trouvé bizarre qu’elle n’ait pas envie d’ajouter quelque chose au petit Joseki. Je ne lui ai donc pas répondu.

Au bout d’environ une minute, c’est elle qui m’a relancée : "Tu n’es pas là?".

Récapitulons. Elle me contactait pour que je fasse les frais de la conversation alors qu’on ne se connaissait pas…! Il fallait que le la distraie sur demande?

On va bien voir. J’ai tenté l’expérience.

Je lui racontai quelques nouvelles anodines. Je ne sais plus ce que j’ai trouvé à lui jeter en pâture : des banalités sur mon travail ou sur le temps, je crois. Cela a relancé les choses. Elle m’a lancé l’équivalent en échange. Elle m’a appris, au détour d’une allusion à sa visite de la Xème semaine, qu’elle était enceinte -ce que j’ignorais… normal, puisque j’ignorais presque tout d’elle- et j’ai cru comprendre qu’elle attendait de moi que je lui demande des nouvelles de sa grossesse.

Elle ne se souvenait de rien sur moi, ni de mon âge, ni du fait que j’avais des enfants, ni du fait que je vivais seule avec eux. Elle m’a donc fait sourire quand elle m’a demandé si je ne voulais pas des enfants, moi aussi. Ah bon, je n’avais pas envie tout de suite ? Mais quel âge j’avais ? Ah bon… mais j’avais encore le temps, m’a t’elle assuré. J’ai mis fin à ses souffrances en lui parlant de mes demi-clones déjà existants.

Au final, la conversation s’est révélée aussi creuse que prévu. Nous nous sommes limitées à notre dénominateur commun : notre paire de chromosomes X. A mes yeux, nous n’avions visiblement aucun atome crochu particulier, mais aux siens, cela suffisait à fonder un joseki prolongeable à volonté autour de son état de grossesse et de nos enfants respectifs. Pour la petite histoire, je n’ai pas échappé à une réaction type "C’est le choix du roi!!" quand j’ai dit que j’avais un garçon et une fille.

Pourquoi n’ai-je pas répondu avec plus de plaisir et de curiosité à cette personne qui demandait mon attention ? Je me sens bien dans un échange lorsqu’il est mutuel, quand les affinités font que chacun apporte quelque chose à l’autre. Là, je ne sais pas, mais quelque chose ne collait pas.

Je n’ai rien contre le "small talk", les conversations anodines. Elles ont une fonction quotidienne, permettent de faire connaissance ou de garder un contact, parfois d’en apprendre beaucoup plus sur quelqu’un que le fond de la conversation lui-même. Mais quand la mayonnaise ne prend pas au départ, elle est difficile à faire monter, surtout avec quelqu’un dont on ne connaît à peu près rien d’autre qu’un pseudo et qui ne personnalise pas son approche.

On ne peut pas plaire à tout le monde… ni aller vers tout le monde.

Et quand on tente un joseki, il vaut mieux apporter quelques pierres à poser sur le goban…

Elephantes roses (3)

Comme je vous l’annonçais ici, les choses ont un peu changé depuis l’écriture de "Rose Bonbonne" (rebaptisée "Rose Bonbon" dans la nouvelle édition).

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Déjà, les éléphantes se sont rendues compte qu’au fond elles aimaient bien continuer à manger des anémones et des pivoines. Et aussi, accessoirement, que si elles n’avaient pas au moins une vague couleur rosée et si elles étaient aussi couvertes de boue que les autres, les éléphanteaux les plus obtus les prenaient pour des garçons. Certes, elles ont le droit de jouer dans la savanes avec les éléphanteaux, mais elles continuent donc, pour le plus grand bonheur de l’industrie florale et textile, à acheter à prix d’or les dernières espèces d’anémones et de pivoines au liposomes  et à faire les soldes pour faire collection de collerettes et de chaussons de toutes couleurs et de toutes formes.

Elles se sont rendues compte qu’elles s’étaient aussi un peu fait piéger. Que ce n’était pas en brûlant leur collerette qu’elles auraient les mêmes droits que les éléphanteaux. Elles ont gagné le droit d’avoir un poste-clé dans la tribu, sauf qu’elles recevront toujours en contrepartie moins de bananes et d’ananas qu’un éléphant et qu’elles devront  être plus compétentes qu’eux pour y arriver.  Elles ont le droit d’aller patauger dans la même mare de boue que les éléphants, sauf qu’elles doivent garder leur collerette et leurs chaussons à talons, et surtout garder tout cet attirail sans se salir si elles veulent se faire respecter.

Bref, elles ont plus de liberté qu’avant, mais ça n’a plus grand chose à voir avec le fait de porter ou non des atours roses (ou bleus, ou verts, selon la mode) et de manger des pivoines et des anémones (ou des coquelicots lissant performance thermo-contrôle aux extraits d’ADN). Les stéréotypes ont la vie dure, et si une éléphante, de nos jours, ne mange pas une seule fleur et ose peser un peu plus qu’une gazelle, elle prend des risques. Les éléphantes, elles aussi, sont des hyènes, parfois (Letesle, oserais-tu aller au boulot avec zéro maquillage et sapée comme un clochard ?).

Mieux encore : il existe maintenant des enclos pour éléphants, avec leurs fleurs spécifiques mais qui ressemblent un peu aux anémones et aux pivoines. Il y a même des appareils de muscu et des lampes à UV. On encourage donc les éléphants à se faire beaux, eux aussi, et certains y prennent plaisir, eux aussi.

On a aussi découvert un deuxième enclos, où une autre tribu élève ses petites éléphantes selon un système un peu similaire à l’ancien. Là, les éléphantes doivent continuer à manger des fleurs infectes pour avoir une peau rose et les yeux grands et brillants, mais en plus elles doivent porter en permanence une espèce de toile de tente qui les recouvre entièrement. Sans ça, d’autres éléphants que leur mari pourraient les voir. Celles là, il faudrait leur envoyer quelques caisses du bouquin…

Voleur d’images !

Il est assez laid. Petit, plus très jeune, bedonnant, le cheveu gras, ce pervers là avait vraiment l’air d’un pervers de caricature. Mais je ne l’avais pas vu approcher.

Je devais rencontrer Jean-Jean incessamment sous peu, et il était en retard, alors je l’avais appelé pour lui demander où il en était. J’étais suffisamment concentrée sur la conversation pour n’avoir aperçu qu’au dernier moment ce gros black qui s’était installé un peu en contrebas de moi (j’étais assise sur une volée de marches), du côté où je ne regardais pas, avec un appareil photo.

… Un appareil photo ???

Click.bandit

Oui, et c’était bien moi qu’il visait, pas le bâtiment qui se trouvait derrière. Plus exactement, il visait mes jambes. Et non, il ne pouvait pas voir sous ma jupe.

Quand il a vu que je l’avais repéré, il a reculé précipitamment avec une sorte de sourire complice : "Pour une fois que j’en photographie une grande!" (… ça veut dire qu’il photographie des enfants, d’habitude??) et il est parti sans demander son reste.

Je suis restée quelques instants sans oser y croire, puis je lui ai couru après pour en avoir le coeur net. Il a fait un énorme bond de surprise en me voyant.

Moi, incrédule et un peu remontée :"Mais, vous m’avez photographiée, là??"

Il s’est tout de suite énervé :"J’ai photographié vos chaussures !" (quoi, ces sandales exceptionnellement ordinaires méritaient une photo??) "... et puis, hein, si ça vous emm…, hein… regardez ce que je vais faire, vous ne le méritez même pas!"

Ah bon, il faut le "mériter" pour avoir l’honneur qu’on prenne une photo de vos jambes, Dieu sait pour en faire quoi ? Je n’allais pas me démonter pour si peu.

J’ai vu l’image qu’il a effacé (ou fait semblant d’effacer?) sous mes yeux. Il avait bel et bien photographié mes jambes, du moins jusqu’au genou. Je me demande toujours ce qu’il a bien pu y trouver de particulier pour vouloir prendre cette image à la sauvette, comme un voleur.

Il s’est éloigné en me lançant "A votre âge!" (hein ? Qu’est-ce que ça vient faire là ?) Je me suis fendue d’un "Espèce de gros pervers!!" aussi clair et sonore que j’ai pu. Bien fait.

Voleur d’images!…

Partager une douche avec son ex ?

man_showerLa salle de bains de Lex étant en plein travaux, j’ai accepté qu’il vienne prendre une douche chez moi jeudi dernier, juste avant que nous partions chacun de notre côté (au travail, à la crèche et à l’école).

Lui, après coup, avec un sourire matois : "Dis, tu n’avais pas envie de venir me rejoindre pendant que je prenais ma douche?"

Hélas non. La question qui me préoccupait le plus, était de savoir si j’allais avoir le temps de me laver les dents avant de partir quand il libérerait la salle de bains. Navrant de terre à terre et de banalité. Mémérisation en cours.

Pour ma défense, si ça avait été, je ne sais pas moi, Bruce Willis, ou alors mon beau prof de sport, j’aurais pu éventuellement avoir des pensées moins chastes, qui sait ?

Retrouvailles ?

Un ex qui vous téléphone après un silence de 9 ans, a t’il quelque chose derrière la tête ?

Julie est allergique aux Claude ; " S’appeler Claude est déjà un handicap. Pour être merveilleux avec un tel prénom, il faut être vraiment exceptionnel !" J’ai un peu le même problème avec les… heu, appelons-les Jean-Jean.

Je discutais tout récemment avec un parshypien qui s’appelle Jean-Jean et j’avais donc ce prénom encore à l’esprit. Je me disais justement que s’appeler Jean-Jean est un handicap, mais pas rédhibitoire : si un Jean-Jean m’a convaincue de connaître ma première expérience de vie à deux il y a un peu plus de dix ans, pourquoi le parshypien Jean-Jean ne pourrait-il pas aussi avoir de bons côtés ?

Le téléphone sonne. Je reconnais le numéro de Jean-Jean n°1, avec une impression de déjà vu, comme si je l’avais eu vaguement en tête, comme si j’avais essayé machinalement de me le remémorer quelques instants auparavant.

Et d’une certaine manière, je n’ai pas ressenti de surprise, comme si Jean-Jean n°1 faisait encore partie de mon entourage quasi-immédiat.

Nous avons donc commencé à discuter très facilement, comme si l’absence n’avait duré que quelques jours.

Evidemment, bien des choses s’étaient passées en "quelques jours". Sa nièce, ce petit bébé que je connaissais, doit être au collège à l’heure qu’il est. Et il a trois neveux et nièces de plus. J’ai donc demandé des nouvelles de tout le monde, et lui aussi. Des années de vie de chacun résumés en quelques phrases.

Pourquoi reprendre contact avec moi maintenant, lui ai-je demandé. Il m’a expliqué être tombé par hasard sur le blog de voyage d’un membre de ma famille qui lui a fait penser à moi.

Cela dit, il me paraît bizarrement empressé de renouer amitié.

Et vous, vous est-il déjà arrivé de recontacter quelqu’un après autant de temps ? Et pour quelles raisons ?

Des PC, des chiffres et des lettres

Je ne voulais pas renouveler l’expérience Meatix, mais j’ai décidé de faire un essai sur… Parshyp. Il s’agit d’un service de rencontres où il est possible de connaître votre "compatibilité" affective et intellectuelle avec les autres utilisateurs. Hum, ça marche ça ?

Ils ne sont pas bêtes chez Parshyp : si vous avez la curiosité de faire leur test gratuit pour lire vos résultats, ils vous préviennent à chaque fois que quelqu’un visite votre fiche ou vous envoie un message (et évidemment, vous ne pouvez pas lire le message, on vous dit juste qu’il fait 8 ou 87 mots), histoire de vous montrer toutes les personnes ("chaleureux, plein d’humour, sur qui l’on peut compter, sportif", etc)  qui s’intéresse à vous quand vous n’êtes pas là. On vous fait aussi des "offres spéciales" d’essai par mail.

Après une longue, très longue hésitation et un coup d’oeil pour me faire une idée de ce à quoi je pouvais m’attendre, j’ai pris un pass d’un mois. A ce qu’il paraît, c’est un service cher(oui, j’ai remarqué). Mais aussi un service différent et une ambiance différente  (une utilisatrice n’en revenait pas : Mais ils sont respectueux, les hommes, là !!). Et, bon à savoir : les fameux points de compatibilité, dits PC, ne sont pas infaillibles, on peut s’entendre mieux avec un 68% qu’avec un 91%).

Effectivement, ça n’a rien à voir.

  • pas de photos visibles au premier abord (seuls vos contacts qui le souhaitent peuvent déflouter leur image) mais seulement les pourcentages,
  • des "propositions de partenaire" par affinités (pas moins de 95% de compatibilité avec un languedocien, 93% avec un bourguignon, et j’ai aussi des "âmes soeurs" dans les DOM TOM),
  • pas de tchatt en ligne, juste des messages.
  • un style d’annonce imposé (répondre à quelques questions) plutôt qu’une page blanche à remplir comme vous le souhaitez,
  • pas de pseudos plus ou moins bizarres mais des codes chiffrés: les gens s’appellent  KFCF3VPOL ou LBDZ5Z85 (j’ai changé ces codes afin de protéger leur anonymat) et non Nightgoth334, Ggghhh ou Philippe_5_977.
  • Une interface très "sérieuse", pas très ludique, mais bon… on ne peut pas tout avoir.

Tout cela est quand même plus "guidé" -du moins sur les premiers pas- que je ne l’espérais, par opposition à Meatix, où on peut exercer bien plus librement sa créativité (ou plus souvent son absence totale). Pas bête : cela doit éviter à certains d’être découragés par la page blanche.

Il y a même une manière formalisée de gérer ses contacts (y répondre par un message ou un "badinage", les mettre en attente ou les supprimer). Si l’on ne veut pas répondre, ou pas répondre tout de suite à un contact, on peut en donner la raison d’une manière suffisamment impersonnelle  Le site prend même la peine de vous consoler : "Ne le prenez pas personnellement – chacun a des préférences et attentes concernant son partenaire qui sont au final très subjectives".

Par exemple, un nommé KF8B3B3C m’avait envoyé une demande de contact au début de mon inscription, a décidé de me supprimer il y a un mois car il avait trop attendu ma réponse. Les absents ont toujours tort !