Archive for the ‘Bonheur en petite monnaie’ Category

La crêpe de la tentation

C’est, sans aucun doute, un lieu dédié aux plaisirs des sens et à la décadence.

Dès notre arrivée, une jolie hôtesse nous montre notre place. Il s’agit de l’une des six tables alignées sur toute la largeur de la petite crêperie. Le décor est simple, l’ambiance agréable. Reste à savoir si la cuisine est bonne…

C’est là que la géographie des lieux intervient. Car les six tables évoquées plus haut sont à présent toutes occupées, par des convives arrivés deux par deux, à quelques minutes d’intervalle. Les commandes ont été prises à peu près dans le même ordre et au même rythme, et les plats vont donc arriver les uns après les autres en partant de la table la plus éloignée, pour se rapprocher de nous.

Il suffit donc de surveiller la vague successive de délices qui se déposent devant nos voisins pour avoir une idée de ce qui nous attend.

A deux tablées de nous, deux assiettes fumantes, copieusement remplies, atterrissent devant nos presque voisins. Coups d’oeil en coin. S’agit-il d’un plat de la carte, d’une suggestion du jour ? On distingue bien, avec des coups d’oeil obliques presque discrets, d’appétissantes pommes de terre parsemées de fines herbes, mais s’agit-il de poisson ? De coquilles Saint Jacques?… Non!.. non, ce serait inconcevable, impensable : normalement les Saint Jacques sont servies avec des pâtes aujourd’hui. il y aurait eu traitement de faveur, 

De toute manière, ce sont des galettes de sarrasin que nous avons commandées. Justement, juste à côté de nous, arrive une, puis deux galettes de blé noir, dont l’une est accompagnée d’une salade verte et d’une tranche de tomate

Nous sommes fixés : ce sera délicieux.tentation

Sa crêpe avalée, une jolie jeune fille de la même rangée de table se décide : Je m’en tiendrai là, je ne prendrai pas de dessert. Ce n’est pas bon pour ce que j’ai. Crêpe ou glace, vous ne m’aurez pas, je serai forte pour défendre mon tour de taille.

Et à la table voisine, arrivent une coupe de chocolat chapeautée d’une toque de crème chantilly et une énorme crêpe nappée de chocolat, elle aussi décorée de crème.

Les yeux bleus louchent vers l’assiette voisine :

"…Elle me fait envie, la crêpe du monsieur".

Est-ce l’odeur du chocolat chaud ? La pointe de crème blanche, tentatrice, restant un instant au coin de nos lèvres ? Toujours est-il que le temps que la serveuse revienne, la petite blonde avait craqué :

"Je prendrai une crêpe chocolat-banane-chantilly"

C’en était trop pour nous :

"… Copieuse !..

– Elle a succombé!!"

Confuse et rosissante, sous les huées, elle s’est caché le visage derrière son menu.

Mais la crêpe étant réellement succulente, je pense qu’elle n’a pas regretté d’avoir cédé à la tentatrice.

Le monstre du Loch lace

StreumEst-ce qu’il vous est déjà arrivé de tomber nez à nez avec une chose monstrueuse, mi-bête, mi-chose, dans le salon de votre mère ? Mes tout-petits étaient en danger et je n’en savais rien. J’étais probablement en train de vaquer à l’une des mille occupations quotidiennes d’une mère indigne dévouée, quand j’ai entendu le cri de détresse de mon fils. "Mamaaannn ! Viennnns!" L’oreille d’une mère est très fine (même si dans certains cas elle est en cours de détérioration à cause de son grand âge). La mère sait déceler presque aussitôt, au son du cri de son petit, s’il y a accident (un premier cri, suivi d’une très longue pause pour reprendre son souffle, avant le deuxième pleur. Plus la pause est longue, plus c’est grave), simple caprice (pleurs plus longs), dispute (pleurs en stéréo), etc. dentelleLà, il y avait quelque chose d’inconnu et d’inquiétant, c’était audible. J’ai volé à son secours. "Mamannn ! Il y a un torchon géant sur la table!" C’était la nappe que j’avais mise, pour changer, dans un souci esthétique et aussi pour protéger la table lors du repas des demi-clones. Il faut dire que cette saleté de table est dotée d’un espace entre le plateau et le cadre, dans lequel aiment se loger couverts, gouttes de yaourt et lambeaux de nourriture. Miam. Un torchon géant. Ma nappe à carreaux. S’il commence à me trouver ringarde à 4 ans, on va rigoler à l’adolescence.

Wednesday night fever

S’il y a un truc formidable quand on est séparée, c’est bien le droit de visite et d’héberglibertyement du papa. Oui, bien sûr, j’adore avoir mes enfants avec moi. Mais les soirs où ils sont chez leur père, (même en pleine semaine), par contraste, c’est synonyme de soirée de liberté absolue, de farniente ou de grand ménage, au choix. Bref, un peu comme une célibataire, sauf qu’on apprécie encore plus parce que c’est devenu plus rare. Finie la course-circuit avec les étapes invariables train-voiture-crèche-école-courses  (le cas échéant) -dîner-dodo. Fini le coucher parfois laborieux des enfants. Et quand, enfin, ils sont sous la couette, passés par les toilettes, quand ils ont eu leur verre d’eau, leur câlin et leur bisou, il faut rester quelques instants assise dans le couloir (j’ai fait beaucoup de progrès depuis l’initiation de Laura à la physique quantique), et ne pas faire de bruit, histoire de ne pas perturber le marchand de sable. Ce n’est qu’après qu’on peut mener à bien les menues tâches (débarrassage de table…), le minimum vital qui fait que Emerence, quand elle arrive à 7 heures, ne s’enfuit pas en hurlant d’horreur au vu de l’état de décrépitude dans lequel est tombé mon chez-moi.

Bref, j’attendais avec impatience LE soir où, après près de trois semaines de quasi-indisponibilité pour cause professionnelle, Lex allait pouvoir héberger les deux enfants pour la nuit.

J’allais pouvoir faire les choses les plus folles. Prendre un bain, peut-être. Ou regarder la télé pour de vrai, au lieu de jeter un oeil sur quelques courtes vidéos glanées sur Youtube. Et pourquoi pas aller au cinéma, ou faire les vitres? Non, vraiment, ça allait être d’enfer. Du jamais vu, de la folie pure de ouf de la mort qui tue. Ensuite, j’enchaînerais sur une grasse matinée, puisque je pourrais facilement dormir une heure de plus le matin avant d’aller bosser.

Evidemment, quelques heures avant l’heure prévue pour les récupérer, j’ai reçu un message téléphonique de Lex : il avait rendez-vous le lendemain matin, à 9h30, à 2000 km d’ici, et besoin de mon aide pour le soir.

J’ai dû passer mes envies de meurtre sur la peluche Dora l’Exploratrice.

Mort d’un fantasme

boydJ’ai un aveu à vous faire. Celui sans qui je serais peut-être homosexuelle à l’heure qu’il est, vient de mourir. Bon, d’accord, sur la fin, il n’était pas très sympathique. Non, vraiment pas. Ultraconservateur et ultralibéral. Antisémite. Homophobe. Président du lobby des armes à feu. Raciste. Il y a plus avenant, comme profil. On est tenté de mettre une partie de tout ça sur le compte de sa maladie d’Alzheimer ? Ce n’est certes pas donné à tout le monde de bien vieillir, mais là… brrrr… Oui mais voilà : Rendons à Charlton ce qui est à Charlton. Avant lui, je préférais les filles. Ne me demandez pas quel âge j’avais, mais c’est au beau milieu de "Ben Hur" que je me suis littéralement rendue compte, non sans une certaine surprise,  que oui, un garçon, ça pouvait aussi être agréable à regarder. Merci Charlton ?

Et à part ça, on est en avril et il a neigé. Tout était blanc ce matin. Surprenant et ravissant..

Cassée la voie

Il y a des jours où j’aime bien les problèmes de circulation de ma ligne de trains.

trainsourireDepuis presque deux ans, je prends très souvent le même train à la même heure. Et j’y trouve parfois les mêmes gens sur le quai. Oui, mais voilà, j’ai une incapacité sociale telle que depuis le temps, je n’avais adressé la parole à aucun. Des petits hochements de tête de reconnaissance ou des légers sourires, et puis basta. Oui, j’ai beau être pleine de bonne volonté pour établir un contact amical avec les terriens, je suis un peu autiste.

Et bien lorsque je suis arrivée ce matin sur le quai, et qu’il m’a paru plus chargé que d’habitude (in petto : "un train a dû être supprimé. Chouette, pour une fois que ce n’est pas le mien"), il a miraculeusement suffit d’un regard interrogateur, d’un rien, pour entamer la conversation avec deux de mes voisins habituels.

"Déraillement à la gare de [deux gares avant]. Le prochain train est dans quinze minutes. Ils ont annoncé ça il y a deux minutes". Et j’ai enchaîné sur la rareté du phénomène. Le reste est allé tout seul.

Nous avons épilogué sur notre mésaventure commune (que tous les cheminots me pardonnent les plaisanteries douteuses que j’ai pu émettre sur leur dynamisme et leur capacité de réactivité. Rien n’est plus facile que de nouer une conversation contre un ennemi commun, et vous avez fait l’affaire). Nous avons émis des hypothèses alarmantes sur la densité humaine du prochain train (allait-on pouvoir s’y glisser? Quid des gares suivantes?). Nous avons averti la dame qui courait le long de la gare, dehors, que ce n’était pas la peine de se presser : elle attraperait son train, même en marchant.

Et nous nous sommes réjouis de concert lorsqu’un train est arrivé beaucoup plus vite que prévu, avec en plus des places assises. Bref, tout bénef.

Soyons fous : si ça se trouve, à la prochaine catastrophe ferroviaire, je lui demanderai son nom, à la voisine de quai ?

Jour avec et jour sang

FoghornSavez-vous comment casser, d’un coup d’un seul, le moral à quelqu’un ?

Imaginez. Vous vous êtes réveillée en pleine forme, une minute avant votre réveil. Vous avez peut-être pris des bonnes résolutions ce matin, en tout cas vous êtes de très bonne humeur et abordez votre journée (pourtant de pure routine) tout guillerettazzte.

C’est ce jour là, à tous les coups, qu’un collègue (même pas forcément intime, hein) va s’arrêter à votre niveau, vous dévisager l’air un peu inquiet, et vous dire : "Oh, t’as l’air fatiguée, toi…."

(en option : "Faut dormir la nuit!" ou "c‘est quand, tes vacances?". En tout cas, rester plein de bonnes intentions)

Et voilà, ça tue…

Védéhem, ou le malheur des uns…

malchanceVous vous êtes rendu ridicule devant celle que vous aimez en secret depuis six mois ?  Votre copine de 19 ans vous trouve immature alors que vous avez 30 ans ? Votre patron vous signale en passant : "Vous savez, nos concurrents embauchent en ce moment" ? Vous avez envoyé par erreur un sms obscène à votre patron ? Vous venez de vous faire voler l’unique exemplaire de votre thèse, à présenter dans une heure ? Toute votre entreprise a été conviée à une réunion de travail, sauf vous? Vous avez 45 ans et votre mère vous a offert des pantoufles Teletubbies ?

Bref, aujourd’hui, vous jugez que vous avez une vie de m… ? Tout n’est pas perdu, vous pouvez encore avoir votre quart d’heure de célébrité grâce à VDM.

Vous pourrez aussi constater que vous n’êtes pas seul dans le malheur et dans le ridicule : d’autres racontent leur VDM, parfois à se tordre de rire, parfois banale ou vraiment pas fine, parfois trop belle pour être vraie. Vous pourrez même voter pour désigner les meilleures VDM (il y a une page du site qui vous permet d’avoir le classement des plus populaires). Attention, si vous tentez de voter deux fois, vous vous ferez traiter de "pourriture communiste" (!)

Ca a un côté addictif : une "VDM" ne prend que quelques secondes à lire, et après quelques fous rires, il devient difficile de s’arrêter.

Pour soumettre une "VDM", il vous suffit d’écrire une phrase qui commence par "Aujourd’hui..." et qui se termine par "VDM."

Celui que j’aurais pu écrire :

"Aujourd’hui, j’ai passé ma soirée à lire des VDM alors que j’avais prévu de faire le ménage. VDM".

Mon préféré est celui d’une dénommée Licorne : "Aujourd’hui, je suis tellement blasée du net que j’en arrive à chercher ‘Google’ dans Google. VDM."

Et vous, ce serait quoi la vôtre?

Des soucis et des sushis

La journée a été longue et pas facile au travail. Maintenant, il fait presque nuit, et j’ai hâte d’être enfin chez moi, d’autant qu’en ce moment mes enfants sont au bord de la mer et que j’ai envie de me reposer (étrange, hein, ce phénomène de décompression. J’ai moins à faire, je peux dormir, et pourtant je me sens épuisée !).

CehefPassage à la boutique SNCF pour achat d’un billet de train. Le guichetier me demande si j’ai une carte de fidélité : "Avez-vous moins de 26 ans?". Oh le vil flatteur. Un peu gros, mais gentil quand même : je le remercie en me marrant. Jovial comme tout, il me vend les billets dont j’ai besoin et réussit même à me convaincre d’investir dans une carte Eskapad pour avoir des billets moins chers. A cause de moi, il ferme son agence un peu trop tard, mais sans montrer le moindre signe d’impatience.chouchou

En sortant de là, je décide d’investir dans mon péché mignon préféré. Les sushis. Lex, quand il avait quelque chose à se faire pardonner, ne m’offrait pas de fleurs, mais me rapportait des sushis et sashimis.

Je connais ce restaurant japonais, pour y être allée deux ou trois fois, mais à ma surprise, le gérant me reconnaît immédiatement et vient me serrer la main. C’est un type éternellement souriant et chaleureux, qui semble en plus avoir une excellente mémoire puisqu’il se souvient de moi. "Avec des personnes agréables comme vous…" dit-il.

Et de deux gentillesses en Sashimisune seule soirée. Chic ! Même l’ambiance du restaurant, en attendant mon menu à emporter, est apaisante. Sur le haut des murs court un éclairage rose orangé qui donne l’impression d’une tranche de coucher de soleil, et qui rompt l’assemblage de couleurs sobres qui caractérise les restos japonais. De petits bruits de baguettes qui picorent leur repas, des poissons qui se promènent dans leur bocal, un nouveau sourire de mon hôte quand il m’apporte l’addition… je reprends du poil de la bête. Il en faut peu, au fond.

J’adôôre les sushis.

Ca déménage…

Elle en a de drôles d’idées, ma soeur, en matière de déco.appart

Elle n’habite pas la porte à côté, ma soeur, alors comme elle passait dans le coin, elle m’a rendu une courte visite. J’ai prévu une cafetière et des petits gâteaux que Raphaël a fait tourner, en "jeune homme de la maison".

"On achète un appartement ! Regarde, voilà le plan…. "

Fiche caractéristique. Photo d’un joli séjour qui semble accueillant et lumineux.

"Regarde, et ça, c’est ce qu’on va mettre dans la chambre du fond…".

Papier peint ? Tableau ? Ameublement remarquable ? Que nenni.

testroseDans l’enveloppe, une photo d’échographie. 12 SA.

Et voilà comment j’ai appris que j’allais être tata pour la deuxième fois…

Poudre blanche

J’ai pris une étrange décision la semaine dernière. Je suis (ou j’étais) accro à cette poudre blanche. Comme beaucoup.puderzucker Pourtant, selon certaines sources, elle serait très dangereuse pour la santé : troubles cardio-vasculaires, ostéoporose, entretien des inflammations intestinales, baisse immunitaire, cancer même! Et oui, caries, obésité et diabète aussi, mais ça, c’est plus connu.

L’addiction est redoutable. Discrète, insidieuse puisque cette poudre là fait partie de notre quotidien et est présente partout, de manière plus ou moins visible. En prendre une dose, c’est risquer d’avoir bientôt la pulsion d’en prendre une seconde plus importante, tout ça pour retrouver cette impression d’euphorie et d’apaisement. Elle a un effet tranquillisant, tant pour des raisons neuro-biologique (activation de centres de plaisir) que celles liés à un conditionnement qui peut remonter à l’enfance, voire la vie foetale. Il serait plus difficile de guérir de cette addiction que d’arrêter la cigarette ou le crack.bonbons

Voilà pourquoi, en guise de carême, j’ai décidé d’arrêter pour quarante jours les produits sucrés.

Je n’arrête pas les plats/sauces tous préparés, qui peuvent contenir beaucoup de sucre. Mais c’en est fini (pour un temps) des sucreries, pâtisseries, viennoiseries, chocolats, gâteaux et compagnie.

Une expérience. Un test. Et aussi, un espoir de prendre des habitudes moins sucrées par la suite.

Jusqu’ici, tout va bien. Une prise de conscience (attendue) de la place qu’elles occupent dans ma (nos?) vies. Et aussi, accessoirement, juste deux ou trois rêves bizarres avec présence de pâtisseries. C’est pas Siegmund que ça étonnerait…