Archive for août 29th, 2007

Impair en nombre impair

Ca s’est joué à une minute près.

J’avais déjà mis un peu d’ordre sur mon bureau et éteint ma machine. Debout, sac à l’épaule, j’étais en train de souhaiter une bonne soirée à mes collègues, lorsque le téléphone a sonné.

Un coup d’oeil à mon cadran : Cela ne ressemble pas aux numéros des quelques clients qui connaissent ma ligne directe. Cela ressemble un peu au numéro professionnel de Lex, à qui j’ai pourtant demandé d’utiliser plutôt mon portable. Dans le doute, je décroche.

"Vous êtes Madame Tsouinn ?

Quand la première chose qu’on vous sort au téléphone, c’est votre nom tout écorché, en général c’est mauvais signe. Cela sent la liste téléphonique revendue à la sauvette, le spam téléphonique, et cela m’irrite. Mais là, je ne suis pas chez moi…. quel client est donc en possession d’une version fantaisiste de mon nom ?

Heu, oui, enfin, Cinn – Ah oui, le nom était mal écrit sur le papier… C’est le fleuriste Machin, nous avons des fleurs à vous livrer, pouvons-nous venir maintenant ? – … Mais je ne suis pas chez moi… – Mais vous êtes bien rue XXX ? – Heuu, oui, mais je suis sur le départ… – Je suis juste à côté, c’est de la part de Monsieur Yex ?"…

Des fleurs, là, maintenant, tout de suite ? Et de la part de Lex ?! Il me fait livrer un bouquet, là, juste quand je suis sur le départ ? C’est quoi ces manipulations foireuses ? Non mais il exagère ! Je vais en faire quoi, maintenant, de ce gros truc, dans les transports ?… (quoi, quoi, comment ça je ne suis jamais contente?).

La fleuriste insiste, plaide, supplie presque. Elle peut être là dans un quart d’heure. Cinq minutes. Deux minutes, le temps de l’emballer. Bien sûr, pour elle, c’est aussi un travail à terminer. J’accepte de l’attendre en bas de l’immeuble à ma sortie (imminente).

Un quart d’heure plus tard, je suis dans mon train, tenant contre moi un joli bouquet rond, et odorant aussi, car il est décoré de feuilles de cassis. Rouge sombre et vert menthe, enveloppé de papier vert pâle, noué par une cordelette. Du cassis. Sniffe, sniffe. Cette senteur. Ils ont bien fait les choses. Comment ont-ils fait pour savoir que l’odeur me rappellerait le jardin de la maison où j’ai grandi ?IMGP1941bis

Je suis touchée, évidemment. Lex m’a offert une seule fois des roses…  mais des roses virtuelles, alors que nous n’étions qu’amis. En termes plus terre-à-terre, une simple image. Au premier plan, des roses blanches. Juste derrière, des rouges.

Cette fois-ci, une enveloppe épinglée au bouquet contient une carte toute simple  : "Merci".