Archive for juin 10th, 2007

Revisitons « Blanche-Neige »

Eva (du blog "Mes Copines et Moi") s’insurge contre l’image déplorable donnée de la famille et surtout de la femme dans le conte de fées "Blanche Neige et les Sept Nains".

Je me propose d’apporter une modeste contribution sous forme de quelques idées qui rendront au conte un peu de modernisme et de politiquement correct.

1) Nouveau titre : "Brune-Pêche et les sept personnes verticalement différentes". L’appellation "nain" me paraît discriminatoire et potentiellement offensante envers les personnes atteintes de nanisme. S’agissant de la description physique de l’héroïne, outre que le teint de navet n’est plus du tout à la mode pour une femme, le fait qu’elle soit forcément blanche est une incitation au racisme. Je propose donc une héroïne basanée, ou bien qui fait des UV.

2) L’histoire ne se passe pas dans une monarchie mais dans une république (pas d’apologie d’un régime où il n’y a pas de partage des pouvoirs). Brune-Pêche est donc non pas princesse mais belle-fille de Présidente.

3) La Présidente, donc, passe son temps à commander des sondages : "IFOP, IPSOS, qui est la femme la plus compétente du pays?" (valorisation des compétences plutôt que de l’apparence physique chez la jeune femme).

4) Quand la Présidente se rend compte que Brune-Pêche est devenue plus populaire qu’elle, elle organise une campagne de diffamation et monte de toutes pièces une "Affaire Brune-Pêche" où il apparaît que la jeune fille se serait dopée pour participer à une compétition sportive et aurait détourné l’argent du contribuable (plus d’effusion de sang ni de maltraitance de marcassin pour faire croire à la mort de l’héroïne)

5) Brune-Pêche parvient à rétablir la vérité mais décide de quitter le palais présidentiel, venant d’obtenir une place dans une école d’ingénieur prestigieuse. Ses professeurs, qui se trouvent être des personnes de petite taille, sont ravis d’avoir auprès d’eux une élève aussi intelligente (exit donc l’allusion à la jeune fille qui survit grâce à ses talents de cuisinière et de femme de ménage).

6) Un jour, Brune-Pêche se fait aborder par une vieille femme inconnue (en réalité la Présidente déguisée) qui essaye de lui refourguer une pomme à l’air douteux. Brune-Pêche ayant appris à ne jamais accepter de nourriture d’un(e) inconnu(e) (risque de tomber sur un dealer) et à ne pas manger entre les repas, esquive les doigts dans le nez la tentative d’empoisonnement.

7) Brune-Pêche, loin d’attendre dans un état comateux le baiser baveux d’un éventuel prétendant, est donc en mesure de faire tous projets sensés et modernes (sexualité bon teint, mariage optionnel, carrière lucrative, projet immobilier et crédit auto pour promener les enfants en Monospace, tout en  mangeant cinq fruits et légumes par jour). The end.

La prochaine fois, nous nous attaquerons à "La Belle aux Bois Dormant", ce fléau sexiste qui a transformé des générations de femmes en nunuches attendant le Prince Charmant sans bouger de chez elles, ou au "Petit Poucet", qui donne une image piteuse de la condition de parent (que ça soit l’ogre qui égorge ses propres filles sans s’en rendre compte ou les bûcherons qui abandonnent leurs enfants parce qu’ils n’ont plus les moyens de les nourrir, alors qu’ils auraient dû commencer par réfléchir avant d’arrêter la contraception, ces irresponsables).

Je suggère aussi à Eva de lire désormais à ses neveux les "Contes à l’Envers" de Dumas et Moissard, qui se sont livrés au même exercice que moi avec bien plus de talent, et ont donc réécrit "Blanche-Neige", entre autres contes ("Le Petit Chaperon Bleu marine", "la Belle au doigt bruyant", etc).