Archive for juin 7th, 2007

Lettre ouverte à une princesse aux yeux bleus

Chère Princesse de Voldenuit,

Comme je vous envie. Vous avez trouvé le grand amour, le vrai, celui qui débarque sans prévenir dans votre vie, mais aussi celui qui s’appuie sur une amitié vraie et des années de connaissance de l’autre. Vous et votre grand amour vous vouez des sentiments forts et profonds, empreints de tendresse et de respect. Evidemment, personne d’autre que vous n’a jamais éprouvé sentiments aussi forts. Vous êtes incapables de vivre totalement l’un sans l’autre. Chapeau bas.

Commme je vous plains néanmoins, d’avoir décidé -jusqu’à nouvel ordre- de ne pas le vivre. Et de vous sacrifier pour le bien de… de qui au fait ? Vos enfants, si j’ai bien compris. Votre mari peut-être (oui, il y a un mari). Votre vie a été difficile et il vous est problématique d’accepter d’être heureuse, d’être un peu égoïste, même si votre âme a soif de ce bonheur…

Je n’ai pas fait le même choix que vous et je ne le regrette pas. J’ai pris le risque de reprendre ma liberté malgré la présence de mes enfants, et plusieurs (dont leur père… mais aussi des proches) me l’ont vivement reproché.

C’est vrai, d’après ce que j’ai compris, les enfants souffrent souvent, très souvent (mais même pas toujours, à ce qu’il paraît… n’est-ce pas?) de la séparation de leurs parents. Mais combien souffrent autant, voire plus encore, du fait qu’ils restent ensemble sans s’entendre ? Combien gardent dans leur chair un modèle de couple catastrophique, qu’ils reproduisent par la suite en croyant bien faire ? Et surtout, quel cadeau empoisonné, trop lourd à porter, que de pouvoir leur dire un jour "J’ai sacrifié ma vie et mon bonheur pour toi" …Ou de le leur laisser deviner, ce qui revient un peu au même. Mira Kirschenbaum, thérapeute de couple (dans son livre "Trop Bien pour Partir, Pas Assez pour Rester", une thérapie pour l’ "indécision émotionnelle"), explique qu’à son avis on fait autant de mal à des enfants en restant là où on n’est pas heureux, qu’en se séparant. Culpabilisant ? Peut-être, mais aussi libérateur: on ne leur nuit pas plus en cherchant son propre bonheur qu’en se sacrifiant en leur nom.

Désormais, votre amour est épuré et immuable comme un cristal. Sublime, mais inachevé. Votre prince est là pour vous et vous le savez, sa simple présence silencieuse est un réconfort pour vous. Il vit cet amour impossible du mieux qu’il peut et y trouve, au delà des tourments, une certaine sérénité, avec le bonheur d’aimer et de se savoir aimé.

Oserez-vous y venir un jour ?

(P.S : Voldenuit… j’espère ne pas avoir dit trop de bêtises sur vous deux. Je décris la situation telle que je la perçois et que je la comprends, avec tout le biais que cela implique)