Archive for juin 19th, 2007

Droit devant elle vers l’horizon

Je suis sûre que 90% des parents sont déjà passés par là. Ne me contredisez pas, par pitié, je culpabilise déjà suffisamment comme ça.

Quelques instants d’inattention et un enfant disparaît.

Le temps de ranger la poussette dans le garage à vélo, parce que oui, il y a un garage à vélo, et en plus c’est une vache de local à vélo pas sympa où on accède en descendant une espèce de pente avec des marches où la poussette fait chtonk chtonk chtonk, tout ça en négociant son passage dans deux tournants pas commodes du tout, ensuite vous arrivez devant la porte, à la nage les jours de pluie puisqu’une grosse flaque a tendance à s’accumuler en bas de l’escalier, vous convainquez la porte de s’ouvrir en la torturant avec votre clé, vous coincez la porte tant bien que mal…. bref, il faut être un athlète accompli pour ranger sa poussette sans mal, et un clone du dieu Vishnou (à cause des huit bras) pour le faire en maîtrisant en même temps un grand sac de courses et deux enfants en bas âge.

Tout ça pour dire que j’avais laissé les enfants et le sac de courses en haut de l’escalier, dans la cour (qui est assez vaste, et où il y a donc toute la place de jouer).

Donc, au retour, moins d’une minute après : Raphaël est toujours là à sucer son pouce à côté du sac de courses (les garçons seraient-ils plus flemmards et statiques?), mais Laura a disparu. Ni à droite, ni à gauche. Et pourtant, il y a de la place de tous les côtés, elle a dû aller très, très vite.  J’aurais dû me méfier, c’était un jour de bougeotte particulière, pas plus tard qu’il y a vingt minutes elle avait trouvé comment se détacher de sa poussette et s’était mise à se promener dans le supermarché.

Panique. Pour donner une idée à un nullipare qui passerait par là et qui aurait lu jusqu’ici, c’est un peu comme quand vous avez l’impression que vous avez perdu (… ou qu’on vous a pris) votre sac à main / votre portefeuille et votre porte-clés, ou alors égaré un bras, mais en mille fois pire. Le vide au ventre, l’incrédulité, réfléchir vite pour essayer d’agir avant qu’il soit trop tard. Ne pas penser tout de suite à tout ce qui a pu se passer en si peu de temps, pas maintenant.

Les une ou deux minutes qui suivent durent des heures.

Pour agir vite, imaginer tout de suite le pire, du moins la situation la pire où on peut encore faire quelque chose : elle est sortie dans la rue, sûrement. A l’heure qu’il est, une voiture vient peut-être de l’éviter, il faut faire vite.

Circonstance aggravante: là où j’habite, il y a plusieurs sorties. Courir vers la plus proche en appelant et en regardant partout. Ne toujours pas trouver. Interroger un indigène (puisqu’il vient de la direction où je cherche). Rien. J’étais en train de répéter l’expérience vers la seconde sortie la plus proche (mais celle là paraissait déjà trop loin pour que Laura ait pu l’atteindre en si peu de temps?!) lorsque… "Il y a une petite fille, là!".

Laura avait eu la bonne idée de descendre en direction des parkings et avait tout simplement retrouvé d’autres enfants, des petits voisins accompagnés de leur papa. Soulagement sans nom. Tout l’immeuble sait désormais à quoi s’en tenir sur mon statut de mère indigne, mais au moins il n’est rien arrivé à Laura.

Il reste juste à trouver une solution pour la prochaine fois. Ressortir l’écharpe de portage, peut-être ?

Nota : Je n’entends écouter qu’avec la plus grande réserve toute remarque désobligeante émanant d’un(e) nullipare donneur(se) de leçons. Mais si les multipares ont des conseils pour la prochaine fois, je suis toute ouïe.