Archive for mai, 2008

Quatre étoiles

patobeurC’est bien un garçon. Vous passez un temps fou à vos fourneaux pour préparer un repas (disons, au moins vingt minutes) et il rechigne en disant qu’il n’aime pas ça. Il est allergique au mot "légumes" et se méfie de tout ce qui est vert. Il faut un chantage caractérisé des trésors de diplomatie pour lui faire essayer quelque chose de nouveau.

Et un jour, la reconnaissance arrive enfin.

C’était hier :

Raphaël (se régalant) : Tu sais, Maman ? Moi  : Oui ? Raphaël (doctement): Moi, je trouve que tu es une très bonne cuisinière. Moi (souriant angéliquement, comme si je ne venais pas d’entendre la chose la plus grotesque de mon existence) : Ah bon, tu trouves ? Raphaël (sûr de son fait) : " Il faut très bien cuisiner pour faire des pâtes au beurre aussi bonnes que ça".

Si seulement ça pouvait durer.

Si vous êtes sages, un jour, je vous donnerai la recette.

Vous savez que vous passez trop de temps devant votre ordinateur….(*)

…quand votre fils, très fier, vous offre un superbe set de table, dessiné et colorié à l’école maternelle à l’occasion de la Fête des Mères. Et le pose sur votre bureau, devant votre clavier, pour être sûr que vous allez bel et bien l’utiliser.

J’ai honte.

(*à la manière de Florimond)

L-l-l-l-l-lex et l’ort-t-t-t-t-t-thophoniste

Ce n’est pas toujours la même personne qui accompagne Raphaël chez l’orthophoniste (en général ça se passe pile au milieu de ma journée de travail, et je ne peux pas décemment faire l’aller et retour). Souvent, c’est ma mère, mais la vie d’une jeune retraitée est pleine d’obligations de toute sorte (conférences, amies à voir, jeunes mères à visiter, croisière, vacances au soleil…). Les grand-mères ne sont plus ce qu’elles étaient, c’est sûr. Donc il y a eu moi, et aussi mon papa, et dernièrement, pour la première fois, Lex et moi ensemble. DebutComme elle l’a fait à chaque accompagnateur nouveau, la praticienne a passé beaucoup de temps à discuter avec Lex, notamment dans un but pédagogique (voir mon billet précédent). Et moi qui (depuis peu) ne savais pas que Lex était bègue (encore une fois, il "gère" ses difficultés très efficacement), j’ai eu un aperçu du type de problèmes qu’il a pu rencontrer… et que je ne souhaite pas à mon fils :

  • Passer cinq minutes à arriver à dire un mot (sans exagérer, dit-il).
  • Se voir exclu de ses camarades, parce que c’est trop long de discuter avec vous.
  • Etre dispensé de lecture en classe, parce que cela prend trop de temps ("ça, c’est plutôt une bonne chose" selon l’orthophoniste, puisque cela permet de ne pas se sentir obligé de parler et de se sentir embarrassé devant toute la classe)
  • Devoir convaincre chaque nouveau professeur qu’il faut vous laisser parler, en lui montrant que ce que vous avez à dire est intéressant.

  • Apprendre tout seul les techniques qui permettent le contournement ou le passage en force de la parole.
  • Avoir envie qu’on vous laisse le temps de finir vos phrases, quel que soit le temps que cela prend, puisque cela fait partie de soi : Je supporte bien que l’autre soit grand, petit, laid, mince, gros, ou sente mauvais. Pourquoi l’autre ne me prend-il pas tel quel, avec mon défaut d’élocution?

Et l’orthophoniste d’évoquer, avec le plus de tact possible, la dérive de certains bègues, le pouvoir (obscur) que l’on veut exercer en obligeant l’autre à se plier à son propre rythme de communication.

Obliger l’autre à suivre son propre rythme ? Le regard de l’orthophoniste croise le mien. Je ne dis rien, mais je crois qu’elle a vu, au sourire de mon regard, que ça me rappelait des souvenirs. "Et vous, demande Lex à la fin de la séance, vous êtes accompagnée par un orthophoniste ? Je vois que vous avez quelques blocages et difficultés pour parler".

Elle saute sur l’occasion pour enfoncer le clou :"Non. Justement, les accidents de parole sont normaux. Là où ce n’est pas normal, c’est quand il y a un réflexe de contraction, de tension autour d’un blocage, et cela, je n’en ai pas".

Tout se tient.

T-t-t-t-t-thééééérapie

Ca ne se voit pas sur un blog, mais oui, on bégaye. Enfin, Raphaël bégaye, et moi aussi, un peu, en tout cas assez pour m’être dit qu’il fallait faire quelque chose pour tenter de lui éviter ce handicap dans sa vie future.

stutterVers 2-3 ans, on a demandé son avis au médecin, qui a dit que c’était très fréquent et qu’il ne fallait pas s’inquiéter avant au moins 4 ans.

A 3-4 ans, j’ai appris que le conseil donné précédemment, c’était la vieille école. Qu’en fait, au contraire, il fallait traiter le souci le plus tôt possible.

Grâce à l’Association Parole Bégaiement, j’ai pu trouver l’adresse d’une orthophoniste formée (ils ne le sont pas tous) aux nouvelles méthodes.

L’ancienne méthode consistait essentiellement à trouver des palliatifs, des trucs pour que le bégaiement ne se voie pas. Allonger certains sons, en éviter d’autres, trouver des mots, des périphrases pour remplacer ceux qu’on ne peut pas dire. Certains bègues mettent en oeuvre d’eux-mêmes ces béquilles : j’ai appris à l’occasion que Lex avait bégayé très lourdement étant plus jeune, et que parler était encore un souci constant pour lui, alors que je ne m’étais jamais rendue compte de rien.  Autrement dit, pour ceux-là, parler reste une difficulté, un passage en force ou contournement permanent, mais ça ne s’entend pas. La nouvelle approche consiste en quelque sorte à dédramatiser la parole, à considérer que les petits accidents de parole sont normaux et à éviter de provoquer une crispation dessus, puisque c’est la crispation qui provoque un cercle vicieux et qui provoque et aggrave le bégaiement. Au contraire, on tente de faciliter la communication, pour que la personne acquière au contraire un réflexe de détente. Pour cela, il est important que l’entourage (donc, pour un enfant : les parents, la maîtresse, etc. ; mais vous pouvez appliquer ça aux bègues que vous connaissez) soit informé de ce qu’il faut faire et ne pas faire : exemple :

  • ne pas donner des conseils techniques (de respiration, par exemple),
  • ne pas obliger à répéter un mot ou une phrase jusqu’à ce qu’ils soient corrects ;
  • ne pas faire comme si de rien n’était, comme si c’était normal : ne pas attendre sans rien dire que la personne ait fini de parler;
  • au contraire, exprimer la présence du trouble ("tu as un peu plus de mal à parler aujourd’hui ? Je vais t’aider…")
  • ne pas laisser la personne s’enliser dans son bégaiement : suggérer des mots, ou un contexte.

Bref, c’est une approche radicalement différente… et j’avais envie d’en dire un mot pour répandre (un peu) la bonne parole.

 

pour plus d’information : un tout petit livre d’Elisabeth Vincent :" Le bégaiement, la parole désorchestrée", aux éditions Les Essentiels Milan.

Tempête dans un verre à dents

Que faire quand on vous pique votre brosse à dents ? Réagir ou se taire ?

Relever l’affront ou laisser courir ?

hippoRéagir,  c’était peut-être faire une montagne de pas grand-chose, et accessoirement risquer un certain ridicule. Parce que en vrai, qui n’a pas plus ou moins fortuitement échangé des gouttelettes de salive avec autrui, sans lui demander de certificat médical préalable et sans en mourir pour autant ? Certes, ce n’est pas indiqué en cas d’épidémie de tuberculose, mais enfin, je ne connais pas de cas dans mon entourage immédiat. Le principal, avec une baby-sitter (surtout une qui n’intervient qu’exceptionnellement), c’est que les enfants soient bien avec elle, pas que toutes les maniaqueries de la maîtresse de maison soient respectées à la lettre.

Oui, mais se taire, c’était encaisser une très mauvaise surprise, c’était laisser dans l’ombre quelque chose qui me mettait mal à l’aise.

Il y asdb quelques temps, je me suis aperçue par hasard que Emerence, au moment d’emmener Raphaël à l’école, récupérait au passage une autre petite fille. Oui, alors que je la payais pour s’occuper de mon fils. Cela ne m’a pas dérangée qu’elle continue (après tout, je ne pense pas que cela change grand-chose pour lui) mais ma confiance en elle a été définitivement ébranlée par le fait qu’elle n’a pas jugé utile de m’en parler. Quand on ne parle pas d’une chose importante, de combien de choses moins importantes ne parle t’on pas ? Je n’avais pas saisi l’occasion, à l’époque, de lui poser au moins la question, et je le regrette.

Alors, j’ai composé le numéro d’Honorine.

Au début, Honorine a cru qu’il y avait un problème sur la brosse que Raphaël utilisait. Elle m’a expliqué laquelle il prenait. Quand je lui ai expliqué plus précisément mon souci, elle a ri.

En réalité, Raphaël avait légèrement déformé les faits. C’est lui-même, le traître, le charmeur, qui avait proposé ma brosse à dents à Honorine, et elle qui a mis les choses au point : non, ça ne se prête pas, oui, je me suis déjà préparée chez moi avant de venir.

Parfois, la vérité qui sort de la bouche des enfants, c’est leur vérité.

Une nounou dents fer

FranfineHonorine, décidément, malgré l’absence, mon fils t’adore.

Cette semaine, exceptionnellement, Honorine a accepté de me dépanner un matin où j’étais en panne de nounou. Mais lorsque j’ai annoncé à Raphaël le retour d’Emerence, la déception du petit était palpable.

Lui (geignard) : "Je préfère quand c’est Honorine!" Moi (encourageante) : "Ah ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle fait, Honorine?" Lui (souriant en coin, l’air de dire que Honorine est vraiment une sacrée rigolote) : "Elle se brosse les dents avec nous!" Moi (mal à l’aise) : Ah bon ? Et avec quelle brosse à dents? Lui (vraiment, quelle boute en train, cette Honorine!) : "Avec ta brosse à dents!" Moi (blanche, voulant en avoir le coeur net) "ha haha… c’est une blague, n’est-ce pas?" Lui (un peu inquiet maintenant) : "Heu, non,c ‘est pas une blague"

Berk. Berk. Berk. On peut faire confiance à personne.

Mon sang ne fit que 98 tours… (à suivre, comme dirait Gorgonzolla)

On ne devrait jamais apprendre à compter aux garçons

bougiroses"Et bien, tu sais, Maman, moi je sais compter jusqu’à cinquante-neuf! –  C’est vrai ?... [cherchant à pousser encore plus loin les limites du savoir] : Il y a quoi après cinquante-neuf ? Tu le sais?

Euuuh…zone30_kmh – Tu te souviens de quel âge a Mamie ?

(Une demi-seconde d’hésitation, puis la réponse fuse) :

TRENTE !"

Mieux vaut l’avoir en vidéo qu’en pension

Quand le chat se réveille – Simon’s cat

"Ah bon ! Ah ah ah…Alors, il a réussi à la refourgu… euh, à trouver quelqu’un pour la garder?"

Hé oui, mon petit frère est parti pour quelques jours en famille, mais ne pouvait pas emmener son chat, alors il me l’a confiée.

C’est un très joli chat, un chat qui m’a donné envie d’avoir un chat quand je l’ai gardée pour la première fois, une petite semaine durant.

C’est aussi un chat un peu… euh… névrosé et compliqué, qui a pour principal défaut de miauler de manière quasi-continue, avec un son de grincement de porte, quand elle est inquiète. Et quand elle est dans un lieu qu’elle ne connaît pas, elle est inquiète.

Un chat qui semble perpétuellement tiraillé entre l’envie de venir vous voir pour des câlins, et un réflexe de fuite. C’est assez déroutant, un chat qui vient vous réclamer des caresses en ondulant à un mètre de vous, puis file se cacher sous un meuble, prise de panique, si vous esquissez un geste vers elle.

C’est aussi un chat qui a peur des enfants, alors que les miens voient en elle un compagnon tout trouvé pour jouer à cache-cache ("Oh, je l’ai trouvée, sa cachette !! Oh, elle s’en va encore! Allez hop, on lui court encore après?"). La pauvre.

La première nuit, j’ai très peu dormi ; il faut dire que j’ai tenté de lui venir en aide quand elle miaulait (histoire qu’elle se taise, aussi), et que ça ne marchait pas car elle ne semblait pas elle-même savoir ce qu’elle voulait.

Le deuxième jour, j’ai sorti la boîte de Clomi***m, le médicament que je donnais à mon chat lorsqu’il avait des crises d’angoisse (les crises d’angoisse, lui, ça le faisait faire caca sur le canapé, alors bon…).

Un demi comprimé matin et soir. Miracle, elle ne miaule plus la nuit, et elle est plus calme le jour (bon, en même temps, c’est tombé sur le week-end où les enfants n’étaient pas là, alors ça se comprend un peu).

C’est beau la chimie.

Quand le chat veut rentrer – Simon’s cat

Ces deux vidéos sont réalisées par Simon Tofield, découvert grâce à Monsieur F.

Dernier rendez-vous

BodyAttack07Si j’écris que j’ai versé une larme à la fin d’un cours de sport, vous allez vous dire que je suis une loque. Non, simplement une grande sensible.

C’est simplement que c’était peut-être mon dernier cours de bodi atac  avant très longtemps. Ce n’est pas que j’en ai perdu le goût, non, un peu plus d’un an après, j’y trouve toujours autant de plaisir. Simplement, je n’arrive plus à y aller aussi souvent qu’avant. C’est en partie par choix (des fois, je préfère un week-end en bonne compagnie à un week-end où il y a du sport. C’est comme ça.), en partie par contrainte (Lex prend les enfants moins souvent). Or, mon abonnement prend fin dans deux semaines, et vu la dépense, ça devient sérieusement déraisonnable de le renouveler. Je ne veux pas baisser les bras pour autant. Il faut que je recommence à courir dès que je peux. Que je refréquente la belle Nancy. Bouger, ça reste un plaisir, même s’il reste difficile de prévoir des plages horaires pour ça. Même si c’est moins agréable et moins motivant toute seule. Oui, mais comment faire pour que face à des nécessités pratiques, ces bonnes résolutions ne tombent pas à l’eau au bout d’une semaine ? Je n’ai pas de réponse. J’ai  beau tourner ça dans tous les sens, je peux continuer à saisir les occasions que je verrai au fil du temps, mais je ne peux pas m’organiser de manière à me permettre quelque chose de régulier, de systématique. Pas de réponse, et ça me désole. Ajoutez à ce constat un peu morose une séance intense dans une salle où il faisait déjà assez chaud au début du cours, et qui est devenue vite étouffante. Et voilà, une larme s’est mêlée aux gouttes de sueur quand est venu le moment des étirements. Oui, mais je suis venue quand même. Je n’ai pas baissé les bras. Cet adieu en beauté est un verre à moitié plein.

Conte mièvreilleux

(Avertissement préalable : ce billet est truffé de spoilers. Ne le lisez pas si vous avez prochainement l’intention de regarder un « conte de filles »)enbleu

C’est un monde où tout le monde est beau ou belle, et où il y a beaucoup de bons sentiments, très peu de méchants et pas du tout de vieillards. Une mère et sa fille s’y ressemblent comme deux gouttes d’eau, sans un bouton d’acné de l’une, ni une ride ou une once de cellulite de l’autre.

Où les animaux parlent. Où le choix d’une tenue de bal avec accessoires est un enjeu existentiel.

Où tout le monde pousse la chansonnette (chorégraphie comprise) à la moindre occasion. Il y a d’ailleurs peu de personnages masculins : à part le jeune premier, les hommes sont relégués à quelques rôles secondaires (par exemple, à la fin de l’histoire, la jeune princesse retrouve sa mère, mais se fiche comme de son premier diadème de savoir où diable peut bien être passé son père).

Je viens de découvrir (en même temps que mes demi-clones) l’histoire de Ba**ie, Princesse de l’Île Mièvreilleuse Merveilleuse.

lucianaLes demi-clones en raffolent.

Je vous raconte un peu l’histoire, mais pas tout, hein, il ne faudrait pas gâcher le suspense.

Une petite fille blonde échoue sur une île déserte après un naufrage. Par bonheur, s’est échouée avec elle sa malle avec toutes ses robes, bijoux et chaussures. Elle est élevée avec les animaux de l’île qui deviennent ses amis. Elle ne se souvient ni de qui elle est, ni d’où elle vient.

Dix ans plus tard, un jeune prince aventureux vient explorer l’île, découvre la demoiselle et décide de lui faire découvrir la civilisation. Il faut dire qu’il lui doit une fière chandelle : il a failli se faire manger par des crocodiles, mais comme elle sait parler aux animaux, il lui a suffit d’intervenir en leur disant grosso modo « Allons, allons, fini de jouer, il ne faut pas manger le monsieur, voyons » pour qu’ils tournent les talons en bougonnant.

Ils tombent amoureux l’un de l’autre, mais leur mariage est impossible : héritier du trône, le prince ne peut épouser qu’une princesse (j’en vois qui commencent à anticiper sur le dénouement. C’est très vilain.). Il doit épouser la princesse Luciana, une brune toute gentille, mais avec qui il y a une incompatibilité d’humeur flagrante puisqu’elle aime l’opéra alors qu’il préfère l’équitation.

En fait, c’est la mère de Luciana, Ariana, qui est derrière tout ça, une très méchante qui n’arrête pas de vouloir assassiner le roi, notamment en empoisonnant tout le monde le jour du mariage pour devenir calife à la place du calife reine.

Heureusement, au final, Ariana reçoit le châtiment de ses crimes, l’humiliation suprême : elle se fait… comment vous dire ? Ce sont des images un peu dures, il est vrai, mais il faut parfois savoir, avec courage et lucidité, montrer que celui qui fait le Mal voit parfois son karma se retourner contre lui tel le boomerang sur la gueule de l’aborigène maladroit. Je vous dirai donc la vérité sans détour : à la fin, Ariana se fait tacher sa robe avec la fange des cochons! C’est atroce.

Il en est des barbieseries comme des poupées B**bie : affligeant… et en même temps, j’aurais adoré avoir les mêmes quand j’étais petite. Alors comment prétendre que je n’aime pas, alors qu’au fond de moi il y a aussi une Cinn de 8 ou 10 ans d’âge mental qui ne perd pas une miette de l’histoire ? Alors, aurez-vous le talent de deviner d’imaginer la fin de l’histoire ?