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La fin de l’allaitement long et le délai entre deux tétées

En juillet, je suis partie en vacances pour une grosse semaine, sans les enfants. J’ai oublié mon tire-lait.

D’habitude, quand je pars pour plus de deux jours, je l’emmène. Le but est de tirer un peu de lait, de temps en temps, pour maintenir la lactation. J’ai découvert que la lactation se poursuivait quand je ne tirais rien pendant deux ou trois jours, donc j’en profite pour espacer les séances. C’est vrai, c’est désagréable et contraignant, ce bidule.

Mais oublier le bidule ne pouvait signifier qu’une seule chose : j’étais, inconsciemment, d’accord pour ne plus stimuler ma lactation.

Ça a été une réelle tristesse. Je suis certaine qu’en arrêtant maintenant l’allaitement long, Laura n’en souffrira pas, mais pour moi cette idée que plus jamais je ne la réveillerai en douceur, plus jamais je ne l’apaiserai de cette manière, était un deuil à faire.

Pourtant, au bout de cinq jours, j’ai eu la curiosité de refaire l’essai. J’avais encore du lait.

On me l’a rappelé depuis : plus longtemps on poursuit l’allaitement long, plus on peut le poursuivre ou le reprendre selon les nécessités. Il y a des sociétés où les grand-mères offrent un allaitement « de compassion ». (Non ! Je ne compte pas allaiter mes futurs petits-enfants!).

Je pouvais donc continuer, en fait.

Avec une contrainte en moins, puisque je sais maintenant qu’il suffit de très peu de tétées pour ne pas complètement perdre une lactation « en veilleuse ».

Laura, en me revoyant à la fin de ladite semaine, a très rapidement demandé le sein.

Allaitement long et co-allaitement

Oui, on peut allaiter deux enfants à la fois. Testé et approuvé.

Classiquement, on vous explique que l’arrivée d’un deuxième enfant est l’occasion pour le premier de grandir et de sortir du rôle de « bébé ». Oui, mais le premier, même s’il est plus grand que l’autre, peut aussi être encore un bébé… pourquoi lui enlever le droit de rester petit à son rythme ? Pourquoi le forcer à faire dépendre son propre développement de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur, qui lui cause déjà assez de souci comme ça ? Aucun enfant n’a intérêt à rester petit éternellement, et j’ai une entière confiance dans le fait que mes enfants vont grandir et devenir de plus en plus autonomes. Ils sont programmés pour ça (ce sont de petits humains), même si je les accompagne sur ce chemin.

Allaiter deux enfants en même temps (c’est-à-dire un sur chaque sein) est possible, et bien pratique, lorsque les deux ont en même temps besoin d’un petit moment tranquille. Pouvoir calmer en quelques secondes deux enfants fatigués ou grognon qui pleurent, c’est quand même très appréciable et reposant. Mais personnellement, je n’en raffolais pas, probablement parce qu’on ne peut rien faire d’autre en même temps et qu’il me semble impossible de co-allaiter décemment en public (alors que pour faire téter un bébé seul, on peut toujours utiliser un foulard ou un bout de vêtement pour ménager sa pudeur).

Quelques principes à respecter quand on tente un double allaitement :

  • C’est toujours le petit qui doit téter en premier, ou du moins être le premier à se servir sur l’un des seins à chaque tétée. Après tout, c’est lui qui a le plus besoin de votre lait, alors que le plus grand a commencé depuis belle lurette à chercher l’essentiel de la nourriture ailleurs.
  • Si vous allaitez les deux en même temps, il « suffit » de positionner le bébé le plus petit en premier, il y a toujours moyen de trouver une place pour l’autre. Vous pouvez par exemple être assise avec un bébé sur chaque genou, ou allongée avec un bébé de chaque côté. J’ai essayé une fois ou deux la position où chaque enfant tète d’un côté, avec les pieds vers l’arrière ou vers l’extérieur, mais ce n’est pas ma préférée.

Le gros avantage avec le co-allaitement entre deux enfants d’âge différent, c’est qu’il n’y a aucun souci de lactation. L’un de vos enfants est encore petit et les première semaines, sa succion est encore maladroite. L’autre, en revanche, est devenu un « pro » et stimule donc votre lactation à la perfection. Autrement dit, grâce à la stimulation du plus grand, vous êtes à peu près sûre de ne jamais manquer de lait pour le plus petit… et ça, c’est plutôt rassurant, non?

Passage à l’allaitement long : votre boulot et votre tire-lait

Objectif : Tout simplement de maintenir l’allaitement suffisamment longtemps pour passer au mode « allaitement automatique », et aussi se rapprocher le plus possible de l’allaitement maternel exclusif des 6 premiers mois de l’enfant (recommandation de l’OMS)…

Il vous faut :

  • la possibilité de dégager une ou plusieurs pauses d’un quart d’heure au cours de votre journée de  travail (j’ai lu que certaines mères y parvenaient avec une seule pause par jour. Moi, j’en faisais trois : une le matin, une l’après-midi, et une pendant ma pause de midi. Et voilà comment mes enfants n’ont pas eu de biberon de lait de vache au cours de leurs six premiers mois, si l’on exclut les biberons de complément donnés par l’hôpital sans mon consentement) ;
  • un endroit où vous isoler : un bureau vide, par exemple, mais dans un contexte hostile on peut aussi se rabattre sur les toilettes ;
  • l’accès à un frigo, de préférence ;
  • l’accès à un point d’eau (nécessaire pour nettoyer le tire-lait entre deux tirages),
  • de quoi tirer votre lait et transporter des biberons gardés au frais (j’ai trouvé très pratique la mallette d’allaitement Avent, qui comprend même les sachets réfrigérants et qui est plutôt discrète à porter en ville).

maletteEt voilà ! Très simplement, vous emmenez le matin votre tire-lait et vos biberons vides, tout ça stérilisé. Vous prenez votre pause, tirez le lait que vous pouvez, nettoyez votre matériel, mettez les biberons pleins au frigo au fur et à mesure. En pratique, lorsque je tirais mon lait trois fois par jour, je ne le stérilisais que le matin, et ne faisais que le laver (soigneusement) pour les autres tirages du jour. Le soir, vous faites votre petit paquet (biberons plus sachets de froid pour les garder au frais pendant le voyage) et le ramenez chez vous. Vous préparez avec le lait du jour les biberons pour le lendemain (ou le lundi, si on est vendredi soir), et la boucle est bouclée.

Il peut paraître un peu hasardeux de se réussir à tirer du lait alors qu’on est mentalement dans un environnement de travail. Certaines ont besoin de penser à leur bébé ou de regarder une photo de lui pour avoir un peu plus de lait (ça marche!). Moi, il me suffisait de ne penser à rien de spécial, ou de prendre un bouquin pour passer le temps pendant le tirage.

Evidemment, c’est très contraignant (pas mal de vaisselle et de stérilisations, interruptions du travail, nécessité d’avoir un ou deux biberons de lait d’avance au congélateur en cas de baisse temporaire de lactation), mais ça n’a pas besoin de durer éternellement. J’ai été soulagée lorsque j’ai arrêté cette drôle de valse des biberons.

Mais j’ai gardé le tire-lait. Ca sert encore de temps en temps.

Allaitement long : l’allaitement automatique

La seule difficulté pour passer de l’allaitement court à l’allaitement long, c’est la durée.

Un des principes de base quand on allaite, c’est que la lactation est entretenue par la tétée du bébé. En cas de baisse de lactation, la première chose à faire est de faire téter davantage le bébé. Si il a une poussée de croissance et se met à téter plus souvent, il faut le laisser faire : au bout de peu de temps, votre production de lait s’adapte à sa demande et vous n’avez plus l’impression d’avoir les seins constamment vidés (impression fausse. Les seins produisent du lait en permanence).

Si vous allaitez à la demande les premiers temps, la production de lait est auto-entretenue. Mais si vous ralentissez le rythme des tétées, vous aurez automatiquement moins de lait.

Les premiers mois, une jeune mère ressent plusieurs fois par jour un « besoin » d’allaiter : les seins se tendent comme s’ils allaient exploser, parfois même le lait commence à couler tout seul, bref, le corps vous fait clairement comprendre que c’est l’heure du repas de votre bébé ; si vous tentez d’allaiter ou de tirer votre lait en dehors de ces « montées« , le lait risque d’être plus long à venir.. D’ailleurs, il y a souvent une sorte de coïncidence entre la faim du bébé et les montées de lait de la mère. Combien de fois je me suis réveillée au milieu de la nuit en en sentant une (Une montée de lait. What else, voyons!…), pour entendre moins de trente secondes plus tard les pleurs du bébé ?

Le corps des mères allaitantes au long cours est ainsi fait que nous n’avons plus de « montées de lait » depuis bien longtemps. près le passage à « l’allaitement automatique », la venue du lait se fait au contraire à la demande, lorsqu’un enfant vient téter.

Parallèlement, une fois passée à l’allaitement automatique, vous n’êtes plus non plus obligée d’allaiter aussi souvent. Une tétée (ou tirage de lait à l’aide d’un tire-lait) par jour suffit amplement pour continuer à avoir du lait.

C’est donc au cours des quatre premiers mois (environ) qu’il faut veiller à entretenir la lactation même si vous n’êtes pas auprès de votre bébé à ce moment là (si vous avez eu la folle idée de reprendre le travail, par exemple). Donc, il faut tirer votre lait au cours de la journée.

Je vous en parle bientôt dans le détail.

Allaitement long : le sevrage

Ce qui est frappant, avec l’allaitement long, c’est que le sevrage est beaucoup, mais alors beaucoup plus facile qu’avec un allaitement plus court.

Déjà, en principe (mais je n’ai pas testé), un enfant que l’on laisse téter aussi longtemps qu’il veut va s’arrêter de lui-même, quelque part entre 3 et 5 ans.

C’est Lex qui a décidé que Raphaël devait être sevré. Il avait trois ans. Moi, j’aurais bien tenté le sevrage naturel, mais encore une fois, ce n’est pas là, à mon sens, une décision à prendre sans l’avis du père.

bibs Prudente, j’ai procédé en plusieurs étapes, en étalant le sevrage sur une quinzaine de jours et en lui expliquant à chaque stade ce qui se passait : à partir de maintenant, on ne tète plus que matin et soir. A partir de maintenant, on ne tète plus que le soir. Et maintenant, tu es grand, on ne tète plus du tout.

Je m’attendais à ce que ce soit très dur, ayant en mémoire des récits de sevrage de bébés, qui refusaient le biberon, pleuraient longtemps pour réclamer une tétée, etc.

 

En fait, pas du tout. A chaque fois, il a réclamé une fois, voire deux, mais il a suffit que je lui répète la "consigne" pour qu’il s’y plie sans difficulté particulière.

Je vois deux raisons à cela.

D’une part, le fait de pouvoir expliquer les choses à un enfant assez grand pour le comprendre rend les choses plus maîtrisables pour lui. Il y est en quelque sorte associé, au lieu de  subir un changement dont le sens lui échappe.

Assiettes_unies_100D’autre part, plus l’enfant est grand, moins le lait maternel est une nécessité et plus il est un plaisir tout simple, une sorte de petit plus auquel il est plus facile de renoncer si on vous le demande. C’est une friandise, pas une source de dépendance. Quand vous êtes un grand garçon ou une grande fille, vous savez déjà qu’il y a un tas d’autres bonnes choses à goûter.

Au terme d’un allaitement long, le sevrage n’est pas une privation.

Allaitement long : les influences et la décision

Il y a quelque temps, j’ai reçu l’e-mail d’une lectrice qu’intéressait la série de billets que j’écris au sujet de l’allaitement long.

dents_bebeIl s’agissait d’une jeune mère qui avait eu droit à un allaitement long étant enfant (jusqu’à 5 ans!), et qui souhaitait poursuivre l’allaitement de son fils. Il se trouve que sa belle-mère, ses collègues et ses amis la pressaient tous de le cesser.

Le cas du mari était particulièrement désolant : il était au départ d’accord sur l’allaitement, mais s’était laissé influencer par le discours de sa mère.

Evidemment, les arguments "contre" étaient toujours les mêmes : l’allaitement empêcherait l’enfant de grandir et d’être autonome (il suffit de voir en vrai un enfant qui a été allaité pour se rendre compte que c’est plutôt le contraire).trompette

Je ne voudrais pas qu’on substitue une dictature à une autre. La décision d’allaiter ou non un enfant ne doit évidemment pas être celle de la mère seule, mais une décision commune des deux parents. Mais cela ne regarde personne d’autre, pas plus que les autres décisions qui concernent l’éducation d’un enfant.

Ce que je voudrais, c’est que la liberté de choix soit réelle. Que quel que soit le choix des parents, ceux-ci ne risquent pas d’être culpabilisés ou montrés du doigt.

Je voudrais que le fait de donner le sein en public ne soit pas considéré comme un acte indécent (=une nana qui montre son nichon) mais comme aussi anodin que de donner le biberon. Après tout, on peut très bien rester pudique en donnant le sein, les écharpes, les foulards, ça existe, que je sache !

Je voudrais qu’une femme qui n’a pas envie d’allaiter, parce que ce n’est pas son truc, soit aussi tout à fait libre de son choix, ou bien d’essayer un petit peu pour voir si cela lui convient ou pas.

Je rêve, hein !

Mais comment arriver à une réelle liberté de décider si on est constamment confronté, d’une part, à un tas d’idées toutes faites, d’autre part à un manque d’information et d’habitude ? Il est tellement plus facile de raisonner avec des préjugés et des idées toutes faites. Et tellement plus difficile d’y résister sans y avoir soi-même recours.

A vos marques, prêts, buvez !

Qui eût cru qu’on puisse me trouver sur les gradins d’un stade ce week-end ? Et bien, c’est chose faite. Rugby ? Que nenni. Foot, athlétisme ? Non plus.

grandet_t_eGrâce à une remarque de K, visiteur régulier du Minichat de Ralphy, j’ai appris l’existence de la Grande Tétée, et après quelques hésitations, je me suis décidée à y pointer le nez.

Je ne connaissais pas du tout l’existence de ce mouvement, ni même de la Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel (la honte! Pourtant, ce n’est pas une première!) ; mais l’idée de mettre un peu plus au grand jour, de "rendre visible", une pratique qui, si elle n’est pas marginale, mérite un brin d’encouragement (pour "allaiter deux jours, deux mois ou deux ans") , me plaît assez.a3cparisreduit

Me voilà donc, accompagnée de mes deux schtroumpfs et sous un soleil de plomb, maintenant sous le bras nos trois blousons que j’ai eu l’idée saugrenue d’emporter,  parmi une petite foule de mamans et de bébés de tous âges. A ma grande surprise, il n’y a pas que des très petits bébés, mais aussi des plus grand.

Il y a aussi une concentration d’écharpes de portages telle que je n’en ai jamais vu auparavant (sauf peut-être dans "Kirikou et les bêtes sauvages"? Ou sur l’Arbre à Bébés ?). Ici, c’est le monde à l’envers : ce sont les biberons et les poussettes qui sont l’exception ! Quelle surprise… je ne suis pas la seule mère fêlée de la région ! Larme à l’oeil. Je me sens moins seule, tout d’un coup. Et c’est en fin d’allaitement que je découvre ça ?!

Le seul petit hic, c’est que le temps que tout le monde s’installe et soit prêt pour la photo, Laura ne tenait plus en place… on tient peut-être tranquille dans les bras de sa maman à trois mois, mais à deux ans, on gigote, car on a envie d’explorer les alentours, et pas forcément de téter, pour une fois, à la demande… d’un photographe.

Allaitement : l’arsenal anti-baisse de lactation

Je n’a pas encore parlé des moyens d’avoir une lactation suffisante quand on allaite. Pourtant, si j’en crois des recherches par mot-clés qui aboutissent sur ces pages, c’est un souci assez répandu.

pns_legumeIl faut savoir que la plupart des femmes ont assez de lait pour nourrir un enfant, voire deux si nécessaire (oui, dans notre espèce, nous avons parfois des jumeaux). Le mécanisme principal qui déclenche et poursuit la lacatation, c’est la tétée. D’où l’intérêt d’allaiter à la demande, même peu à la fois, pour avoir une lactation appropriée aux besoins du bébé.

Il faut aussi boire abondamment et se nourrir suffisamment. Et se reposer autant que possible.

Dans la plupart des cas, cela suffit.  Même dans les périodes de croissance de l’enfant (ces périodes où il se met à boire plus que d’habitude et où on a l’impression de n’avoir plus de lait du tout dans les seins. Faux, on est juste en train de s’adapter).pns_eau

Ensuite, il y a tout un arsenal de moyens à utiliser en cas de baisse de lactation momentanée. Ben oui, on peut être stressée ou fatiguée, et avoir un peu moins de lait. Pour un temps.

En vrac, et selon vos préférences :

  • le Galactogyl : je l’ai trouvé redoutablement efficace pour un coup de pouce à court terme. Mais attention, c’est sucré.
  • Les traitements homéopathiques que l’on m’a conseillés (je n’y connais rien en homéopathie) : d’une part le lac defloratum 5ch, : 3 granules matin, midi et soir ;d’autre part, un traitement de 4 médicaments indiqués comme traitement homéo pour baisse de lactation « pour fatigue et contrariété » : 2 granules de chaque matin, midi et soir : Calcarea Carbonica os, Phosphoricum Acidum, Causticum, et Lachesis Mutus.
  • Les tisanes : fenouil notamment. Mais on m’a aussi conseillé une « recette » que je n’ai jamais testée et qui est la suivante :Semence d’angelique 5% Anis vert 25 % Carvis 15 % Fenouil 15 % Galega 20 % Houblon cone 10 % Laurier blanc (soit ortie blanche) 10%

    Une pincée pour 1 l d’eau. Laisser bouillir 3 min.

  • Les gélules : Levure de bière, Fenugrec, fenouil

A noter que tous les moyens ne semblent pas avoir le même effet sur toutes les femmes. Peut-être vous faudra t’il en essayer plusieurs avant de trouver celui qui fonctionne pour vous.

baby_bottleIl semble que certains practiciens français, mal informés, aient tendance à conseiller soit des biberons de complément en cas de baisse de lactation (ce qui, encore une fois, a pour effet un cercle vicieux : l’enfant qui a moins faim tètera moins, et donc la lactation sera moins stimulée, donc on aura besoin de plus de biberons de complément, etc), soit l’arrêt complet de l’allaitement.

C’est vraiment dommage, puisque les accidents de parcours de ce type peuvent être réversibles et l’allaitement, se poursuivre sans souci particulier même si au début, ou pendant un temps, la mère ne semble pas avoir assez de lait.

marie_thirion2Selon Marie Thirion, aux endroits où l’allaitement est la norme, seules trois femmes sur mille n’ont pas suffisamment de lait. En France, le taux de femmes qui cessent d’allaiter pour ce motif (… à tort ou à raison…) est bien plus important. J’ai en mémoire au moins dix fois plus.

Et vous, avez-vous d’autres « trucs » à conseiller ?

Allaitement long ou pas : restez têtue !

Il suffit de se renseigner un peu sur l’allaitement pour se rendre compte qu’il y a des tas d’idées reçues très répandues, et parfois contradictoires, sur le sujet. D’ailleurs, je ne prétends pas détenir toute la vérité sur la question.

Si vous êtes une jeune accouchée et que vous avez affaire à plus d’un membre du corps médical ou paramédical (infirmière/aide-soignante/puéricultrice/ASH/sage-femme), il est très probable que vous vous trouverez face à des conseils discordants, parfois absurdes (non, le bébé ne va pas s’étouffer s’il a le nez contre votre sein en tétant. Pas besoin d’appuyer un doigt sur le sein Et inutile d’attendre que votre bébé fasse son rot s’il n’a pas avalé d’air, comme il le ferait avec un bib’. Etc.).breastfeeding

La formation d’un médecin concernant l’allaitement se limite à trois ou quatre heures au cours de ses études. Pour peu que l’équipe médicale qui vous entoure comprenne des membres de différentes générations, ou de différentes cultures, ils n’auront en plus pas appris les mêmes choses (par exemple sur la durée maximale des tétées).

Pire : même si ils sont pleins de bonne volonté pour être "pro-allaitement", ils seront capables de donner à votre bébé, à votre insu et sans votre consentement, des biberons de complément (= tentative de sabotage caractérisé…). D’être incapable de vous rassurer ou de vous donner des conseils. Si vous n’avez pas assez de lait, on vous conseillera les bibs de complément, ou bien on vous conseillera d’arrêter, au lieu de vous donner les moyens d’avoir plus de lait. Et j’en passe sûrement. Une pharmacienne à qui je demandais un médicament pour stimuler la lactation m’a un jour proposé un médicament… qui sert à la bloquer ("vous ne voulez pas plutôt arrêter?")

603px_Breastfeeding_icon_medConseil numéro un, donc : se renseigner un peu sur la question avant de passer à l’acte. Lire au moins un livre sur l’allaitement (le mien, c’était "L’allaitement", de Marie Thirion), jeter un coup d’oeil chez la Leche League. Vous récolterez peut-être là aussi certains avis divergents, mais vous aurez quelques éléments pour vous forger une opinion et déceler d’éventuelles énormités (non, un sein n’est jamais "vide").

Conseil numéro deux : une fois que vous vous avez choisi votre camp et que vous êtes sûre de votre fait, n’hésitez pas à ruser lâchement s’il le faut. J’avais décidé d’allaiter à la demande (c’est le moyen le plus efficace pour avoir une bonne lactation, puisque c’est le fait que le bébé tète qui la stimule). Or, là où j’ai accouché, les deux fois, tout membre de l’équipe médicale ne jurait que par les six tétées par jour maxi.  Si j’ai bien compris, c’est parce qu’ils se basent sur l’idée qu’un bébé met 3 ou 4 heures à digérer son repas. Alors que la digestion du lait maternel dure moins d’une heure. Résultat : un bébé allaité a faim plus vite qu’un bébé nourri au biberon.

Pour mon premier bébé :

  • je me suis fait engueuler par l’équipe,
  • j’ai fait des tentatives pour espacer les tétées en donnant de l’eau à l’enfant qui réclamait (ce qui le calmait cinq minutes)
  • j’ai un peu triché en laissant l’enfant téter longtemps, ce qui réduisait l’écart entre la fin d’une tétée et le début de la suivante.
  • bref… le pauvre gamin a beaucoup pleuré et beaucoup eu faim.

Pour la deuxième :

Allaitement au long cours, le pourquoi (niveau 3 : le « pourquoi pas »)

Lorsqu’on est sur le point de terminer son deuxième allaitement long, on a déjà eu à causer à d’innombrables personnes pleines de bonnes intentions et décidées à vous expliquer plus ou moins diplomatiquement que vous avez tort et que vous devriez arrêter.

Le fait est que si à peu près tout le monde est prêt à reconnaître les bienfaits du lait maternel pour un tout petit bébé (l’OMS conseille un allaitement maternel exclusif pendant 6 mois!) et pour sa mère, l’enfant, lorsqu’il devient plus grand, a sans doute un besoin moins marqué de continuer à être allaité.

Evidemment, un allaitement long, c’est très rare en France. Les gens n’ont pas l’habitude de voir une personne de plus de six mois qui tète encore, alors ça leur fait un drôle d’effet. Un peu comme de voir un adolescent dans un couffin.

Comme ils n’ont pas l’habitude, ça va leur paraître, comme ça, à vue de nez, choquant et donc mauvais.

Les gens qui n’ont pas l’habitude vont s’imaginer des tas de choses complètement fausses pour essayer de justifier cette impression, comme quoi c’est choquant et mauvais. CQFD.

Par exemple, ils vont décréter :

  • que votre bébé va avoir plus de mal à s’arrêter (alors que c’est le contraire : mettez vous à la place de l’enfant :  il est beaucoup plus facile de cesser quelque chose dont on n’a plus vraiment besoin),
  • que votre bébé sera plus accroché à vous, plus dépendant, n’apprendra jamais l’autonomie : là aussi, je pense qu’au contraire, cela peut favoriser l’installation de cette "sécurité de base" qui fait que l’enfant va pouvoir évoluer plus facilement par lui-même par la suite. Archifaux à mon avis, donc.
  • que cela vous fatigue,
  • que cela vous empêche de donner autre chose à manger à votre bébé, que vous retardez d’autant la diversification (vous en connaissez beaucoup, des mères qui donnent du lait de suite à leur enfant sans rien leur donner d’autre?? Et bien pour le lait maternel, c’est pareil.).
  • que cela vous empêche de reprendre votre rôle de femme/épouse et d’avoir une sexualité de femme (No comment. Mon expérience personnelle est que ça n’a rien à voir).

Les mêmes personnes ne seraient pas choquées de voir un enfant du même âge qui boit du lait au biberon ou à qui l’un de ses parents fait un câlin. Parce que c’est plus courant.

Au final, au delà d’environ un an d’allaitement, parfois moins, vous entrez directement sous le feu de proches (gynéco, famille, collègues, amies) qui raisonnent à coups de préjugés et d’idées toutes faites et vous conseillent d’arrêter, avec évidemment les meilleures intentions du monde, mais sans tenir compte du fait que vous aussi, vous avez sérieusement réfléchi à la question et tiré vos propres conclusions.

Evidemment, vous n’arriverez jamais à les convaincre. Tant pis. Tout ce que vous pouvez essayer de faire, c’est vous faire discrète pour ne pas les choquer.

Ce n’est pas une quelconque obligation morale qui m’a fait continuer l’allaitement aussi longtemps. Ni même le fait évident que mes enfants appréciaient les tétées et les réclamaient eux-mêmes.

Simplement la circonstance toute bête, toute simple, que cela ne nuit à personne et que cela a bien plus d’avantages que d’inconvénients. Lorsque j’ai commencé à allaiter, j’espèrais arriver au bout des six mois d’allaitement exclusif recommandé par l’OMS, et je rêvais de continuer à allaiter jusqu’à ce que l’enfant arrête de lui-même OU que je me lasse. Oui, car d’après ce que j’ai entendu, un enfant allaité et non sevré s’arrête de lui-même, entre 3 et 5 ans environ. Bref, on est plutôt dans le domaine de quelque chose d’agréable et non plus indispensable. Dans le domaine du "pourquoi pas?" plutôt que dans le "parce que".

Le point du "pourquoi" étant à peu près éclairci, reste à donner une idée du "comment" (à suivre, une prochaine fois, s’il me reste quelques lecteurs).