Attente floue

attenteC’était un rendez-vous important. J’ai dû accélérer le pas pour arriver à l’heure. J’entre, me présente à sa secrétaire, m’assois… Et elle m’a fait attendre plus de deux heures. Oui, mais voilà, j’avais pris ce rendez-vous depuis un moment déjà, et il me fallait cette prescription pour de nouvelles lunettes.

Et puis il y a une tendance très humaine d’aller jusqu’au bout de ce que l’on a commencé, il y a même des stratégies commerciales finaudes qui se basent là-dessus (il y a un terme technique pour ça, du genre "pied dans la porte" mais il m’échappe) : on commence par vous faire miroiter quelque chose comme conséquence d’un acte simple ("Juliette, 21 ans, 95C, veut vous parler, cliquez ici pour lui répondre en direct live, peut-être même qu’elle branchera sa webcam") puis par ajouter petit à petit des obstacles (une première page où on vous demande votre e-mail, puis une seconde où on vous demande si vous voulez vous inscrire au site pour trois, six ou douze mois, sachant qu’il y a une réduction de 15% si vous signez pour un an).

C’est aussi la raison pour laquelle, si vous avez à prendre le bus et qu’il est en retard, le fait de savoir que le bus peut arriver d’un moment à l’autre et que vous avez déjà attendu 5, 10 ou 15 minutes, fait que vous continuez à attendre au lieu de vous mettre en route à pied, même pour un trajet de 15 minutes.

Bref, je suis restée. Certes, j’aurais pu partir en claquant la porte, reprendre une autre date, libérer une autre demi-journée… mais je suis restée. Attendre trois semaines de plus pour mon ordonnance, ça commençait à faire beaucoup. floue

Lorsque mon tour a fini par arriver, j’ai fait remarquer à l’ophtalmo, mine de rien, que l’attente avait été longue. Elle ne s’est pas excusée, et a simplement dit que de cette manière, elle ne perdait pas de temps si un patient se décommandait à la dernière minute.

Surbooking ? Passif-aggressivité ? J’ai détesté cette explication : ce n’était pas une maladresse d’organisation ponctuelle, mais un choix délibéré, partant du postulat que le temps de la praticienne est précieux et que les patients (c’est bien le terme) n’ont rien d’autre à faire de la journée que de lire des revues people dans une salle d’attente. Il vaut mieux qu’il perdent tous entre une heure et demie et deux heures et demie, que l’ophtalmologique perde un petit quart d’heure.

C’était il y a plusieurs années.

Et là, il me faut des nouvelles lunettes, puisque les miennes ont rendu l’âme, comme je l’expliquais dans le billet précédent. Cette fois-ci, j’ai choisi de voter avec mes yeux (puisqu’il ne faut pas voter avec ses pieds), et de me faire conseiller une autre crèmerie.

Je le vois la semaine prochaine. Il paraît même qu’il est beau gosse.

3 Comments

  1. K Says:

    Hé bé voilà l’explication de l’attente dans certains cabinet !! J’ai du mal à croire que de telles personnes existent… Fais gaffe avec le beau gosse, tu risques de te retrouver avec des verres inadéquate (car choisi sous le coup d’un éblouissement passager)

  2. La souris blonde Says:

    Hm… Y’a vraiment des praticiens très, très douteux sur le plan humain… Petit florilège: mon ex-dentiste faisait faire caca à son chien dans la cour de l’immeuble, et allait le câliner pendant les temps d’attente nécessaires au séchage d’un produit, par exemple. Ma kiné prend ses rendez-vous trop serrés, et quand elle se mélange les pinceaux, elle accuse systématiquement ses patients de s’être trompés. Quand vous allez la voir pour vous détendre le dos et qu’elle commence par une accusation injuste suite à laquelle elle vous fait la gueule, c’est pas gagné… Bon courage avec ton beau gosse, et gaffe à pas bégayer quand il te demandera de lire les petites lettres.

  3. ralphy Says:

    Ophtalmos rois

    C’est ainsi : il n’y a pas assez d’ophtalmos, alors ils se permettent tous les abus. Il ne faut pas alors hésiter à changer, et aller voir ailleurs, car même quand il y a pénurie, il y a toujours des gens corrects. Il y a quelques années, j’avais cassé mes lunettes. Sans ordonnance, je ne pouvais m’en procurer de nouvelles. Or, j’avais réellement besoin de lunettes pour travailler. Du coup, j’ai dû faire le tour de tous les ophtalmos de la ville de Lyon : en moyenne, on me proposait d’attendre… six semaines. Deux ou trois m’avaient proposé un délai de six mois (!). Un seul m’a pris en moins d’une semaine. Celui-ci m’a expliqué très gentiment qu’il travaillait du lundi au samedi, opérait plusieurs jours par semaine, et se consacrer à ses patients plutôt que d’aller jouer au golf comme ses confrères qui annonçaient des délais ridicules. Du coup, j’ai fait faire la totale chez lui, lunettes, lentilles. Coût ? 100 €. J’ai senti la note, mais c’est aussi l’une des rares fois où j’ai ressenti un médecin autant s’intéresser à mon cas et répondre pleinement à mes attentes du client que j’étais. Car en plus d’être des patients, nous sommes aussi des clients, et certains médecins n’ont tout simplement pas un contact facile, voire méprisent tout simplement leurs patients.

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