Les sauveurs

indestructibleDans une situation de détresse, le premier réflexe de Laura est de rechercher un sauveur ou une sauveuse.

Exemple de situation de détresse : on essaye de la contraindre à mettre des baskets alors qu’elle préfèrerait des bottes, à mettre des après-ski alors qu’elle voulait les sandales, à aller à la crèche alors qu’elle serait volontiers restée à la maison, à mettre un pantalon alors qu’elle voulait une robe, ou bien les chaussures marron à la place des chaussures roses (trop petites, certes, mais très jolies), etc. On ne compte plus les ordalies pour une petite fille, surtout si elle a du goût en chaussures.

A qui faire appel, alors, dans une situation aussi abominable ?

Deux conditions : il faut que la personne soit 1) une personne de confiance, et 2) différente du bourreau auquel elle a présentement affaire. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit présente (après tout, on ne sait jamais, la personne pourrait arriver puisqu’on l’appelle).

Ensuite, tout dépend des circonstances.

On peut appeler à la rescousse Papi ou Maman si Mamie vous fait des misères alors qu’on passe des vacances chez elle. Ou Mamie, si c’est Papi qui vous tourmente.

De retour de vacances, on peut pleurer après Mamie quand Maman vous emmène de force à la crèche.

superherosChez Papa, on peut appeler Maman, et vice versa.

Le postulat est limpide : si l’on fait appel au bon coeur d’une personne extérieure, il y a une petite chance qu’elle ne partage pas l’opinion de l’autre sur le calvaire qu’on vous fait endurer et qu’elle vole à votre secours. En gros, elle mise sur les divergences éducatives entre les uns et les autres.

Hier, pour la première fois, elle a eu l’idée d’appeler au secours son grand frère.

C’est vrai, c’est connu, les grands frères, c’est fait pour protéger les petites soeurs. Pour intervenir si un importun vous fait des misères dans la cour de récré. Pour régler son compte au malotru qui vous ferait "prrrrrt" en vous tirant la langue alors que tout ce que vous avez fait, pauvre innocente, c’était lui faire "flebllelblrrrt" en tirant la langue et essayé de le taper (c’est comme ça qu’on drague les grands de 3 ans, quand on a 2 ans). Ah, que de souvenirs de bravoure. Ce jour là, "Af’ël" s’est physiquement interposé entre sa petite soeur et le fâcheux, lequel n’a pas tardé à se carapater.

Revenons à nos moutons. Maman, donc, entraînait Laura vers sa chambre pour l’obliger (c’est atroce!) à se mettre en  pyjama. Alors a jailli l’appel de détresse : la main tendue d’espoir vers le sauveur potentiel, Laura s’est écriée :

"Af’ eeel! Af’eeel!".

Raphaël, en apparence stoïque (mais qui était certainement la proie d’un déchirant conflit de loyauté interne) a répondu :

"J’te sauve même pas, moi". N’est pas superhéros qui veut.

1 Comment

  1. ralphy Says:

    Futée

    Dis donc, elle est futée, la petite ! Et on dirait aussi, effectivement, qu’elle repère les divergences éducatives. A deux ans, c’est bon signe pour l’avenir, même si cela devient rapidement un cauchemar au quotidien… Il devient alors essentiel de ne pas remettre en cause une valeur sûre, l’image des parents. C’est toute la difficulté alors quand les deux parents ne vivent pas ensemble et ne communiquent pas au quotidien. Il faut alors veiller à ce que l’enfant comprenne que l’un et l’autre sont différents et même s’ils n’ont pas les mêmes opinions quant à l’éducation de leur enfant, tous deux lui veulent du bien. Purée, ça comprend tout ça, un môme de deux ans ??? 😉

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