Fausses confidences

En temps de crise, une mauvaise nouvelle peut être brutale.

Ca s’est passé comme ça, au détour d’une conversation avec notre comptable, Paciolia. Je l’appelais pour une histoire de facture, et l’une de nous a demandé à l’autre si elle venait à la soirée de Noël de TBT. Binômette ? Il me semblait que oui, mais finalement, non. Djeunette ? Pareil.

Paciolia : « …Quand à Sémire, elle ne vient pas, bien sûr, avec ce qui s’est passé »

Moi : « Comment ça ? »

Paciolia : « Mais… Tu le sais bien, non ? Sémire va quitter TBT« .

Moi : « Hein??? »

Paciolia : »Oups… J’ai fait une gaffe!  Moi qui croyais que vous étiez copines. Enfin bon, c’est confidentiel, hein, je ne t’ai rien dit, ne fais pas de gaffe! »

Saperlotte, moi aussi je croyais qu’on était copines.

En un mot comme en mille, j’ai appris par hasard qu’une copine, enfin, celle avec laquelle je pensais avoir noué un début d’amitié, était en train de se faire licencier. Et elle ne m’en avait pas parlé.

Je suis allée la voir presque aussitôt, m’attendant à ce qu’elle me confirme la nouvelle. Rien. Mais elle n’allait pas bien, et ça se voyait. Simplement, elle n’était pas d’humeur causante. « Quoi, tu ne viens plus à la soirée ? -Non. – Pourquoi ? – J’ai changé d’avis. »

Les jours suivants, j’ai essayé d’être agréable avec elle, au point de me faire envoyer bouler (« Depuis quand on se fait la bise? » si je lui tendais la joue). Je lui ai tendu des perches. Rien. Qu’est-ce que je lui avais donc fait ?

Coincée, je me suis mise dans l’état d’esprit de celle qui ne sait pas : je n’étais pas censée savoir puisque j’avais promis le secret. Si je lui en parlais, j’étais obligée d’avouer du même coup la gaffe de Paciolia. Il y a même eu cette pause de midi où Crystale m’a accompagnée pour un petit shopping, et où nous avons « essayé de comprendre » ce qui pouvait bien se passer. Comme Crystale et Sémire sont copines, je me suis demandée si elle en savait autant que moi sans pouvoir le dire non plus. Avec le recul, je pense que oui. Quelle perte de temps!

Au bout d’une dizaine de jours,  Sémire m’a demandé par mail si je n’avais pas sous la main une lettre de motivation dont elle pouvait s’inspirer.  Je n’en avais pas, mais elle a accepté avec joie mon aide, tout en ajoutant : « Ne sais-tu donc pas que je suis licenciée?« .

J’ai flairé le piège. Fidèle à ma ligne de conduite, je ne lui ai pas dit que je ne savais pas. J’ai dit que j’étais triste, je lui ai demandé ce qui s’était passé et pourquoi elle n’en avait pas parlé. Ouf, les choses étaient rentrées dans l’ordre. Sauf que :

« Tu ne le savais pas ? Vraiment ? Paciolia m’a dit qu’elle t’en avait parlé!« .

La peste. Elle n’aurait pas pu me prévenir ?

C’était donc pour ça, cette approche. C’était juste pour me tirer les vers du nez, juste pour savoir si je savais. La peste, elle aussi.

Ne plus jamais me laisser piéger comme ça. Je crois qu’on est brouillées, avec Sémire.

« Je n’avais qu’une copine et je la perds deux fois!« .

2 Comments

  1. Giusepe Says:

    Et pourquoi n’avez-vous pas tout expliqué ? « Paciola m’a demandé de faire comme si je ne savais pas , étant donné que tu ne m’avais rien dit, elle pensait avoir gaffé… » etc.
    Enfin une vraie explication plutôt qu’une demi.

  2. Cinn Says:

    Et bien, j’ai tout expliqué mais après coup… l’incident est clos avec Sémire je pense, mais la situation était très déplaisante !

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