Archive for octobre 21st, 2007

Du formalisme de la résiliation amoureuse

« Pourquoi rompre avec elle ? Sois un homme, un vrai : arrête d’appeler« .

(Joey à Chandler dans « Friends » (The one with the German laundry detergent) ».chandlerjoey

Le Code Civil, ni aucun Code d’ailleurs, n’accorde le moindre alinéa aux relations amoureuses. Pourtant, il semble que la plupart de ces relations suivent un certain nombre de règles non écrites, mais parfois orales.

Pourquoi, par exemple, est-il bon de préciser à son partenaire que l’on ne veut pas s’engager et que l’on se réserve le droit d’aller voir ailleurs si cela nous chante ? Parce que le contrat standard en la matière contient une clause d’exclusivité (du genre « chacun des cocontractants s’oblige à ne pas rouler de pelle à un tiers en présence de l’autre partie ») et que si un régime dérogatoire reste possible, il est souvent entendu comme étant l’exception.

Si la formation d’un contrat de relation amoureuse ne requiert aucun formalisme particulier, il me semble presque toujours préférable que la résiliation fasse l’objet d’une indication expresse, si possible avec présence physique des intéressés. 500px_Code_Civil_1804Ne pas agir ainsi revient à poser des règles tacites, des non-dits : la relation est terminée lorsque je sens qu’elle s’effiloche, et je choisis de considérer que l’autre pense la même chose que moi, pour ne pas avoir à rassembler le courage de formuler moi-même les mots qui terminent une histoire.

Les hommes ont la réputation de penser qu’il est au contraire plus honorable de ne pas prononcer ces mots-là, de s’éloigner sans bruit et sans heurt, en croyant ménager l’autre puisqu’on lui évite un face-à-face douloureux.

Appelez-moi Candy, appelez-moi Wendy, ou même Portalis ou de Maleville, mais je suis contre les résiliations tacites, et contre les commencements d’exécution d’un contrat ultérieur avant la rupture du premier. La seule exception concernerait les rencontres à peine ébauchées, où il ne s’est rien, ou quasiment rien passé. Dans ces cas là, je passe assez facilement sur une absence de réponse à une perche tendue… mais là encore, j’ai la même tendance à un certain formalisme quand la décision vient de moi. Est-ce que je suis la seule (ou du moins minoritaire) dans ce point de vue ? Et vous, pensez-vous qu’une rupture peut se passer de mots ?