Archive for mai 26th, 2008

T-t-t-t-t-thééééérapie

Ca ne se voit pas sur un blog, mais oui, on bégaye. Enfin, Raphaël bégaye, et moi aussi, un peu, en tout cas assez pour m’être dit qu’il fallait faire quelque chose pour tenter de lui éviter ce handicap dans sa vie future.

stutterVers 2-3 ans, on a demandé son avis au médecin, qui a dit que c’était très fréquent et qu’il ne fallait pas s’inquiéter avant au moins 4 ans.

A 3-4 ans, j’ai appris que le conseil donné précédemment, c’était la vieille école. Qu’en fait, au contraire, il fallait traiter le souci le plus tôt possible.

Grâce à l’Association Parole Bégaiement, j’ai pu trouver l’adresse d’une orthophoniste formée (ils ne le sont pas tous) aux nouvelles méthodes.

L’ancienne méthode consistait essentiellement à trouver des palliatifs, des trucs pour que le bégaiement ne se voie pas. Allonger certains sons, en éviter d’autres, trouver des mots, des périphrases pour remplacer ceux qu’on ne peut pas dire. Certains bègues mettent en oeuvre d’eux-mêmes ces béquilles : j’ai appris à l’occasion que Lex avait bégayé très lourdement étant plus jeune, et que parler était encore un souci constant pour lui, alors que je ne m’étais jamais rendue compte de rien.  Autrement dit, pour ceux-là, parler reste une difficulté, un passage en force ou contournement permanent, mais ça ne s’entend pas. La nouvelle approche consiste en quelque sorte à dédramatiser la parole, à considérer que les petits accidents de parole sont normaux et à éviter de provoquer une crispation dessus, puisque c’est la crispation qui provoque un cercle vicieux et qui provoque et aggrave le bégaiement. Au contraire, on tente de faciliter la communication, pour que la personne acquière au contraire un réflexe de détente. Pour cela, il est important que l’entourage (donc, pour un enfant : les parents, la maîtresse, etc. ; mais vous pouvez appliquer ça aux bègues que vous connaissez) soit informé de ce qu’il faut faire et ne pas faire : exemple :

  • ne pas donner des conseils techniques (de respiration, par exemple),
  • ne pas obliger à répéter un mot ou une phrase jusqu’à ce qu’ils soient corrects ;
  • ne pas faire comme si de rien n’était, comme si c’était normal : ne pas attendre sans rien dire que la personne ait fini de parler;
  • au contraire, exprimer la présence du trouble ("tu as un peu plus de mal à parler aujourd’hui ? Je vais t’aider…")
  • ne pas laisser la personne s’enliser dans son bégaiement : suggérer des mots, ou un contexte.

Bref, c’est une approche radicalement différente… et j’avais envie d’en dire un mot pour répandre (un peu) la bonne parole.

 

pour plus d’information : un tout petit livre d’Elisabeth Vincent :" Le bégaiement, la parole désorchestrée", aux éditions Les Essentiels Milan.