Atmosphère, atmosphère (2)

Pour ceux qui n’ont pas suivi, le début de l’histoire est ici, et l’issue était annoncée : C’est la basse-cour qui a gagné.

Mon travail chez Lherbe & Pluverte s’est terminé  fin mars.

Certes, mes référents ont eu à coeur de passer du temps à essayer de comprendre ces histoires de poulailler. A ma grande surprise, ils ont passé des heures en réunion ou au téléphone à discuter du problème.

J’ai été convoquée devant mes chefs, qui m’ont demandé, en substance, ce que j’avais à dire pour ma défense. On voulait ma version des faits, oui, mais desquels? J’ai tâtonné un peu et ai fini par tomber juste. A ma grande surprise, étaient arrivés à leur connaissance des incidents qui, à mon avis, n’étaient pas du tout à l’honneur de celles qui étaient venues les raconter (note perso : essayer de ne plus jamais travailler dans un endroit où il y a une telle majorité de femmes), et aussi d’autres rumeurs complètement fausses.

Le problème était devenu celui du groupe : il faut les comprendre, les pauvres, c’est fatigant de passer toute son énergie à médire et à mépriser la nouvelle, oui, celle là, là,  qui ne demande qu’à bosser tranquillement en gardant des relations courtoises avec tout le monde. Il faut trouver des prétextes, profiter des disponibilités de chacune pour se monter le bourrichon, étouffer les pulsions de culpabilité qu’on peut ressentir, trouver des arguments pour s’autojustifier. ll faut trouver des disponibilités pour aller se plaindre aux services des Relations Humaines sans qu’elle s’en aperçoive, jusqu’au tout dernier moment.  Il faut aussi jouer la comédie, plaisanter avec elle, faire de grands sourires, lui raconter les bobos du petit dernier, la visite de votre grand-mère à la maison, protester contre les méthodes des RH, croiser les doigts en lui souhaitant bonne chance quand elle part aux RH se faire signifier son congé. Cest vraiment éreintant. Ca ne pouvait plus durer.

La solution la plus simple, c’était de virer le monstre qui avait réussi à semer ainsi la zizanie dans le service. Fallait-il que je soie agressive, manipulatrice et sournoise pour qu’on soit obligé d’en arriver là (ceux qui me connaissent verront comme ce portrait est juste).

Oui, mais en même temps c’était embêtant : je faisais du très bon travail.

Il a donc fallu un peu plus de temps avant d’arriver tout de même à la solution la plus naturelle : éliminer l’élément perturbateur.

Allez savoir pourquoi, mais quand la Directrice des Ressources Humaines a pris un air compassé et a entrepris de dire qu’il y avait des choses  difficiles à annoncer, j’ai accueilli la nouvelle avec un certain soulagement.

Il paraît aussi que mon départ est censé les faire réfléchir et « grandir« .
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai des doutes sur l’efficacité du procédé.

5 Comments

  1. tchat Says:

    Virer quelqu’un pour cause de bon travail (en somme), c’est grandir ? Waouh !

  2. Sun Says:

    je crois que c’était lui, qui faisait ça. En début de tournage, il embauchait un acteur et il le virait dès la première semaine. Comme ça les autres acteurs se tenaient « à carreaux » pendant tout le tournage. Peut être as tu été victime, d’une technique similaire ?

  3. Cinn Says:

    > Ralphy : ce n’est pas tout à fait ça. Réussir à faire virer une collègue à coups de ruses de basse-cour que les supérieurs veulent bien écouter, c’est censé donner des remords et faire réfléchir sur son vilain comportement.

    > Sun : Similaire de manière très lointaine alors…

  4. tchat Says:

    Ne vire-t-on pas plutôt celle qui se plaint pour un rien pour la faire réfléchir ?

  5. Cinn Says:

    > Ralphy : Non, elle coûte trop cher à virer, ça fait 10 ans qu’elle est là… le calcul est vite fait.

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