Archive for février 25th, 2008

N-étiquettée

Je suis une spammeuse !academie_Nadine

J’ai envoyé des e-mails non sollicités à des internautes que je ne connaissais pas. Je n’ai même pas regardé si c’étaient des garçons ou des filles, ni si ça ressemblait à une adresse professionnelle. Et pourtant je n’ai pas l’excuse d’avoir fait une quelconque erreur de manipulation ou d’avoir cliqué par erreur sur un bouton qu’il ne fallait pas. C’est mal, hein?

Mais pour ma défense, c’est eux qui ont commencé.

Prenez Athénaïs, une jeune femme qui aime discuter sur des forums. Je ne l’ai jamais rencontrée en vrai, mais néanmoins discuté avec elle suffisamment pour qu’elle ose me confier un secret personnel et potentiellement dangereux pour elle. Non sans surprise de ma part, car nous sommes plutôt copines virtuelles qu’intimes.

Athénaïs a reçu, il n’y a pas longtemps, une alerte sanitaire si alarmante ("Message de sûreté du Québec, prévenez d’urgence vos brus, filles, nièces, gardiennes, voisines" (sic), etc etc.) que, même si je ne l’avais pas déjà rencontré auparavant, j’aurais immédiatement flairé le hoax.

Soucieuse du bien-être de ses copines virtuelles, elle l’a immédiatement transmis à tout son carnet d’adresses. En clair. C’est-à-dire en laissant tout le monde voir les adresses de tout le monde.

Mon sang n’a fait qu’un tour. C’était une mission pour .. Super-Maîtresse Cinn !

J’ai empoigné mon super-clavier, appelé à la rescousse mon aide de camp Super-Mulot et filé sur Hoaxbuster pour copier l’adresse de la page où le canular était démonté et expliqué.

J’ai concocté un mail de deux lignes, sans ambages, sans formule de politesse et sans fioritures, du genre "A ne pas diffuser, c’est un canular", suivi du lien susmentionné.

C’était une urgence, un sauvetage, un acte de santé publique, visant à la fois à diffuser la vérité le plus rapidement au plus grand nombre (car le message, avouez-le, était très inquiétant pour les brus, gardiennes et autres belles-filles du carnet d’adresse d’Athénaïs, qui avaient sûrement besoin d’être rassurées) qu’à attirer l’attention d’Athénaïs sur le fait que toute nouvelle n’était pas forcément à diffuser d’urgence.

Bon, d’accord, ce n’était pas très discret comme intervention, mais c’était peut-être une question de minutes avant que le message ne soit à nouveau renvoyé à plusieurs carnets d’adresse entiers.

Vous savez quoi ?

Je me suis fait incendier par Athénaïs : "Je te prie de ne plus envoyer d’e-mails à mes contacts".

Interrogée en retour, elle m’a expliqué qu’elle aurait reçu des réactions du type "Mais c’est qui cette personne qui se permet d’envoyer des mails en utilisant ta liste de contacts" (mais non, pas la liste de contacts, je n’y ai pas accès, voyons ! Juste la liste des interlocuteurs de cette discussion!). Et aussi, accessoirement, que son mari m’avait prise pour un homme au vu de mon pseudo (bon, ça, c’est un autre problème, ma pauvre Athénaïs, si ton mari surveille tes mails et ne veut pas que tu reçoive d’e-mails d’inconnus). J’ai répondu en en profitant pour en rajouter une couche sur  le fait 1) que  je n’utiliserais pas les adresses en question autrement que pour le démenti en question, et que 2)  normalement, quand on envoie le même message à un grand nombre de personnes, surtout si elles ne se connaissent pas, on les met en "copie cachée" et pas en copie. Elle m’a répondu : "Je ne met jamais personne en liste cachée, tout simplement parce que personnellement je n’avais jamais pensé prendre les contacts de quelqu’un d’autre sans son accord". Mince alors. Elle croyait quoi, que je voulais lui piquer ses copines, façon cour d’école primaire ? Que je voulais  fomenter un complot secret derrière son dos ? Pourtant, mon mail était on ne peut plus laconique, et je n’ai proposé à personne de cam chaude.  Je ne lui ai même pas reexpliqué qu’il y a de vrais spammeurs qui auraient pu récupérer toutes ces adresses au vol. Quelque chose me dit qu’elle doit m’en vouloir un peu d’avoir montré à tout ce beau monde qu’elle pouvait être un peu crédule, et que son indignation n’est pas sans être teintée d’un peu de mauvaise foi.

Nous, les super-héros virtuels, sommes des incompris.