Archive for janvier, 2008

Manque

C’est abominable. Il me manque trop. J’ai des sueurs froides, des palpitations, une impression de compression dans la poitrine, des crises d’angoisse. Je ne pense plus qu’à ça. Parfois je frôle la perte de connaissance.

Tout ça pour un déménagement.

Lex ayant enlevé de chez moi l’essentiel de ses affaires (mais on dirait qu’il n’arrive jamais à ne pas y oublier quelque chose), la pièce qui lui servait de bureau devrait devenir sous peu une salle de jeu ou une chambre d’enfant. J’ai donc décidé d’en ôter tout ce qui était précieux appareillage électrique qui pourrait être abîmé par ces sales gosses susceptible de représenter un danger pour mes petits anges innocents.

quantiquetl_15Exit, donc, le fatras de câbles installé par Lex sous prétexte de connexion Internet. Incroyable d’ailleurs comme ces petites bêtes aiment s’enchevêtrer. Le temps que je démêle tout, que je transporte tout sur une tablette à roulettes vers un nouvel emplacement, et que je rebranche tout… on n’y voyait à nouveau plus clairement quoi était relié à quoi sans suivre méticuleusement le cours de ces fils qui se ressemblent tous.

Et le syndrome de manque, dans tout ça? J’y viens.

Le temps de tout débrancher et de tout rebrancher, j’ai dû casser quelque chose. D’abord, ça ne marchait plus. Puis, ça a à nouveau marché, sauf que le téléphone grésillait à fond les manettes dans mes pauvres petites oreilles. J’ai dû me rabattre sur mon autre ligne pour tenir une conversation à peu près audible.

Puis j’ai éteint le tout pour la nuit et suis allée sommeiller du sommeil du juste.

Et depuis, plus rien ne marche. Plus de ligne IP. Plus d’Internet. J’ai eu beau mettre le nez dans la doc, bien examiner les prises diverses sous toutes les coutures, et même indiquer à ma petite ****box mes identifiants, au cas où elle les aurait oublié pendant le voyage (il y avait quand même pas loin de 5m!). Rien n’y a fait.

Je vous laisse imaginer l’horreur, la sensation de manque absolu. Ouinnnnnnnn.

L’heure est grave. A situation désespérée, mesure désespérée. Ce soir, je tente l’électrochoc. Le bouton reset, et la tentative de réinstallation complète du machin.

En priant Sainte Rita.

Bouffeurs de temps

Voilà une réflexion que je me fais depuis mon article sur les "Rognures de temps".

J’y expliquais comment je me donnais du mal pour arriver à attraper mon train, malgré l’adversité. Il s’agit en gros du train qui me permet d’arriver un poil en avance au travail, au lieu de pile à l’heure.

"Je me sens vivant quand les autres ne décident pas de mon temps" commentait un lecteur là . Ben oui, c’est exactement ça. Ou peut-être plutôt, quand j’ai l’illusion que les autres ne décident pas de mon temps, fût-ce pour quelques instants, parce que quand on y pense, les moments où on a le choix absolu de ce qu’on fait sont assez rares.

En l’occurrence, devinez vers quoi je vais tendre si j’ai le choix entre les scénarii suivant :

Scénario A : Je poireaute dix à quinze minutes sur mon quai, dans le vent/la pluie/la neige/le blizzard (rayer la mention inutile) à attendre le bon vouloir du conducteur qui, s’il ne fait pas grève et si la bétaillière le train dans lequel nous allons nous entasser n’est pas supprimé inopinément, va me conduire à destination. Lorsque j’arrive à mon travail, mon chef me saute dessus, fou d’inquiétude, avant même que j’aie ôté mon manteau, pour me confier toutes les urgences qu’il a promises à ses clients pour l’avant-veille.

Scénario B : Mon attente sur le quai est réduite au minimum. Je chemine tranquillement, cheveux au vent, profitant des premiers rayons du soleil, jusqu’au bureau. Je me fais un petit café et ai le temps d’allumer ma machine, histoire de regarder si mes lecteurs chéris m’ont laissé des commentaires.

Soit dit en passant, en toute objectivité, hein…

Rapporteur !

"Cornélie m’a dit : Claryse a fait une bêtise! Alors je lui ai dit : ce n’est pas à toi de gronder ta soeur. Et j’ai puni les deux, celle qui a fait une bêtise et celle qui me l’a dit. Pas de rapporteuse chez nous." Est-ce qu’on est les seuls, nous, les français, à avoir une allergie à la dénonciation ? J’ai l’impression que dans l’inconscient général, celui qui dénonce quelque chose s’assimile forcément à celui qui dénonçait des juifs sous Vichy.

Autrement dit, le rapporteur, c’est forcément 1) quelqu’un qui soumet lâchement un innocent à une punition abominable, et 2) un complice de l’Etat, ou du moins d’une autorité forcément injuste, arbitraire, tyrannique et oppressive.

Alors on fait quoi, quand on a été élevée comme Claryse et Cornélie, quand on voit quelques années plus tard un petit camarade battu, un autre petit camarade victime de racket? Quand on voit encore plus tard un(e) autre camarade victime de violences, un autre qui vole dans les magasins et un qui se pique en douce ? Quand on a, encore plus tard, des connaissances qui fraudent le Fisc ou qui maltraitent le Code de la Route ? Un petit voisin victime de maltraitance ? Un individu qui vous menace de mort ? Un patron-voyou qui colle un avertissement à sa salariée parce qu’elle a osé présenter un arrêt maladie de 3 jours ? Ou tout simplement si vous êtes coincé chez vous parce qu’un petit malin s’est garé devant votre sortie de parking ?

On la ferme. On a appris qu’on ne fait pas justice soi-même (on ne "gronde" pas l’autre), et qu’on ne s’en remet pas à une autorité supérieure plus forte que soi pour régler le problème.

On laisse la pauvre victime potentielle (la Mafia, par exemple) se livrer à ses affaires personnelles qui ne nous regardent pas. L’Etat est un infâme empêcheur de tourner en rond, et ceux qui le grugent sont des héros.  Alors on laisse faire, c’est pas nos oignons.

…..Vive les délateurs !

Garçon-objet

Je m’alarme peut-être pour pas grand chose, mais là, ça me chiffonne.

Lex pratique le cododo systématique avec les enfants, ça, je le sais depuis un moment. Résultat : j’ai du mal à les faire dormir chacun dans son lit (surtout Laura) quand ils sont chez moi. Bon, perso, je trouve que 4 ans, c’est un peu tard pour continuer le cododo, mais est-ce qu’il ne vaut pas mieux que j’évite de l’ouvrir quand il s’agit de maternage, moi qui vous bassine régulièrement au sujet de l’allaitement long ?

Mais pourquoi Raphaël dort-il avec son papa ? Et bien, j’ai eu la réponse :

"Papa est un grand, il n’a pas de doudou, alors il m’a choisi comme doudou. Je suis le doudou de Papa." Mon fils, un objet, une annexe de son père?!

screwydedPeut-être que c’est une remarque en l’air, une blague. Oui, mais j’ai l’impression que cette réflexion m’ouvre les yeux sur jusqu’à quel point Lex est fusionnel avec son fils depuis le début. Pourquoi il ne peut rien lui refuser, pourquoi il évite à tout prix de le contrarier, pourquoi il souffre terriblement quand ils sont séparés trois jours. "Lex n’a pas eu un problème avec son père quand il était petit ?… Oui?… Je l’avais deviné" (dixit ma mère)

J’ai réagi en expliquant qu’un garçon ne pouvait pas être le doudou d’une personne. Que les doudous, ce sont les objets.

Mince, comment je fais, moi, pour éviter que ce soit Raphaël, dans quelques décennies, qui est celui qui "a eu un problème avec son père" ?

(On me dira : je dois m’assurer en premier lieu qu’il n’aura pas de problème majeur avec sa mère. Mais c’est impossible, toute personne normalement constituée a un problème avec sa mère. Demandez à Tonton Sigmund).

SOS à la chaîne

En lettres majuscules, sur un bout de papier pâlement coloré : "Bonjour, je suis sans abri, j’ai deux enfants. Si vous avez bon coeur, aidez-moi avec tout ce que vous pouvez s’il vous plaît. Dieu vous bénisse.Remettez le papier SVP. Un euro, deux euros ou un ticket restaurant."  Ceux qui prennent les transports en commun connaissent le système : on vous pose le petit papier en face de vous sans vous regarder et on revient chercher plus tard ce que vous y avez déposé (en récupérant le papier au passage, ça va resservir). Le système est plus autiste que celui qui consiste à s’adresser à la cantonade dans le wagon, plus accessible à un non francophone aussi. Et moins fatigant.

Oui, mais c’est le deuxième en dix minutes. Avec exactement le même bout de papier, le même format et le même texte. Par exemple, ils ont tous les deux deux enfants.

Du coup, ça devient moins crédible, la mendicité industrielle.

SOS ou pêche aux poires ? …Sûrement un peu entre les deux.

Scoops

On en apprend des trucs en lisant les modes d’emploi. Telle que vous me voyez, j’ai acheté une nouvelle montre hier.

Je peux vivre sans montre (surtout avec le nombre d’horloges et pendules diverses entre lesquelles je navigue : celles des ordinateurs, celles des téléphones fixes et celle du téléphone portable, celle de la gare, et toutes les montres de ceux à qui on peut demander l’heure. Mais avoir une montre, c’est aussi 1) pouvoir donner l’heure, 2) savoir à peu près où on est entre deux horloges sans avoir à sortir son téléphone portable de sa housse après l’avoir extrait de son sac. C’est utile dans certaines situations.)

Je me suis acheté, non pas une montre, mais une deuxième montre, la première sur laquelle j’avais porté mon choix était un peu flashy et n’allait pas trop avec mes tenues de travail (c’est pas ma faute si j’aime bien le rose fluo, d’abord).

Donc, voilà, quand vous achetez une montre tout ce qu’il y a de plus banal, il y a une notice d’une demi-page écrite en tout petit pour vous dire comment ça marche.

horloge1Ca commence par un gros schéma annoté, pour que vous compreniez bien la disposition de l’appareil. Certes, le bracelet et le cadran ne sont pas légendés, mais on y trouve bien l’indication de : en (1) : l’aiguille des minutes en (2) : l’aiguille des heures en (3) : l’aiguille des secondes. En (A), cerise sur le gâteau (… roulement de tambours…) : la COURONNE DE REGLAGE ! Autrement dit le petit bouton qui sert à faire bouger les aiguilles quand la montre n’est pas à l’heure. D’où le passage à un système de légende différent. Les chiffres, c’est pour les aiguilles. Les lettres, c’est pour les boutons. Chaque chose à sa place, ça permet d’y voir un peu plus clair dans un schéma déjà un peu complexe. Ouf, merci les techniciens.

Bon, jusqu’ici, ça correspond quand même à peu près à la disposition que j’avais apprise vers le CE1, quand j’ai appris à lire l’heure. Mais bon, peut-être que tout le monde n’a pas appris à lire sur une horloge à affichage analogique.

Comme sur toutes les notices, on commence par me féliciter de mon achat (et si je l’avais volée, hein?), avant de me préciser : "Cette montre vous accompagnera dans vos loisirs, votre pratique sportive ou tout simplement votre vie quotidienne. Résistante, étanche, précise et pratique, elle saura vite vous séduire par sa polyvalence et ses qualités de fabrication". Car j’ai oublié de le préciser : c’est une montre achetée dans un magasin de sport. Polyvalence ? Je suis sûre que vous êtes curieux.

Taratatam. Mesdames et Messieurs, préparez-vous à être éblouis. Nous allons parler de mystères où la main de l’homme n’a jamais mis le pied. Explorer les mille et une fonctions d’un appareil à la pointe de la technologie.

 

Faisons donc l’impasse sur les précautions d’usage et autres limitations de garantie du petit bijou que je viens de m’offrir, pour se renseigner sur ses différentes fonctions.

Il y a ainsi un chapitre intitulé, en gros et en gras : "EXPLICATION DE CHACUN DES MODES".

La curiosité me brûle.

En fait, il n’y a qu’un seul sous-paragraphe sobrement intitulé : 1- Mode heure, où j’apprends qu’il me suffit "de tirer sur la couronne A jusqu’au clic" puis de "tourner dans les deux sens pour régler l’heure". Avec un nouveau schéma, plus petit, pour me rappeler où se trouve l’unique bouton de ma montre. Des fois que ça m’ait échappé.

Un coup d’oeil sur les "CONDITIONS NORMALES D’UTILISATION" confirme, si je lis entre les (deux) lignes,  que mon nouvel achat ne sert ni à chronométrer, ni à  faire du café, et n’est pas bluetooth :

"Cette montre est conçue pour être portée au poignet (…). Elle sert à lire l’heure." C’est beau de s’instruire.

Rescapé

Mais qu’est-ce qui m’a pris. Voilà ce que c’est que d’avoir un sentimentalisme hypertrophié. On ouvre sa porte, on laisse s’incruster, et après on le regrette.

J’aurais dû le virer. N’importe qui à ma place l’aurait viré, direct. C’était un beau geste de le garder, un geste qui vient du coeur, mais après on le regrette. Qu’est-ce que je vais en faire ? Pourvu qu’il crève.

Ce n’aurait pas été le premier de son espèce à finir dehors, dans le froid, à agoniser sur un tas d’autres congénères plus ou moins jaunis et desséchés.

Oui mais voilà, cette année, c’est Raphaël qui a choisi le sapin de Noël. Il a choisi un Nordman assez grand (enfin, à mon goût), et surtout avec des racines. C’est à dire que le sapin est non pas coupé mais livré dans un petit pot, avec de la terre, et normalement des bouts de racine, encore que je vois mal comment un arbre peut survivre en ne pouvant étendre de racines que dans quelques litres de terre. Peut-être que ça sert juste à ce qu’il ne sèche pas trop vite ?

sapinJ’avais même acheté un sac à sapin, preuve de mon intention initiale de ne pas le conserver éternellement. Mais jeter à la poubelle un sapin encore vivant m’a fait l’effet d’un petit meurtre lâche. Petit, parce que des tas de plantes meurent tous les jours pour notre bon plaisir (c’est même peut-être un peu pour ça qu’elles sont sur Terre. Au tout début de la Genèse, Dieu donne bien à Adam toutes les plantes à graine et tous les arbres à fruit pour qu’il s’en nourrisse, hein… mais c’est une autre histoire) Lâche, parce que la victime ne se défend pas.

Alors une fois Noël terminé, une fois les décorations retirées, je lui ai donné sa chance. J’ai pris le plus gros pot à fleurs en ma possession et j’ai rempoté mon sapin sur mon petit balcon. Déjà, il est à l’étroit, c’est évident. Mon balcon est beaucoup moins large qu’un petit sapin de Noël. Mais il a un peu de terre et un peu de lumière. D’ailleurs, il fait aussi plus sombre chez moi, du coup.

Crotte de bique. Et s’il ne crève pas, je fais quoi ??….

Il y a des gens qui prêtent plus attention aux bêtes qu’aux gens. Moi, ça s’étend aux plantes.