« Barbotez-les tous »

grainedeviolenceC’est une zone de non-droit. Une jungle. Vous pouvez bousculer, malmener, arnaquer, et il y a de fortes chances que le crime reste impuni: les autorités ont depuis longtemps renoncé à démêler la plupart des affaires un peu louches. En cas de doute, elles se servent au passage et l’objet d’un litige est confisqué sans autre forme de procès.

Ça s’appelle une cour de récréation de maternelle.

Ne me demandez pas le détail, mais je pense que c’est à l’époque où j’en fréquentais une moi-même que j’ai dû décider qu’il était beaucoup plus intéressant et surtout moins dangereux de passer les récréations à jouer toute seule et à s’inventer des histoires que d’essayer de se faire des amis parmi cette bande de psychopathes. Choix discutable s’il en est.

Je viens de (re?) découvrir, à travers une mésaventure de Raphaël, qu’y règne aussi (déjà!!) une forme de snobisme, d’effets de mode :on y convoite des objets parfaitement inutiles (du moins à leur âge), uniquement pour le plaisir de posséder.

J’ai nommé les cartes Pokémon. trainerVous  connaissez un seul enfant de maternelle capable de jouer aux Pokémon, vous ? Le jeu est très complexe : il y a autant de règles que de cartes différentes. Plus de 150 cartes dans la série initiale, sans compter les nombreuses séries supplémentaires : "Forces Cachées", "Légendes Oubliées", "Gardiens de Cristal" "Fantômes Holon", et j’en passe. et la pochette annonce qu’il convient aux enfants "à partir de 10 ans".

Néanmoins, Raphaël en a réclamé, et s’en est fait offrir. Par son papa, ce qui fait que je ne connais toujours pas le prix exact de ces petites cartes colorées. Selon la rumeur, il serait particulièrement démesuré par rapport à la  nature et à la surface desdits bouts de carton.

Bref, Raphaël est parti à l’école avec quatre (ou six? Je n’étais pas présente au moment des faits) monstres de poche. Et en est revenu avec zéro.

"Il y a plein d’enfants qui m’en ont demandé, et maintenant, je n’en ai plus."

Et même :

"Il y avait des enfants qui m’ont dit qu’ils me donneraient d’autres cartes en échange, mais après, je me suis aperçu qu’ils ont menti".

DragoniteJ’ai interrogé l’animatrice du centre de loisirs, en fait parce qu’il m’était venu un doute : les cartes étaient peut-être interdites à l’école ?

"A l’école je ne sais pas. Ici, en tout cas, oui. Si je vois des enfants qui en ont, je les confisque pour les ajouter à ma propre collection, hi hi hi".

D’après elle, lorsqu’il y a des Pokémon dans les poches des enfants, c’est l’anarchie. Certains enfants ont zéro carte le matin et un joli petit tas le soir. Il y a des "donations" plus ou moins volontaires, des "prêts" qui deviennent des dons forcés. Au final, personne ne sait discerner ce qui était à qui au départ.

Je sais bien que c’est en se faisant arnaquer à 4 ans, ou en croyant se faire des amis en offrant des jouets, ou en faisant des marchés plus ou moins avantageux alors qu’on fréquente les petites écoles, qu’on prend aussi quelques leçons qui ne font pas forcément partie du programme officiel...

3 Comments

  1. K Says:

    Ca commence tôt je trouve la jungle des cours de récréation !! Petit, je n’ai jamais eu ce genre de situation. Ah si sauf une fois pour une coupe du monde où on avait tous fait un album panini. C’était sympa de s’échanger les cartes. L’ambiance était cool. Notre époque était différente.

  2. Natacha Says:

    J’ai moi aussi l’impression d’avoir vécu à une autre époque… pourtant c’était il n’y a pas si longtemps que ça. C’est peut-être une question de millénaire ?

  3. Letesle Says:

    Moi je me rappelle très bien que je m’étais fait piquer mon insigne de 1ère étoile au retour des vacances de ski. J’étais vraiment dégoûtée :’o( Ah là là, sans les enfants, les écoles seraient plus agréables à vivre…

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