Archive for the ‘Objection !’ Category

Cent cinquante lignes

Il y a des moments où je me demande si mon boulot d’élue a une si grande utilité.

L’autre jour, je me suis retrouvée seule représentante des parents d’élève au dernier conseil d’école. Logiquement, c’est moi qui aurais dû rédiger le compte-rendu (car il faut un compte rendu, pour que les  autres parents d’élève soient un peu informés de ce qui s’y est passé). Mais la directrice était trrrrès pressée d’avoir le document et m’a donné le choix entre la laisser le faire ou le lui rendre dans un délai ridiculement court. Donc, je l’ai laissée faire.

Résultat : un coup de téléphone embarrassé de la directrice hier, en plein coup de feu.  J’adore ça, quand je suis déjà débordée, me retrouver au téléphone avec quelqu’un qui met un quart d’heure à tourner autour du pot pour dire des choses simples : Ah oui mais alors, elle était tellement pressée de le finir, ce compte-rendu, qu’elle a fait les choses un tout petit peu à l’envers. Voyez-vous, au lieu de le soumettre à tout le monde (notamment à moi) avant de le diffuser, elle a malencontreusement oublié de me demander mon avis avant de tout photocopier.

Résultat : Raphaël a ramené de l’école une jolie chemise avec 150 compte-rendus, que j’ai  autographés un par un hier soir pour qu’ils puissent être rendus ce matin.

Bizarre, d’ailleurs, le compte-rendu. Par certains aspects, on aurait cru qu’il aurait été préparé à l’avance.  Du genre, il n’y avait aucune trace des remarques que j’avais pu faire pendant la réunion, ou des suggestions faites par les institutrices. Et il y avait même des choses qui n’avaient pas été dites ce soir là et qui s’y trouvaient quand même, dites donc.Mais ce n’est pas possible, bien sûr : j’ai même prêté à la directrice les notes prises pendant la réunion pour qu’elle puisse se souvenir de tout, c’est dire si elle avait tous les éléments pour écrire un machin fidèle et conforme à la réalité. C’est pas elle qui sous prétexte d’emploi du temps débordé, aurait eu l’idée, par exemple, de recopier ses notes de préparation de la réunion.

Cette fois-ci, je me suis fait mettre au pied du mur : vu le délai, j’étais obligée soit de tout parapher, soit de faire un esclandre (et retarder tout le monde) pour quelques ajouts ou omissions qui, au fond, ne changent pas la face du monde.

Ben oui, j’ai beau être une élue à haute teneur en candeur naïve de novice, il faut bien le reconnaître : si je veux vraiment que les choses soient faites au carré, il faudrait que j’y mette ma patte avec un peu plus de sérieux.

"Either lead, follow, or get out of the way"...

Vision d’horreur

Que serait-il advenu du spam si Internet n’avait jamais existé ? Comment les laboratoires auraient-ils tenté d’écouler leur faux Viagra et contrefaçons de Rolex? Que se passerait-il si les spammeurs téléphoniques faisaient équipe avec les spammeurs mails?

C’est triste à dire, mais vous recevriez des douzaines d’appel par jour de ce genre là :

Dring ! Dring! Vous décrochez. Ca raccroche. On vient juste de vérifier que vous êtes là.

alf_au_telephoneDring ! Dring! Vous décrochez : "Allô !" Voix enjouée : "Allô, vous êtes Madame Tchouing ?" Vous (soupirant) : "Cinn, enfin, bon… oui, c’est moi." Voix au débit mécanique, mais néanmoins enjoué : "Madame Tchouing, vous avez une chance EXTRAORDINAIRE, vous avez été sélectionnée pour  gagner une invitation pour vous rendre à notre institut Machin le 12 juin à 11h pour allonger votre pénis / acheter un faux sac qui ressemble à un vrai/régler tous vos problèmes d’argent/jouer dans un casino merveilleux" (rayer les mentions inutiles… à la réflexion, elles le sont toutes).

Vous (pour la centième fois de la journée) : "Merci, mais je ne suis pas intéressée".

La voix enjouée : "Et si je vous proposais, là, comme ça, d’être diplômée d’un MBA d’une université américaine prestigieuse sans avoir à ouvrir un seul bouquin?"

Vous : "Non, non, merci, vraiment."

La voix enjouée : "Alors vous avez certainement besoin du très perfectionné logiciel A-Daube Photoshop CS3, qui vous permet de peindre ce que vous voulez sur des cadres vidéos, et ce pour un prix dérisoire puisque…"

Votre ligne : "Biiiiip-biiiiiiip-biiiiiip"

Merci mon Dieu, ils se limitent au mail.

Pour l’instant.

Travaux en cours, espace à vendre?

Le mail d’accroche était très flatteur au départ. Des gens ont exprimé "un vif intérêt" pour mon site (sic!). On veut même me payer. Hourra ! Allelluia ! Je suis reconnue pour mon immense talent littéraire et pour mon oeuvre immortelle. La Pleïade, me voilà ! Ah non, c’est pas pour être éditée ? C’est pour faire quoi ? Ah… des campagnes de pub ?

Le principe est simple. A ma droite, des annonceurs qui cherchent un créneau dans le vent pour se faire entendre : "visibilité, trafic et transformation".  A ma gauche, des bloggeurs réguliers, déjà bien installés, "Leaders d’opinion, experts dans leur domaine d’activité, consommateurs/utilisateurs avertis, animateurs d’une communauté autour de leur site… ils sont tous validés [par nos soins] en raison de la pertinence de leur profil et de l’intérêt de leur blog", qui disposent donc d’un espace où un public a ses habitudes et vient lire/regarder avec intérêt et disponibilité d’esprit. Un mariage parfait. Le réseau de l’un servirait le message de l’autre.

pannoAlors j’ai réfléchi. "relayer" une campagne médiatique. Pour 5 euros (c’est le prix minimum ), offrir à un annonceur un espace publicitaire qui doit obligatoirement rester intact sans limitation de durée (Bin non, on n’a pas le droit de modifier ou de supprimer un article publié). Et surtout, perdre une partie de la liberté que j’ai à écrire, puisque mes articles devraient être approuvés avant d’être rémunérés. Un "bouche à oreille", mais sans spontanéité, un buzz orchestré, une spontanéité feinte, une rumeur artificielle, dont je serais l’actrice.

Dès que j’aurais accumulé 100 euros, je pourrai être payée "à 45 jours". Je pense qu’à ce propos, il faudrait vérifier si les annonceurs, eux, doivent payer d’avance, car si c’est le cas il y a baleine sous gravier.

 

Il y a un système de parrainage, où l’on est rémunéré selon les gains de ses filleuls lorsque l’on a réussi à faire inscrire une connaissance au même réseau. Je ne sais pas, ça m’a toujours mise mal à l’aise, ces systèmes là.  Comme si on chosifiait une connaissance, comme si on instrumentalisait un rapport humain. Comme si le rapport que l’on a avec quelqu’un perdait de sa pureté en devenant en partie une affaire de sous. Mais oui, vous avez sûrement raison, c’est sûrement vrai, tout le monde y gagne. Bin oui, mais ça me chiffonne quand même sérieusement.

Il semblerait, qu’ils disent, que ma ligne éditoriale soit tout à fait dans la problématique des annonceurs. J’ai demandé des précisions par mail. Devinez de quoi on m’a parlé ? Mode et déco. Je défie quiconque de trouver sur ce blog un seul article de déco et/ou plus de trois articles qui parleraient de vêtements. Non, vraiment, je doute fort d’être une "experte en conso" pour quoi que ce soit qui soit vendable. Et surtout j’ai eu cette vision. Internet ne serait plus qu’un immense espace publicitaire. Il n’y avait plus un seul contenu qui ne chercherait pas à vendre quelque chose. Non seulement on filtrerait des centaines de spams par jour. Non seulement à chaque page de surf, on aurait des pop-ups et des pops-under, sans compter ces écrans qui viennent se placer devant la page que vous voulez lire et qu’il faut fermer avant d’arriver au contenu lui-même. Mais en plus, lorsque vous auriez fermé tous les écrans parasites, lorsque vous vous sentiriez enfin un peu détendu, un peu réceptif (c’est justement ce qu’ils cherchent), vous retrouveriez dans vos blogs préférés les mêmes marques qu’on vous a déjà martelées ailleurs. Impossible de savoir si le bloggeur écrit parce qu’il a vraiment aimé, ou parce qu’il a besoin de ses 5 euros.    Un Net écoeurant, parasite, saturé. On en est peut-être presque là, mais je n’ai pas eu envie d’y contribuer. Vraiment pas.

Et vous ?…….

Plagiat

copiteurJe me suis aperçue avec surprise que certains articles de mon blog étaient recopiés tels quels sur au moins une autre page.

C’est d’un goût exquis. Sous le mot-clé "lactation", deux de mes articles, compactés en un gros blog indigeste, sans image et sans saut de ligne, avec en décor de fond  des publicités croustillantes pour des sites de jeu de hasard ou pornographiques. Bref, le Net dans ce qu’il a de plus classieux. D’ailleurs, qui est-ce que je côtoie avec ce mot-clé ? Des articles de blog très champêtres. Granges, vaches laitières irlandaises, etc.

Il n’y a évidemment aucun lien vers mon blog.

Qu’y faire ?

Sur le conseil de Ralphy, (qui m’explique que "en fait, il utilise le contenu de blogs tiers pour créer des pages satellites sur son site afin d’améliorer son référencement sur les moteurs de recherche."), j’ai contacté l’hébergeur (néerlandais!) et le propriétaire du site, sans grand espoir et sans réponse jusqu’ici. J’ai aussi fait signe à Canalblog -après tout, c’est elle qui touche les recettes publicitaires des sponsors qu’elle met sur mon blog-, sans résultat non plus. Il existe, semble t’il, un mode d’emploi pour ce genre d’activités juteuses (s’il s’agit du même type de mécanisme, ce dont je ne suis pas sûre)

Sur Canalblog, on ne peut pas (du moins avec le service gratuit que j’utilise) bloquer les flux RSS, mais seulement les limiter aux premières lignes des articles.

Et voilà pourquoi, dans votre aggrégateur de blogs préféré, vous ne pouvez plus lire mes articles en entier…

Attente floue

attenteC’était un rendez-vous important. J’ai dû accélérer le pas pour arriver à l’heure. J’entre, me présente à sa secrétaire, m’assois… Et elle m’a fait attendre plus de deux heures. Oui, mais voilà, j’avais pris ce rendez-vous depuis un moment déjà, et il me fallait cette prescription pour de nouvelles lunettes.

Et puis il y a une tendance très humaine d’aller jusqu’au bout de ce que l’on a commencé, il y a même des stratégies commerciales finaudes qui se basent là-dessus (il y a un terme technique pour ça, du genre "pied dans la porte" mais il m’échappe) : on commence par vous faire miroiter quelque chose comme conséquence d’un acte simple ("Juliette, 21 ans, 95C, veut vous parler, cliquez ici pour lui répondre en direct live, peut-être même qu’elle branchera sa webcam") puis par ajouter petit à petit des obstacles (une première page où on vous demande votre e-mail, puis une seconde où on vous demande si vous voulez vous inscrire au site pour trois, six ou douze mois, sachant qu’il y a une réduction de 15% si vous signez pour un an).

C’est aussi la raison pour laquelle, si vous avez à prendre le bus et qu’il est en retard, le fait de savoir que le bus peut arriver d’un moment à l’autre et que vous avez déjà attendu 5, 10 ou 15 minutes, fait que vous continuez à attendre au lieu de vous mettre en route à pied, même pour un trajet de 15 minutes.

Bref, je suis restée. Certes, j’aurais pu partir en claquant la porte, reprendre une autre date, libérer une autre demi-journée… mais je suis restée. Attendre trois semaines de plus pour mon ordonnance, ça commençait à faire beaucoup. floue

Lorsque mon tour a fini par arriver, j’ai fait remarquer à l’ophtalmo, mine de rien, que l’attente avait été longue. Elle ne s’est pas excusée, et a simplement dit que de cette manière, elle ne perdait pas de temps si un patient se décommandait à la dernière minute.

Surbooking ? Passif-aggressivité ? J’ai détesté cette explication : ce n’était pas une maladresse d’organisation ponctuelle, mais un choix délibéré, partant du postulat que le temps de la praticienne est précieux et que les patients (c’est bien le terme) n’ont rien d’autre à faire de la journée que de lire des revues people dans une salle d’attente. Il vaut mieux qu’il perdent tous entre une heure et demie et deux heures et demie, que l’ophtalmologique perde un petit quart d’heure.

C’était il y a plusieurs années.

Et là, il me faut des nouvelles lunettes, puisque les miennes ont rendu l’âme, comme je l’expliquais dans le billet précédent. Cette fois-ci, j’ai choisi de voter avec mes yeux (puisqu’il ne faut pas voter avec ses pieds), et de me faire conseiller une autre crèmerie.

Je le vois la semaine prochaine. Il paraît même qu’il est beau gosse.

Les math-ernelles

Ce billet est destiné aux plus bossedesmatheux d’entre vous, si possible avec des connaissances en parapsychologie et en maths très très modernes ecoliere Imaginez que vous êtes la personne qui va décider des règles concernant les effectifs du système scolaire. Ainsi, vous devez décider : 1) quel est le nombre maximum d’élèves dans une classe : n 2) à partir de combien d’élèves par classe au total on a le droit d’ouvrir une nouvelle classe : n’

Et bien tenez-vous bien, je viens de découvrir que n’ est supérieur à n.

Pour parler plus concrètement : imaginez que vous êtes une directrice d’école maternelle qui a le droit d’avoir 32 élèves par classe maxi (et c’est déjà beaucoup). Or, si vous avez 133 élèves dans votre école, vous avez le droit d’ouvrir 5 classes. Si vous avez 132 élèves, vous n’avez le droit d’en ouvrir que quatre.

Dans le cas où vous avez 133 élèves, tout va bien. La moyenne est de 26,6 élèves par classe, et tout ce que vous aurez à faire, c’est d’utiliser cette petite marge pour décider, en fonction des effectifs, combien de classes de chaque niveau vous aurez, et si éventuellement vous vous lancez dans l’aventure des classes de double niveau.

lyceens_en_colereOui, mais si vous avez 132 élèves, vous n’avez droit qu’à quatre classes. Quatre classes de 132 élèves, ça fait 33 élèves par classe. Quatre classes de 32 élèves, ça fait… 128 enfants.

Autrement dit, soit vous acceptez d’avoir 33 élèves par classe, et vous êtes dans l’illégalité, soit vous mettez quatre enfants à la porte (après tout, l’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans, les parents n’ont qu’à garder leurs gosses chez eux).

Chez nous, on a de la chance, on est au-dessus des 133 cette année encore. Mais j’avoue qu’il y a là un système de calcul qui m’échappe.

Il paraît que l’argument n°1 pour justifier ce calcul est que dans les petites classes, les enfants ne sont jamais là en même temps (épidémies de rhino-pharyngite à répétition, varicelles et autres cataclysmes parentaux, sans parler des vacances prises hors saison).  

Donc l’école ne fonctionne bien que quand tout le monde n’est pas là.

C’est d’une logique imparable.  Il faut adapter le fonctionnement d’une structure au risque d’absentéisme des uns et des autres. Donc, si vous trouvez qu’un organisme public quelconque souffre d’un fort taux d’absentéisme de ses effectifs, rassurez-vous : il devrait très vite faire l’objet d’un recrutement massif.

(nota : renseignements pris, la logique de comptage bancal est exactement la même pour des élèves de lycée, donc ça sent le prétexte).

(tout ça pour dire aussi que ça me paraît ridicule. Tant qu’à faire les radins, pourquoi ne pas dire directement qu’on a le droit de mettre 33 enfants dans une classe ? Il y a là sûrement des enjeux qui me sont inconnus).

Le monde est beau.

« Barbotez-les tous »

grainedeviolenceC’est une zone de non-droit. Une jungle. Vous pouvez bousculer, malmener, arnaquer, et il y a de fortes chances que le crime reste impuni: les autorités ont depuis longtemps renoncé à démêler la plupart des affaires un peu louches. En cas de doute, elles se servent au passage et l’objet d’un litige est confisqué sans autre forme de procès.

Ça s’appelle une cour de récréation de maternelle.

Ne me demandez pas le détail, mais je pense que c’est à l’époque où j’en fréquentais une moi-même que j’ai dû décider qu’il était beaucoup plus intéressant et surtout moins dangereux de passer les récréations à jouer toute seule et à s’inventer des histoires que d’essayer de se faire des amis parmi cette bande de psychopathes. Choix discutable s’il en est.

Je viens de (re?) découvrir, à travers une mésaventure de Raphaël, qu’y règne aussi (déjà!!) une forme de snobisme, d’effets de mode :on y convoite des objets parfaitement inutiles (du moins à leur âge), uniquement pour le plaisir de posséder.

J’ai nommé les cartes Pokémon. trainerVous  connaissez un seul enfant de maternelle capable de jouer aux Pokémon, vous ? Le jeu est très complexe : il y a autant de règles que de cartes différentes. Plus de 150 cartes dans la série initiale, sans compter les nombreuses séries supplémentaires : "Forces Cachées", "Légendes Oubliées", "Gardiens de Cristal" "Fantômes Holon", et j’en passe. et la pochette annonce qu’il convient aux enfants "à partir de 10 ans".

Néanmoins, Raphaël en a réclamé, et s’en est fait offrir. Par son papa, ce qui fait que je ne connais toujours pas le prix exact de ces petites cartes colorées. Selon la rumeur, il serait particulièrement démesuré par rapport à la  nature et à la surface desdits bouts de carton.

Bref, Raphaël est parti à l’école avec quatre (ou six? Je n’étais pas présente au moment des faits) monstres de poche. Et en est revenu avec zéro.

"Il y a plein d’enfants qui m’en ont demandé, et maintenant, je n’en ai plus."

Et même :

"Il y avait des enfants qui m’ont dit qu’ils me donneraient d’autres cartes en échange, mais après, je me suis aperçu qu’ils ont menti".

DragoniteJ’ai interrogé l’animatrice du centre de loisirs, en fait parce qu’il m’était venu un doute : les cartes étaient peut-être interdites à l’école ?

"A l’école je ne sais pas. Ici, en tout cas, oui. Si je vois des enfants qui en ont, je les confisque pour les ajouter à ma propre collection, hi hi hi".

D’après elle, lorsqu’il y a des Pokémon dans les poches des enfants, c’est l’anarchie. Certains enfants ont zéro carte le matin et un joli petit tas le soir. Il y a des "donations" plus ou moins volontaires, des "prêts" qui deviennent des dons forcés. Au final, personne ne sait discerner ce qui était à qui au départ.

Je sais bien que c’est en se faisant arnaquer à 4 ans, ou en croyant se faire des amis en offrant des jouets, ou en faisant des marchés plus ou moins avantageux alors qu’on fréquente les petites écoles, qu’on prend aussi quelques leçons qui ne font pas forcément partie du programme officiel...

Modèle de lettre d’amour

C’est un service que j’ai trouvé en ligne, sûrement en prévision de la Saint Valentin.

_critureIl y a de tout : si vous êtes un homme, une femme, si vous êtes un(e) ex, si vous "répondez positivement" ou "négativement" à des souhaits à l’occasion de la Saint Valentin, si vous écrivez à votre mari, à votre femme, à votre amant, à votre maîtresse (si!). Congratulations à l’occasion d’une "nuit inoubliable". Lettre d’adieu en fin de vie à votre conjoint. Des lettres à des personnes éloignées géographiquement. Des lettres en anglais. En espagnol. Des lettres d’amour après une dispute ("pour crever l’abcès"). Lettre d’une petite-fille à sa grand-mère qu’elle considère comme sa mère. Et même des lettres et des discours pour informer votre conjoint que vous l’avez trompé(e) (Un petit indice : la Saint Valentin n’est pas le jour le plus opportun pour ça).

Et tout ça est préformaté comme un modèle de lettre commerciale, écrit par une autre à votre place, avec ses phrases et non les vôtres.

Non, non, ne cherchez pas, je ne vous donnerai pas l’adresse, et puis de toute manière, je ne vous dirai même pas si les plumes choisies valent le détour ou si c’est une sombre escroquerie : c’est payant, et je ne tiens pas à les sponsoriser.

Qu’est-ce qui peut donc inciter quelqu’un à utiliser ce type de service ? D’accord, tout le monde n’est pas à l’aise au clavier ou à la plume, surtout pour parler de sentiments. Mais de là à faire appel à un "prêt-à-mailer"!.. Utiliser un modèle, je comprends que ça soit utile quand on veut contester une contravention, résilier un bail ou un abonnement internet. Mais là, je ne pige pas. Il vaut mieux être writingsincère que parfait dans ces cas là, non? Je ne sais pas, moi, faites un premier jet et faites appel à une âme charitable pour vous relire et corriger les fautes d’orthographe. Il y a des gens qui aiment ça, corriger la copie d’autrui. Si, si.

On peut ne pas être sûr de soi, et penser que les mots d’une autre seront plus adroits que les siens. Mais dans ce cas, si ça ne ressemble pas à votre style habituel, la supercherie ne sera t’elle pas évidente pour le ou la destinataire ?  Mettez-vous à sa place. Quelqu’un qui vous envoie, par exemple, une lettre d’amour, sans prendre le temps de l’écrire lui-même, ça ne vous ferait pas hésiter entre le rire un peu apitoyé et l’agacement d’être considéré(e) comme une "affaire à traiter" ?…

Ne desespérons pas. Ce n’est pas parce qu’il y a une offre qu’il y a une demande, hein. Demandez à Souris Blonde.

Rapporteur !

"Cornélie m’a dit : Claryse a fait une bêtise! Alors je lui ai dit : ce n’est pas à toi de gronder ta soeur. Et j’ai puni les deux, celle qui a fait une bêtise et celle qui me l’a dit. Pas de rapporteuse chez nous." Est-ce qu’on est les seuls, nous, les français, à avoir une allergie à la dénonciation ? J’ai l’impression que dans l’inconscient général, celui qui dénonce quelque chose s’assimile forcément à celui qui dénonçait des juifs sous Vichy.

Autrement dit, le rapporteur, c’est forcément 1) quelqu’un qui soumet lâchement un innocent à une punition abominable, et 2) un complice de l’Etat, ou du moins d’une autorité forcément injuste, arbitraire, tyrannique et oppressive.

Alors on fait quoi, quand on a été élevée comme Claryse et Cornélie, quand on voit quelques années plus tard un petit camarade battu, un autre petit camarade victime de racket? Quand on voit encore plus tard un(e) autre camarade victime de violences, un autre qui vole dans les magasins et un qui se pique en douce ? Quand on a, encore plus tard, des connaissances qui fraudent le Fisc ou qui maltraitent le Code de la Route ? Un petit voisin victime de maltraitance ? Un individu qui vous menace de mort ? Un patron-voyou qui colle un avertissement à sa salariée parce qu’elle a osé présenter un arrêt maladie de 3 jours ? Ou tout simplement si vous êtes coincé chez vous parce qu’un petit malin s’est garé devant votre sortie de parking ?

On la ferme. On a appris qu’on ne fait pas justice soi-même (on ne "gronde" pas l’autre), et qu’on ne s’en remet pas à une autorité supérieure plus forte que soi pour régler le problème.

On laisse la pauvre victime potentielle (la Mafia, par exemple) se livrer à ses affaires personnelles qui ne nous regardent pas. L’Etat est un infâme empêcheur de tourner en rond, et ceux qui le grugent sont des héros.  Alors on laisse faire, c’est pas nos oignons.

…..Vive les délateurs !

SOS à la chaîne

En lettres majuscules, sur un bout de papier pâlement coloré : "Bonjour, je suis sans abri, j’ai deux enfants. Si vous avez bon coeur, aidez-moi avec tout ce que vous pouvez s’il vous plaît. Dieu vous bénisse.Remettez le papier SVP. Un euro, deux euros ou un ticket restaurant."  Ceux qui prennent les transports en commun connaissent le système : on vous pose le petit papier en face de vous sans vous regarder et on revient chercher plus tard ce que vous y avez déposé (en récupérant le papier au passage, ça va resservir). Le système est plus autiste que celui qui consiste à s’adresser à la cantonade dans le wagon, plus accessible à un non francophone aussi. Et moins fatigant.

Oui, mais c’est le deuxième en dix minutes. Avec exactement le même bout de papier, le même format et le même texte. Par exemple, ils ont tous les deux deux enfants.

Du coup, ça devient moins crédible, la mendicité industrielle.

SOS ou pêche aux poires ? …Sûrement un peu entre les deux.