Archive for avril 28th, 2008

Travaux en cours, espace à vendre?

Le mail d’accroche était très flatteur au départ. Des gens ont exprimé "un vif intérêt" pour mon site (sic!). On veut même me payer. Hourra ! Allelluia ! Je suis reconnue pour mon immense talent littéraire et pour mon oeuvre immortelle. La Pleïade, me voilà ! Ah non, c’est pas pour être éditée ? C’est pour faire quoi ? Ah… des campagnes de pub ?

Le principe est simple. A ma droite, des annonceurs qui cherchent un créneau dans le vent pour se faire entendre : "visibilité, trafic et transformation".  A ma gauche, des bloggeurs réguliers, déjà bien installés, "Leaders d’opinion, experts dans leur domaine d’activité, consommateurs/utilisateurs avertis, animateurs d’une communauté autour de leur site… ils sont tous validés [par nos soins] en raison de la pertinence de leur profil et de l’intérêt de leur blog", qui disposent donc d’un espace où un public a ses habitudes et vient lire/regarder avec intérêt et disponibilité d’esprit. Un mariage parfait. Le réseau de l’un servirait le message de l’autre.

pannoAlors j’ai réfléchi. "relayer" une campagne médiatique. Pour 5 euros (c’est le prix minimum ), offrir à un annonceur un espace publicitaire qui doit obligatoirement rester intact sans limitation de durée (Bin non, on n’a pas le droit de modifier ou de supprimer un article publié). Et surtout, perdre une partie de la liberté que j’ai à écrire, puisque mes articles devraient être approuvés avant d’être rémunérés. Un "bouche à oreille", mais sans spontanéité, un buzz orchestré, une spontanéité feinte, une rumeur artificielle, dont je serais l’actrice.

Dès que j’aurais accumulé 100 euros, je pourrai être payée "à 45 jours". Je pense qu’à ce propos, il faudrait vérifier si les annonceurs, eux, doivent payer d’avance, car si c’est le cas il y a baleine sous gravier.

 

Il y a un système de parrainage, où l’on est rémunéré selon les gains de ses filleuls lorsque l’on a réussi à faire inscrire une connaissance au même réseau. Je ne sais pas, ça m’a toujours mise mal à l’aise, ces systèmes là.  Comme si on chosifiait une connaissance, comme si on instrumentalisait un rapport humain. Comme si le rapport que l’on a avec quelqu’un perdait de sa pureté en devenant en partie une affaire de sous. Mais oui, vous avez sûrement raison, c’est sûrement vrai, tout le monde y gagne. Bin oui, mais ça me chiffonne quand même sérieusement.

Il semblerait, qu’ils disent, que ma ligne éditoriale soit tout à fait dans la problématique des annonceurs. J’ai demandé des précisions par mail. Devinez de quoi on m’a parlé ? Mode et déco. Je défie quiconque de trouver sur ce blog un seul article de déco et/ou plus de trois articles qui parleraient de vêtements. Non, vraiment, je doute fort d’être une "experte en conso" pour quoi que ce soit qui soit vendable. Et surtout j’ai eu cette vision. Internet ne serait plus qu’un immense espace publicitaire. Il n’y avait plus un seul contenu qui ne chercherait pas à vendre quelque chose. Non seulement on filtrerait des centaines de spams par jour. Non seulement à chaque page de surf, on aurait des pop-ups et des pops-under, sans compter ces écrans qui viennent se placer devant la page que vous voulez lire et qu’il faut fermer avant d’arriver au contenu lui-même. Mais en plus, lorsque vous auriez fermé tous les écrans parasites, lorsque vous vous sentiriez enfin un peu détendu, un peu réceptif (c’est justement ce qu’ils cherchent), vous retrouveriez dans vos blogs préférés les mêmes marques qu’on vous a déjà martelées ailleurs. Impossible de savoir si le bloggeur écrit parce qu’il a vraiment aimé, ou parce qu’il a besoin de ses 5 euros.    Un Net écoeurant, parasite, saturé. On en est peut-être presque là, mais je n’ai pas eu envie d’y contribuer. Vraiment pas.

Et vous ?…….