Archive for mars 18th, 2008

TC sans PC

Si on vous dit "service des urgences", vous pensez quoi ?emerg

1) des blouses blanches affairées et stressées qui courent dans tous les sens, prélèvent du sang pour des NFS et autres contrôles de routines, perfusent, diagnostiquent, sauvent des vies ; des couloirs encombrés de blessés ensanglantés ou de TS miraculées, attendant patiemment que les médecins aient le temps d’examiner leur cas. De préférence avec Georges Clooney dans les parages.

ou

2) un espace de jeu où un petit garçon en pleine forme fait du coloriage, avant d’aller faire du trampoline sur un brancard et de rigoler quand l’interne l’examine parce que ça le chatouille ?

C’est pourtant la seconde version à laquelle j’ai eu droit ce week-end.

Quoi de plus absurde que d’aller aux urgences alors qu’on est en pleine forme ?

Je vous raconte.

fontaine_zen_decoTout est parti de la visite chez Tata (oui, la même qu’hier). Tata vit en célibataire, mais est néanmoins extrêmement bien équipée pour une visite de neveux/nièces en bas âge. Mention spéciale pour sa batterie de jeux éducatifs (ordinateur portable, fontaine japonaise zen conçue sans aucun doute pour que les enfants s’exercent à empiler les petits galets dans les tubes en bambou, lampe ronde fascinante qui change de couleur dans le noir) et pour son canapé aux nombreux coussins assortis.

Ledit canapé et lesdits coussins servent à construire divers jeux éducatifs. Château avec remparts. Caverne où on se cache. Voiture. Et surtout, surtout, une invention de Raphaël appelée, je vous le donne en mille : "la Machine à Pas Beaucoup d’Equilibre".

Je suis sûre que vous commencez à entrevoir où je veux en venir.

La machine en question consiste en un empilement de plusieurs gros coussins. Et on en tombe finalement assez facilement.

Techniquement, il s’est agi d’un Traumatisme Crânien sans Perte de Connaissance. Mais comme Raphaël se plaignait d’avoir mal "sur toute la Terre entière" (à dire en gémissant pitoyablement et en se frottant toute la tête) et surtout parce qu’il a vomi juste après l’incident, il était nécessaire de vérifier que rien de grave ne se passait sous cette tête blonde, pardon, ce crâne blond.

A part ça, il était en pleine forme. Nous avons au total passé deux heures et demie au service des urgences (il ne faut pas être pressé dans ce genre d’endroit), pour un temps total d’examen de 10 minutes environ (5 par l’infirmière et 5 par l’interne) et Raphaël ne s’est pas ennuyé un instant.

D’abord, il y avait plein de jeux pour les enfants dans la salle d’attente : miroir déformant, machine à faire des coloriages électroniques, labyrinthe, table à dessins, et j’en passe.

Ensuite, la salle où l’on a attendu l’interne était vraiment marrante. Un lit qui monte et qui descend, des appareillages et des tuyaux partout, un lavabo magique qui verse de l’eau quand on met la main dessous, bref, plein de trucs intéressants à voir et à se faire expliquer.

droopyEt puis est enfin arrivé l’interne, un jeune homme qui, pour une fois, ressemblait à un médecin urgentiste. A savoir qu’il avait l’air totalement, complètement endormi. L’air de quelqu’un qu’on a tiré du lit de force à trois heures du matin et qui n’a pas encore eu son café. L’air de quelqu’un qui termine une garde de week-end et qui n’a pas dormi depuis 50 heures. L’air de Droopy qui aurait pris un sédatif.

Une ou deux vérifications de routine ("Marche un peu…? Bien. Tu as mal? Pas très beaucoup? Ah, tu es très intelligent, toi."), des instructions marmonnées pour la suite des choses ("Bon, faut le surveiller, qu’il vomisse pas, tout ça."), et c’était fini.

Cet hôpital là, ça vaut bien un square, pour les jours de pluie.